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Ivo a mis les voiles, la BD d’une recherche
Titre : Ivo a mis les voiles
Auteurs : Nicolaï Pinheïro (scénario et dessins), d’après le livre de Mauro Pinheiro
Éditeur : Sarbacane
Année : 2023
Pages : 160
Résumé de l’histoire d’une recherche le long de la côte brésilienne :
1989, la nuit, une chambre à Rio de Janeiro. Pedro, allongé sur son lit, repense à la mort d’Ivo, quelque part au Nord du Brésil, loin de Rio.
Quelques mois plus tôt, sur une route, Ivo s’arrête au bar Sénégal pour prendre un verre.
Quand Pedro se réveille, il a pris une décision : partir sur les traces d’Ivo pour comprendre ce qui lui est arrivé. Il n’a qu’une piste, l’avis de décès établi à Belem et une carte postale d’Ivo envoyé de Porto Seguro. Cela suffit à Pedro pour démarrer son voyage…
Le scénario à deux niveaux:
L’histoire suit une seule direction, mais à deux époques différentes. Alors que Pedro remonte vers le Nord afin de trouver des traces d’Ivo et de comprendre ce qui lui est arrivé, nous suivons également Ivo, plusieurs mois auparavant, sur la même route, lancé dans un trajet dont il ignore le but. Les deux hommes se suivent sur la route et dans le temps.
Au fur et à mesure de ce récit à deux temporalités, Ivo se rappelle à certains moments son passé présenté en flashbacks.
Mais pourtant, ces temporalités qui se multiplient ne nous perdent jamais, et bien au contraire, elles permettent des scènes touchantes, magiques, impossibles ailleurs que dans une fiction visuelle, comme ce moment où Pedro s’arrête dans un bar, alors qu’Ivo en repart, un endroit, deux hommes, deux moments normalement inconciliables.
Alors qu’Ivo est renvoyé à sa propre vie lors de son voyage, Pedro est envoyé vers la vie, grâce aux rencontres faites sur la route. Des occasions qu’il suivra, d’autres qu’il déclinera, car son but reste de saisir, de cerner ce personnage mystérieux qu’est Ivo.
Cette BD, tirée d’un roman, nous offre un road-movie à deux vitesses, où avancent des personnages avec leurs mystères, leurs sourires, leurs vies.
Le récit est découpé en petites parties, toutes introduites, ou conclues par une page présentant une photo 7×9 d’un personnage, avec son histoire résumée en quelques lignes. Une manière de découvrir des gens croisés plus ou moins rapidement sur la route.
Au-delà de la quête des deux hommes, cette BD rend un bel hommage au peuple du Brésil, que l’on découvre par le regard de ces deux voyageurs, soit toute une galerie de personnages secondaires, tertiaires, compagnons de route de plusieurs chapitres ou personnalités croisées le temps de quelques cases qui nous dessinent une autre carte du pays, une carte humaine qui contraste avec cette carte géographique que Pedro annote de petits dessins comme repère.
Le dessin ensoleillé :
Un graphisme réaliste, aux traits fins. Des décors allant des petites cahutes aux grands espaces, des plages de sable fins aux haciendas des grands propriétaires. Tout cela tracé avec légèreté. Nicolaï Pinheiro se permet même un jeu subtil avec les décors. Parfois dessinés avec les traits de contour et parfois sans. Souvent, pour mettre en avant un personnage, l’auteur utilise la suppression des traits de contours, créant comme une mise au point sur un visage, laissant le décor dans le flou. Un effet discret qui fonctionne très bien.
Les couleurs créent une ambiance chaude, ce soleil un peu écrasant qui est rendu par une majorité de teintes ocres. Même la pluie et le ciel couvert ne suffisent pas à faire oublier cette chaleur.
Que les événements soient drôles, légers, dramatiques, étonnants, le climat reste le même, comme si le Brésil restait unique malgré toutes ces vies qui l’habitent, comme si le soleil n’avait cure des drames humains…
Conclusion d’une BD qui avance:
Ce récit tout en finesse nous entraîne dans un voyage sur plusieurs niveaux temporels. On s’attache rapidement aux différents personnages, de Ivo à Pedro, et surtout, on prend conscience d’un Brésil multiple et immense.
Zéda croise Pedro.