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Les Futurs de Liu Cixin, L’océan des rêves, la BD glaciale

Série : Les Futurs de Liu Cixin
Titre : L’océan des rêves
Auteurs : Rodolfo Santullo (scénario), Jok (dessins), Mey et Jok (couleurs) d’après une nouvelle de Liu Cixin
Éditeur : Delcourt
Collection : Neopolis
Année : 2023
Pages : 94
Résumé d’une histoire qui refroidit :
Lors d’un festival d’art de neige et de glace, Dong Yang travaille à une nouvelle sculpture de glace abstraite. Quand soudain, un objet tombe du ciel, en fait, un artiste du froid qui parcourt l’univers pour créer. Et la vision de l’œuvre de Dong Yang l’inspire. Il décide de sculpter à grande échelle, mais pour cela, il a besoin de glace. CA tombe bien, la terre regorge d’océan. Que ces océans soient source de vie et de survie pour l’humanité n’est pas important, puisque rien ne compte plus que l’art. L’humanité va-t-elle disparaître pour une sculpture galactique ?
Le scénario d’une vision absolue :
Cet alien artiste ne vit que pour l’art. Il doit créer, à tel point qu’il ne veut parler de rien d’autre. Et si on lui propose d’autres sujets de discussions, il envoie tout valdinguer et retourne à sa création. Le thème de cette nouvelle serait que l’on ne peut faire passer l’art avant tout ? On pourrait le penser, mais quel est la place de l’art dans notre monde ? Quel devrait être sa place ? En optant pour une contrainte extrême, l’art ne souffre aucune opposition, Liu Cixin nous amène à penser à ces questions. Il ne donne pas de réponse à ce sujet. Les humains de cette histoire sont préoccupés de leur survie et quand il faut vivre, on ne peut se perdre en création artistique. Il ressort que l’art ne serait nécessaire qu’une fois les besoins primordiaux satisfaits ? Mais peut-être que Liu Cixin nous parle d’autre chose. Nous prélevons dans la nature ce dont nous avons besoin pour créer, pierre, pigment végétaux ou animaux, papier… Sans nous soucier de ces milliers de vies que l’on ne perçoit pas. Nous sommes un peu comme cet artiste total, à une autre échelle. La conclusion de cette histoire ouvre aussi une autre porte. Une fois le drame passé, surmonté, la vie semble reprendre comme avant, avec ses festivals d’arts. L’homme ne retient-il vraiment rien de son histoire ? Peut-il faire l’impasse sur le vécu afin d’avancer ?
Autant de questions dont nous devrons trouver les réponses en notre for intérieur. Cette histoire, qui au départ m’avait paru assez simple, voire simpliste, de par son happy end, est en fait plus questionnante qu’il n’y paraît.
Ce sont les petits détails qui permettent de créer la richesse de ce récit, de ces réflexions sur l’art, l’homme et sa capacité de survie et de créer ?
Ne peut-on voir comme une œuvre d’art, une œuvre de l’imagination la solution trouvée pour sauver l’humanité ? Rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît dans cette histoire, ce qui en fait sa richesse.

Le dessin heurté :
Un trait épais, rugueux, utilisant les hachures et le noir apporte à cette BD une densité visuelle. Les visages à la serpe, ces ombres omniprésentes, ces nappes de fumées confèrent un aspect visuel particulier à cette histoire. Un aspect renforcé par le choix des couleurs. Ces ciel aux teintes rose-beige, ou violet pour la classique triple page de cette collection, des eaux noires mêlées de bleu léger, presque blanc, et les verts éclaires du sculpteur galactique. Le reste étant lais à des teintes plus réalistes. Ce contraste de ton permet de faire ressortir les changements d’ambiance, de lieu. L’obscurité qui englobe l’humanité reflète bien l’inquiétude devant cet artiste sans concession, venu d’ailleurs.
Les compositions des pages jouent beaucoup sur un découpage spécifique, des cases classiques, répartis autour, voire sur, un grand dessin occupant la planche ou la moitié de la planche. L’œil prend du recul puis s’enfonce dans les cases, ou l’inverse selon les compositions choisies par le dessinateur.
Conclusion d’une BD vaporeuse:
Une nouvelle adaptation de Liu Cixin pour cette collection en quinze tomes. Une histoire qui peut sembler simpliste mais en fait, qui soulève énormément de questions sur nous, notre rapport à l’art, la place de celui-ci dans notre monde.
Zéda rencontre Dong Yang.

David