Série: Dragon Head
Titre: tome 1
Auteurs: Minetaro Mochizuki
Éditeur: Pika édition
Type: Seinen
Année: 2010
Nombres de pages: 219
Dans le train en direction de Tokyo, un groupe d’élèves rentre de voyage. Une dernière occasion pour eux de se moquer du surveillant qu’ils surnomment « Tête de singe » et de passer un bon moment avant les examens qui approchent.
Malheureusement pour eux, ils vont être victimes d’un terrible accident.
Alors qu’ils rentrent dans un tunnel une secousse se fait sentir et le train déraille. L’accident est extrêmement brutal et violent.
Après ce choc, Téru un garçon de la classe 5 se réveille, coincé sous un fauteuil, dans le noir le plus complet. Il appelle à l’aide, mais personne ne répond. Un silence inquiétant règne dans le wagon.
Pourquoi personne ne répond à son appel?
Il parviendra finalement à s’extirper et découvrira avec stupeur et horreur que tous ses camarades sont morts. Le sol est recouvert de sang et le train n’est plus rempli que de cadavres.
Téru partira alors à la recherche de survivants, mais l’horreur et l’angoisse ne font que commencer…
La version que j’ai lue est la dernière éditée par Pika, en 2010. Dans cette édition, les dimensions du manga sont un peu plus grande que d’habitude. Sur la jaquette plastifiée, nous découvrons Téru, l’air horrifié. Nous pouvons de suite le voir dans son regard et aux gouttes de sueur sur son visage. Le titre « Dragon Head » et l’illustration du personnage sont en relief sur la jaquette, ce qui est toujours un petit plus, apporté à une édition.
Sous la jaquette plastifiée, la couverture cartonnée représente un autre survivant, tâché de sang et lui aussi avec une expression de frayeur sur son visage.
Nous n’avons pas commencé à lire l’histoire que nous sentons déjà la pression monter…
Les 12 premières pages de cette édition sont sur papier glacé et en couleur. Une des premières images nous plonge immédiatement dans l’ambiance. Sur une double page, nous découvrons un wagon où gisent des corps sans vie, dans un désordre et un chaos certain.
Et puis l’auteur revient sur un moment plus léger, un moment où tout se passe bien dans le train, avant l’accident.
Ce passage d’introduction est rapide et le déraillement du train arrive assez vite dans l’histoire.
A partir de là, Minetaro Mochizuki, l’auteur, mettra en scène l’horreur. Mais surtout il fera un travail énorme sur la psychologie des survivants.
Comment réagirions-nous dans ce genre de situation? Entouré des cadavres de nos amis, blessé, fatigué, enfermé dans un tunnel, sans aucune sortie… enterré vivant!
L’auteur met aussi un mystère en place autour de l’origine de la catastrophe. Il évoque un situation d’urgence et les personnages ne savent pas si des secours viendront à leur rescousse.
Alors comment réagirions nous dans ce genre de situation? Ne sachant pas si des secours viendront pour nous, ne sachant pas si nous aurons suffisamment de nourriture et d’eau pour survivre.
La survie! Un autre thème de ce manga.
A partir de quel moment l’instinct de survie prend-il le dessus sur la raison?
Au bout de combien de temps une personne peut-elle craquer?
Et l’auteur aborde tour à tour ces sujets, mêlant l’horreur, l’angoisse, la phobie et laissant finalement peu de place à l’espoir.
Un huis-clos vraiment haletant qui tient le lecteur de bout en bout.
Pour mettre tout cela en image et afin que le lecteur s’identifie plus facilement et se sente rapidement impliqué, le dessin est dans un style réaliste. Les personnages sont un groupe scolaire de jeunes adolescents, ce qui en plus rajoute à l’émotion.
Le dessin est assez sombre et permet de ressentir le manque de lumière qui règne dans ce tunnel sans issue. Le seul éclairage sera un briquet ou encore une lampe torche. Au delà de ces sources lumineuses, l’obscurité est reine.
Si on s’attache ensuite aux personnages, les expressions du visages sont claires. Comme nous le voyons sur la jaquette par exemple, nous ressentons souvent la peur, la terreur et l’angoisse dans les yeux des personnages. Parfois nos pouvons sentir le doute en eux, nous voyons qu’ils sont perdus, qu’ils ne savent pas comment faire face à cette situation. Qui le saurait?!
Le découpage aussi joue un rôle important dans ce manga. L’auteur alterne plusieurs sortes de cases, de différentes tailles avec parfois des pleine-pages ou des doubles pages pour mettre en avant un événement ou une découverte importante.
L’auteur réalise beaucoup de gros plans, allant parfois jusqu’à « zoomer » pour ne s’attarder que sur un oeil, un regard. Et à d’autres moment, il fait l’inverse et prend des plans très larges où le personnage est petit au milieu d’un décor chaotique et obscur.
Et pour finir, Minetaro Mochizuki a également su créer une ambiance. Au travers des onomatopées, il met en scène des bruits. Dans l’obscurité et le silence, nous pouvons presque entendre des grincements de ferraille du train, des éboulement de roche du tunnel ou des couinements venus d’on ne sait où. De quoi faire sursauter et s’inquiéter les plus courageux.
« Ce jour-là, notre train, le train qui nous ramenait à Tokyo, eut un accident terrible…
Et à partir de ce moment précis…
C’est comme si ma vie était entrée dans un univers complètement inimaginable et effrayant… »
Vous l’aurez compris, dans ce manga Dragon Head, l’auteur a très vite réussi à créer une immersion. Il mélange les sentiments qui prennent aux tripes. Il fait appel à nos peurs les plus profondes. Le côté psychologique est vraiment superbement travaillé et pousse le lecteur à se poser tout un tas de questions, comme j’ai pu le faire à quelques reprises dans cette chronique.
Et ce n’est que le début, le premier tome d’une série de 10.
Et vous?
Avez-vous peur du noir?
Avez-vous peur d’être enfermé?
Avez-vous peur d’être oublié, abandonné et livré à vous même?
Agiriez-vous en héros ou bien seriez-vous complètement paniqué et incapable de réagir?