Sommaire de l'article
Le syndrome de l’iceberg, la BD d’un retour pour un autre départ



Titre : Le syndrome de l’iceberg
Auteurs : Paul Rey (scénario et dessin)
Éditeur : Sarbacane
Collection : –
Année : 2023
Pages : 192
Résumé d’une BD d’anticipation, mais pas que :
Hiver 2055, Silicon Valley. Ezra a reçu un appel de son père qui lui demande de venir l’aider. Le jeune homme hésite, les relations familiales ne sont pas au beau fixe. Mais finalement, il prend une semaine et se rend à Marseille pour retrouver son père. En arrivant, il ne s’attend pas à être impliqué d’une manière personnelle dans l’apparition du syndrome de l’iceberg…
Le scénario d’un récit jouant sur plusieurs touches:
Paul Rey nous offre une très belle histoire. On s’attache rapidement aux personnages et cette quête éperdue dans laquelle Ezra est obligé de se lancer nous tient en haleine, tout autant que savoir ce que le jeune homme va faire de sa vie. En effet, stressé par la pression qu’on lui impose dans son entreprise de jeu vidéo, ce retour aux sources est aussi pour Ezra une manière cachée de couper les ponts avec le bureau. Mais la surprise qui l’attend à son arrivée à Marseille ne va pas vraiment le détendre.
Les choix du personnage tout au long du récit nous emmènent avec lui. On comprend son acceptation et son refus. Je ne détaille pas plus pour vous laisser le maximum de surprise sur le scénario, qui jongle habilement entre l’intime, le drame personnel, et l’enquête. On sent venir parfois certains éléments de l’intrigue, mais Paul Rey parvient toujours à nous surprendre.
Au-delà de cette investigation compliquée, de ces liens familiaux décousus, cette histoire est aussi une projection de notre monde dans une trentaine d’années, où l’on retrouve notre société, mais avec un développement plus poussé des assistants vocaux et de la domotique, un monde où les deux se mêlent. Un peu à l’image du film « Her » où l’intelligence artificielle du téléphone semble même pouvoir devenir votre amie, voire plus.
Cette BD reprend ce thème mais le traite d’une autre manière. S’appuyant sur des faits déjà existants, elle extrapole une évolution qui pourrait bien advenir. Ce qui la rend assez angoissante…



Le dessin, mélange de techniques:
Paul Rey nous offre non seulement une BD à l’intrigue passionnante, mais il nous propose un dessin très riche. En partant d’un style semi-réaliste, il ajoute de nombreuses hachures crayonnées, qui complètent les ombres et donnent une densité nerveuse au dessin. Ces hachures, qui débordent des cases – dont le contour n’est pas droit mais tremblant, presque fragile -, dynamise un récit dont une grande partie se déroule au quotidien. Ezra va voir son père, interroge des gens, remonte des pistes, s’interroge lui-même. Les personnages, souvent posés, vivent dans un monde au trait nerveux.
Les couleurs sombres ou claires sont renforcées par la texture qu’ajoute Paul Rey en fond. Une sorte de texture donnant du grain au papier.
Son trait apporte aussi à la représentation de la nature, une belle densité. Les lignes qui se mêlent pour former les rochers, les feuillages touffus des arbres et de la végétation, les nuages, tous ces éléments vivent et s’opposent aux tracés plus nets, plus droit des maisons et de la civilisation.
La composition soignée nous offre des cases variant dans leurs tailles, permettant de réunir ou isoler les personnages, de poser les décors où évolue Ezra, en l’immergeant à l’intérieur d’un large panorama ou en resserrant le cadre sur lui, plus proche des objets et surtout de ceux et celles qui l’entourent.
Conclusion d’une BD immersive:
Je ne peux que vous recommander de lire cette BD, qui a été pour moi une très bonne surprise, narrative autant que graphique. Paul Rey réalise un beau travail d’auteur et de dessinateur, qui provoque émotion et réflexion.
Zéda discute avec Ezra !


