1718, la fin de l’ère de la piraterie pointe le bout de son nez, suivez Sylla et ses hommes vers l’apothéose de leur combat à bord de leur navire La République du Crâne, risquer leurs vies pour rester libres !
Titre: La République du Crâne
Scénario: Vincent Brugeas
Dessin: Ronan Toulhoat
Couleurs: Ronan Toulhoat
Éditions: Dargaud
Année: 2022
Nombres de pages: 196
Sommaire de l'article
Résumé de La République du Crâne de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat aux éditions Dargaud:
Juillet 1718, Le capitaine pirate Sylla, offre à son second Olivier de Vannes, leur dernière prise de navire. Tout juste rebaptisé Le Fortune, l’équipage tombe sur l’Esperanza, un navire qui semble à la dérive. Mais nos pirates vont vite s’apercevoir que le navire est en fait aux mains d’anciens esclaves qui se sont libérés en tuant l’équipage du négrier. Mené par leur reine Maryam, nos pirates décident de les mener à Providence, leur quartier général, et de leur offrir d’intégrer le peuple pirate…
La vérité derrière la légende…
Le scénario de Vincent Brugeas, aborde le thème de la piraterie avec un axe original, d’abord en choisissant un contexte particulier (la fin de l’ère de la piraterie). Mais également, en abordant une réflexion sur les légendes associées aux pirates. Sont-ils aussi sanguinaires et cruels qu’on l’imagine? Etaient-ils aussi libres qu’on le disait? S’appuyant en partie sur les réflexions d’Olivier de Vannes, le second du capitaine Sylla, qui note au sein de son livre de bord ses mémoires, (en s’adressant à son futur bourreau imaginaire) dans un échange des plus savoureux, le récit apporte une vraie réflexion sur l’imaginaire associé aux pirates.
C’est donc une approche peu banale ou se mêle action et introspection, avec une multitude de thèmes abordés par nos protagonistes, comme leurs images déformées, volontairement ou non. La liberté, la volonté de se soustraire à une forme d’esclavage sociale, mais aussi l’esclavage insoutenable dont les Africains ont été victime.
De multiples rebondissements vont survenir sur près de 200 pages, entre prises de navires, bataille navales ou encore la confrontation des différentes sensibilités au sein de la communauté pirate afin de décider de leur avenir. Apportant un très bon équilibre entre réflexion et scènes d’action.
Par ailleurs, les personnages ont une écriture assez fine, loin des stéréotypes qu’on aurait put imaginer. Il sera parfois difficile de démêler le vrai du faux, entres objectifs collectif ou personnel, certains mystères ne se résolvant qu’à la fin du récit… Les dialogues sont efficace et représentent bien les différentes sensibilités au sein de cette communauté, d’ailleurs le phrasé des personnages évite les éventuelles formulation d’époque pour avoir un ton et une grammaire contemporaine et des plus appréciable.
Finalement, on peut y voir une approche politique de la vie, avec en toile de fond une critique acerbe de la société de cette époque.
Enfin, la narration est très agréable et fluide. L’enchainement des scènes d’action avec les moments plus calme de réflexion se fait naturellement, mais la tension dû aux navires de guerre anglais à leur trousses est toujours palpable et rythme parfaitement le récit.
Du bon Toulhoat aux crayons!
Ronan Toulhoat, l’habituel binôme de Vincent Brugeas, livre un travail remarquable.
Les bateaux et environnements sont superbes. Le dessinateur fait l’étalage de son impressionnante maitrise des navires de l’époque avec des pages tout bonnement époustouflantes. Le soin apporté aux détails des navires ravira tous les aficionados de l’univers marin notamment de cette période.
Du coté des personnages, même si on ne retrouve pas la maestria qu’on lui connaissait sur Ira Deï, cela reste de l’excellent travail. Les personnages sont pour la plupart charismatiques (on pense en particulier à la reine Maryam).
Son trait est toujours aussi dynamique et sa mise en scène toujours autant maitrisée. les scènes d’action comme les moments de contemplations sont réussi, avec en particulier des scènes de combats maritimes impressionnantes en terme de cadrage et de mise en scène.
Ses couleurs sont efficaces avec de belles ambiances, notamment les planches sur les phases de navigations où les couleurs se font plus douces comme pour souligner l’atmosphère particulière de la traversée avec ces navires fendant les flots.
Mon avis sur La République du crâne de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat:
Un récit épique, dynamique et intelligent, alternant batailles dantesques et réflexions avec son approche centrée sur l’aspect démocratique des règles de vie au sein de ces navires au pavillon noir où chaque voix compte. La liberté au sens le plus large comme devise, quitte à mourir pour cela, est un thème fort, universel et accrocheur, happant le lecteur dès les premières pages pour ne plus le lâcher qu’à la fin du tome.
Un vrai coup de cœur, par un des binôme les plus doués de sa génération, et qui une fois de plus tape dans le mille avec cette histoire de piraterie.
A noter, l’important travail réalisé par les auteurs afin de retranscrire le contexte avec le plus de fidélité possible, et notamment en faisant apparaitre en début de volume un texte explicatif sur la situation à cette période, et en fin de volume un texte plus conséquent de Fadi El Hage passionnant, pour qui s’intéresse à la piraterie de cette époque charnière.
A très vite.
geek_o_mat