vendredi 29 mars 2024

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Corps et âme

Corps et âme Rue de Sèvres
Titre : Corps et âme
Dessins et couleurs : Jef
Scénario : Matz
Editeur : Rue de Sèvres
Année : 2016
Nombre de pages : 136
Adapté de d’un scénario original de Walter Hill

 

Résumé :

Frank Kitchen se réveille le corps et le visage entourés de bandages…
Il vient de subir la vengeance du Docteur…
Cela est « normal » car Frank est un tueur à gage efficace et discret donc beaucoup de monde peut lui en vouloir !
Et à priori, un de ses assassinats n’a pas plus à plus fort que lui…
Il est tombé dans un terrible traquenard qui lui vaut sa peine actuelle…

Après une période d’adaptation à sa nouvelle condition, il entreprend de trouver qui lui a fait ça.
Ainsi de manière méthodique, il va remonter jusqu’à la source pour enfin accomplir sa vengeance…

Mon avis : 

Comme chaque ouvrage des éditions Rue de Sèvres, celui-ci est encore une merveille et est de confection remarquable.

Cette BD se dénote par un graphisme hors du commun et l’équipe de scénaristes est vraiment exceptionnelle.
Succès garantie !
 
Et le trio Jef, Matz et Walter Hill n’en sont pas à leur première collaboration, ils ont également sorti aux éditions Rue de Sèvres le superbe ouvrage « Balles Perdues »

« La pire des vengeances n’est peut-être pas la mort… »

Cette phrase est la dernière du résumé du 4eme plat de couverture.
Elle illustre bien le contenu violent, surprenant, captivant de la BD.

Corps et âme Rue de Sèvres planche 3
Planche 3

 

Le dessin, les couleurs, la mise en scène, les effets :

Le dessin de Jef est très particulier mais splendide ! Chaque page ressemble à une œuvre d’art, de véritables tableaux en style réalisme !  On pourrait croire à des photos retouchées.
Son trait est fin, léger, souple, dynamique et très élégant.

Les mises en scène sont somptueuses, dignes des meilleurs films polar noir, avec de beaux détails notamment pour les portraits, mais aussi et bien sur les « backgrounds » !
 
Les perspectives sont parfaites, sans accrocs dans les proportions.
 
Les divers effets, et les jeux d’ombre et lumière subliment l’ouvrage ! Ils sont magnifiquement maitrisés et les effets d’estompe ou de vieillissement de couleur instaurent une ambiance malsaine, désagréable, à se croire continuellement dans les bas-fonds d’une société naturellement enclin à la violence, l’escroquerie, le crime… Toutes les pages de ce livre ont été réfléchies et travaillées minutieusement.
 
Pour moi, toutes ces planches sont de vrais bijoux graphiques, et en les lisant, il peut arriver, par moment, de se croire réellement en train de regarder un film, ou même carrément de se projeter dans l’histoire.
Chapeau !

Le scénario, le découpage :

Matz est un habitué du genre. Les histoires de tueur à gage, ça le connait et bien !
Une grande partie de son œuvre en fait référence… On aurait pu croire qu’il s’en lasserait… peut être…
 

Mais l’idée de script de Walter Hill a été tellement originale et novatrice dans le genre qu’il ne pouvait évidemment pas laisser filer cette occasion. (PS : Matz fait aussi de très belle BD autres que des thrillers noirs : voir Julio Popper par exemple !)
 
Cette enquête est vraiment très bien construite usant de flash-back à la sauce américaine, alternant rapidement de très belles techniques de cadrage typiques des films policier bien glauques (avec des gros plans, des plans américains, plans poitrines, très gros plans…), avec des dialogues tranchants et des personnages à fort caractères !!
 
Le découpage est aussi grandiose : de grandes cases aérées, avec toutes sorte de transition d’action à action, de scène à scène, etc…(voir l’art invisible), et quelques artifices bien placés (Pleines pages, vignettes sans bordures, cases débordantes sur d’autres…) et visuellement confortable.
 
La rigueur des bordures rectilignes contraste superbement avec le trait léger de Jef mais convient admirablement bien à la rudesse du scénario. Ce mélange est beau !
 
L’originalité de l’histoire vient donc du fait de casser des clichés comme le changement de sexe, l’homosexualité, la place de la femme dans une société machiste, etc…
Bref des sujets encore beaucoup trop tabous de nos jours…

Bon, finalement, notre « anti-héros » Frank Kitchen est plutôt canon en….
Oups j’en dis trop…
 

Corps et âme Rue de Sèvres planche 7
Planche 7

 

Ce thriller haletant est aussi évidemment prévu d’être adapté au cinéma par… Walter Hill lui-même !!
Le script est basé sur une histoire de Denis Hamill.
Les protagonistes devraient normalement être interprétés par Michelle Rodriguez dans le rôle du « gentil » et Sigourney Weaver dans le rôle du « méchant »…
Walter Hill aura quand même attendu 35 ans pour retrouver Sigourney Weaver dans un de ces longs métrages (après Alien).

Le film devrait s’appeler « Tomboy, A revenger’s tale » et devrait sortir d’ici 2017 dans les salles.

Ciao,
Yann

 
Les auteurs (Source Rue de Sèvres):

Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain. Il est connu pour ses films d’action aux allures de western. Il a notamment produit la série Alien, réalisé 48h avec Eddie Murphy et Nick Nolte, ou plus récemment le pilote de Deadwood. Deux de ses scénarii, Balles perdues et Corps et âmes, ont été adaptés chez Rue de sèvres en BD. Il vit à Los Angeles.

Jef est dessinateur et musicien. Il s’est tourné vers la BD après ses études de graphisme et a participé à plusieurs œuvres collectives. Il a adapté Flash ou le grand voyage aux éditions Des rond dans l’eau, et publié une biographie de Jim Morrison. Il collabore chez Rue de Sèvres avec Matz, sur des scénarii du cinéaste Walter Hill. Il vit près de Lyon.

Matz est né en France mais à grandi en Martinique. Il écrit pour la bande déssinée depuis 20 ans, en paralléle de son métier de scénariste pour le jeu vidéo. Il est notamment le scénariste du Tueur chez Casterman. Il collabore chez Rue de Sèvres avec Walter Hill au scénario, et avec les dessinateurs Jet et Leonard Chemineau (voir la chronique de Julio Popper). Il vit à Paris.

Et pour finir, une petite interview réalisée par nos amis de « un amour de BD » :


 

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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