jeudi 25 avril 2024

Offrez-nous un café

Les Yokaï débarquent au FIBD 2022

Le festival d’Angoulême 2022 propose une exposition consacrée à Shigeru Mizuki au musée

Photo de Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
Mizuki jeune…

Bonjour,

La route a été longue. Après un festival annulé l’année dernière, la mise en place du FIBD 2022 suivi de l’annonce de son report indéterminé, puis d’une date en mars, finalement confirmée, on était à deux doigts de ne pas voir notre grand festival deux années de suite.

Fort de la confirmation de l’événement, je me suis rendu sur place, pour 7BD, afin de couvrir une partie de cet événement tellement riche.

Et je ne pouvais pas ne pas vous parler de l’exposition Shigeru Mizuki ! Si vous ne connaissez pas ce mangaka, sachez que ce grand dessinateur né en 1922 nous a quittés en 2015.

Photo planches de Mizuki, se dessinant jeune, exposition Mizuki Angoulême 2022
Les vies de Mizuki au travers de ses mangas !

Comme tout auteur Japonais à la carrière longue, il nous a laissé un nombre d’histoires incalculable. Mais on le connaît surtout pour son amour du folklore des Yokaïs.

Yokaï, c’est le nom générique donné aux créatures surnaturelles japonaises, bonnes ou mauvaises.

Mizuki, outre des histoires mettant en scène tout ce folklore, comme NonNonBa ou Kitaro le repoussant, nous a aussi laissé un magnifique dictionnaire illustré des Yokaï.

Photo de planches, Kitaro et autres Yokaï, exposition Mizuki Angoulême 2022
Un doigt anonyme pour pointer une planche pleine de Yokaï !

En effet, cet auteur infatigable a parcouru le Japon pour trouver ces légendes, et il a compilé le fruit de ses recherches dans un dictionnaire classant les Yokaï de manière alphabétique.

Je ne peux que vous recommander fortement de lire cet ouvrage, autant pour ses magnifiques illustrations noir et blanc que pour ces articles décrivant les différents Yokaï, leur réputation, ainsi que les légendes plus ou moins proches récoltées à travers tout le Japon.

Photo planche de Nonnonba de Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
Un oeil sur Nonnonba, une histoire émouvante de Mizuki.

Angoulême a donc décidé de rendre hommage à cet auteur avec une belle exposition placée dans le musée d’Angoulême, en compagnie de celle consacrée à René Goscinny.

La première idée qui m’est venue, c’est que comme cela avait été fait parfois pour d’autres expositions, le FIBD allait nous proposer de visiter les autres ailes du musée en ayant parsemé des Yokaï de Mizuki entre les os de mammouth et les tableaux de peintre renommés pour nous donner l’occasion d’une sorte de parcours magique.

Photo de planche fantastique de Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
Mizuki parle de Kitaro !

Mais ce ne fut pas le cas et j’ai dû me contenter de l’expo classique, mais quelle exposition ! J’ai parcouru l’oeuvre (enfin, une partie) de Mizuki grâce à des planches originales, des reproductions, de magnifiques dessins encadrés et des textes fort instructifs sur cet auteur moins connu que l’incontournable Tezuka.

Une des choses qui m’a frappé au premier abord, c’est le contraste entre ces décors hyperréalistes, ces feuilles qui semblent sortir du cadre, à qui il ne manque que la couleur, et ces personnages caricaturaux, souvent presque cartoons. Et pourtant, passé la première surprise, je me suis fait très vite à ce style.

Photo de la galerie regroupant des dessins couleurs de Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
Une galerie de dessins couleurs, paysage hallucinant de réalisme

L’exposition, intitulée « contes d’une vie fantastique », se décomposait en plusieurs parties. Tout d’abord, l’enfance, où j’ai pu découvrir des dessins de Mizuki jeune, adolescent, jusqu’à ses débuts dans le manga. Une carrière déjà riche, et un talent impressionnant.

