vendredi 19 avril 2024

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Graines de bandits de Yvon Roy

Graines de bandits de Yvon Roy aux éditions Rue de Sèvres
Titre : Graines de bandits
Scénario et dessins : Yvon Roy
Editions : Rue de Sèvres
Année : 2019
Nombre de pages : 182

Résumé de l’éditeur :


Nous sommes en Amérique et le calendrier affiche 1973. Par ici, la modernité vient tout juste d’arriver.
Pourtant, il suffit de s’éloigner de la ville de quelques centaines de kilomètres pour reculer de plusieurs décennies.
Tout est contraste, tout est neuf ou inexploré, tout semble possible.
C’est dans ce contexte que deux jeunes parents quittent la ville avec leurs deux fils pour s’installer en campagne dans le but avoué de fuir la modernité.
Cependant, rien ne se passe comme prévu et le climat familial se détériore rapidement.
La seule option pour les deux frères est de fuir. Fuir chaque jour les violences parentales vers les champs et les bois, pour s’inventer une autre existence.
Dans ce petit village perdu, à force d’aventures, de mauvais coups et d’amours d’été c’est toute la vie qui leur sera révélée.


Mon avis sur « Graines de bandits » :


Voici la deuxième BD éditée chez Rue de Sèvres, par ce talentueux illustrateur canadien qu’est Yvon Roy.
On lui doit notamment le splendide ouvrage sur l’autisme « les petites victoires » mais aussi l’adaptation en bande dessinée (en collaboration avec Jean-Blaise Djian) du célèbre roman « Agaguk » de Yves Thériault.
Ce nouveau récit se veut aussi autobiographique.

Graines de bandits de Yvon Roy aux éditions Rue de Sèvres page 7
Page 7 de la BD


Le scénario de « Graines de bandits »  :



Voilà un extrait de vie, d’une jeunesse qui n’est certainement pas des plus envieuses au cœur d’une Amérique profonde.
Yvon Roy a le chic pour nous présenter cette histoire de manière simple, légère, presque innocente, à travers les yeux de ces deux frères, mais qui cache de dures réalités d’adultes qui les dépassent.
Ainsi les deux enfants constatent, bien malgré eux, une dégradation dans la relation de leur parents. Et ils ne peuvent que subir.
Leur mère, étant allée de désillusions en désillusions, supporte difficilement sa condition et devient violente.
Leur père, de son côté, ne semble pas aller dans la bonne direction pour apaiser sa moitié.
Bien au contraire, sous prétexte d’intégration et probablement aussi pour fuir ses échecs successifs, il s’oriente vers une radicalisation religieuse.
Bref comment vivre son bel âge dans de telles conditions ? Et bien en s’échappant quotidiennement et en s’éloignant le plus possible du foyer familial…
Et ces évasions se feront évidemment avec toute l’insouciance et la créativité juvénile, quitte à multiplier les bêtises…
Ce scénario est superbement construit, bien cadencé et rythmé, et ne se veut en aucun cas moralisateur.
C’est une époque décrite presque basiquement avec les souvenirs qui ont marqué l’auteur.
Aucun parti n’est pris en regard de la responsabilité de la mère ou du père… Juste des faits.
Yvon Roy laisse élégamment le soin au lecteur de se faire sa propre opinion.
Du bel art !
Graines de bandits de Yvon Roy aux éditions Rue de Sèvres page 5
Page 5 de la BD

 

Le dessin de « Graines de bandits »:



Le dessin de cet opus est dans la droite lignée de ce que l’artiste a déjà réalisé avec « les petites victoires ».
C’est à dire un trait très élégant, souple et régulier.
L’ensemble est stylisé, épuré et propre.
Malgré cela les arrière-plans sont d’une grande efficacité. Ils sont travaillés au juste nécessaire pour bien poser l’ambiance.
Le choix des nuances de gris pour la colorisation s’imposait de facto pour évoquer du vécu et des souvenirs.
Cependant le travail des ombres et lumières, les dégradés et les aplats, est incroyablement bien réfléchi et maîtrisé pour donner cette sensation presque palpable de liberté, d’insouciance et de fraicheur de la nature environnante comme si nous le vivions à l’instant présent.
Le découpage est bien varié, alternant tantôt sept vignettes et à d’autres moments seulement trois, avec des cases de tailles et formes différentes mais superbement agencées pour maintenir une impression d’espace.
Les différents plans se succèdent merveilleusement bien et permettent de focaliser sur l’essentiel.
Les effets et artifices graphiques sont discrets et efficients.
Du bel art encore et toujours !
Graines de bandits de Yvon Roy aux éditions Rue de Sèvres page 9
Page 9 de la BD
Ce récit est fort poignant et sensible bien que je sois resté sur ma fin…. J’en espérais encore… Vivre une autre jeunesse….
C’est bien, c’est vivant, c’est beau et ça ne laisse surtout pas indifférent.
Bravo !

Ciao,
Yann
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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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