mardi 16 avril 2024

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Pierre et le Loup

Titre : Pierre et le Loup
Auteur : Miguelanxo PRADO (d’après l’oeuvre originale de Serge Prokofiev)
Editions : Casterman
Date : 1995
Nombre de pages : 36

Pierre et son grand-père vivent à la lisière de la forêt. Dans la forêt, sombre et touffue, se trouve un loup, féroce et vorace. Et ce loup, il inquiète bien fort le grand-père de Pierre qui lui défend d’entrer dans la forêt. Mais la curiosité de Pierre est bien plus forte que la sagesse de son grand-père.




Les contes ont ce pouvoir d’évocation qui donnent aux plus jeunes des souvenirs qu’ils garderont jusqu’à plus grands. L’exercice d’adaptation du conte à la bande dessinée est de fait aussi attrayant que malaisé, tant il est délicat de retranscrire en des vignettes la voix de nos parents teintées d’intonations elles-mêmes modelées par leurs propres souvenirs. Qu’il est malaisé également de donner aux vignettes une importance non trop grande, pour ne pas qu’elles se substituent au texte, qui est la trame, le fond, le fondement du conte, tout en les soignant néanmoins. Tel exercice relève PRADO avec brio. De son dessin, on ressent la modestie face à un conte bien plus grand que lui mais qu’il s’approprie avec justesse. Usant de toute son honnêteté intellectuelle, il nous offre une version doublement fidèle : fidèle à lui, tant on sent son trait, son cadrage et ses couleurs personnels ; fidèle à l’œuvre de Prokofiev, dont il conserve avec précision chaque caractéristique. Chaque case est une peinture miniature, le pinceau est touffu comme la forêt, lourd comme la nuit d’hiver, flou comme nos souvenirs endormis d’histoires racontées à la lueur des veilleuses. Les formes sont rondes, comme autant de tâches enfantines, mais les personnages sont pourtant fortement caractériels, en ce sens qu’en quelques pages, PRADO parvient à leur conférer une identité, assez vague pour que nos propres interprétations, nos propres images inconscientes, nos propres constructions imaginaires s’y associent ; mais assez fortes pour que chaque case vive. C’est sans doute bien cet aspect qui constituent l’atout marquant de l’œuvre de PRADO : en conservant la flexibilité de nos livres d’images tout en la mariant à des cadrages travaillés et bien plus précisés parce que plus découpés, il vient à donner un support plus intense à nos rêveries, image ce que nous n’imaginions que peu, tout en laissant, à la marge des vignettes, notre imagerie personnelle persévérer. Bel aveu de la puissance du conte dans la psyché, PRADO livre ici un album envoutant, à la hauteur d’un conte universel. 

TEXTE A REMPLACER

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