Suit alors une partie sur le témoignage, où l’on découvre les récits de Mizuki sur la guerre – car il s’est retrouvé sur le front du Pacifique et y a perdu un bras -, ainsi que sur sa propre vie. Il se met en scène dans une autobiographie sortie en trois volumes chez Cornélius, ainsi que dans des histoires parlant de sa vieillesse.

Photo de planches de Mizuki sur la seconde guerre mondiale, exposition Mizuki Angoulême 2022
Témoignage dur sur la guerre du pacifique que Mizuki a vécue

Et arrive ensuite, bien sûr, Yokaï et bestiaire folklorique, imaginaire si riche de Mizuki. Après tout, c’est aussi en grande partie cet aspect de sa carrière qui lui a apporté la renommée.

Et l’on découvre que le fantastique hante Mizuki depuis longtemps, ou bien que l’auteur hante le fantastique. A mon grand étonnement, dans ses histoires anciennes, on retrouve les personnages qui seront présents bien plus tard dans sa série phare, à savoir Kitaro et Ratichon.

Photo planches horrifiques de Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
Épouvante au cœur de l’œuvre de Mizuki

Comme je vous le disais au départ, il serait trop long de lister toutes les œuvres de Mizuki. Parcourir son univers ainsi, en déambulant dans une exposition, découvrir ses planches est sans doute le plus beau des voyages à faire dans son univers.

En effet, dans la multitude des pages d’un Manga, on se rend compte que Mizuki a trouvé son style assez rapidement, et qu’il s’y est tenu. en témoignent ces planches issues du même manga et réalisées dans deux styles différents. L’autre plaisir est de s’arrêter sur une planche, et regarder de pus près, essayer de comprendre comment ces dessins ont été réalisés. Et profiter d’un détail qui vous frappe.

Je suis resté fasciné par cette pierre dressée, dessin de 1966, extrait du « Mystère des traces de Pas ». Comment réaliser ce pointillé, ce rendu si réaliste ? J’en ai même oublié de prendre la photo… C’est vous dire. Et aujourd’hui, je m’interroge encore.

Par contre, tout aussi hypnotique et plus inquiétant, cet œil fascinant, créature issu d’on ne sait où, Yokaï ou œil de Caïn dans la tombe ?

Photo de l'oeil angoissant par Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
un oeil qui vous suit tout au long de l’expo, ou presque…

Plus loin, c’est une double page provenant d’un carnet de dessins, où s’étale une forêt, tracée rapidement et colorée à l’aquarelle, datant de 1949 pour « la Bataille de Rabaul ». Simplicité du trait, magie des couleurs…

Photo des carnets à dessins de Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
Les pages issus des carnets à dessins de Mizuki

Je pourrai continuer longtemps comme cela mais il y a d’autres événements à évoquer sur ce festival 2022, donc, je ne vais pas aller plus avant.

Heureusement, si vous avez raté l’exposition, un catalogue existe. On pouvait le prendre sur place. Mais, pour le commander après coup, les frais de port se révèlent malheureusement assez conséquents, compter une dizaine d’euros en plus du prix du livre. Et l’impossibilité de passer par votre libraire préféré pour lancer la commande.

Photo du catalogue de l'expo"contes d'une vie fantastique" Shigeru Mizuki, exposition Mizuki Angoulême 2022
La couverture du catalogue, un travail de qualité.

Il ne nous reste alors que notre mémoire pour se rappeler de ces feuilles suspendues au mur, ces quelques traces d’un talent hors norme, et l’espoir qu’un Yokaï vienne facétieusement déposer devant votre porte un catalogue en souvenir de celui qui a pointé les ombres où ces créatures ancestrales résidaient…

Photo d'un dessin représentant Mizuki et ses créations, exposition Mizuki Angoulême 2022
le cortège diurne des cent Yokaï de Mizuki !

David

Fais découvrir cet article à tes amis
David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

Laisser un commentaire

Ces articles pourraient vous plaire

Restons connectés 😉

3,489FansLike
415FollowersSuivre
146FollowersSuivre

Derniers Articles