Nouveau manfra (manga français) paru chez Vega-Dupuis, La Théorie du K.O. est un concentré de SF, d’écologie et d’arts martiaux. Une BD (un manga !) de folie, qui se lit en un clin d’œil et nous laisse trépignant d’impatience pour la suite !
Titre: La Théorie du K.O. – Tome 1 : Bienvenue à Bajara
Auteur : Mathieu Reynès
Éditions: Vega Dupuis
Année: 2023
Nombre de tomes : 1 – en cours
Nombres de pages: 190
Sommaire de l'article
Une vieille connaissance
Mathieu Reynès n’est pas un inconnu. Dessinateur de BD depuis 20 ans, il a un maudit paquet d’albums à son actif (plus de 30), dans des genres assez diversifiés. Pour ma part, j’ai croisé son travail pour la première fois dans Spirou, en tant que vieil abonné, avec La Mémoire de l’Eau, un diptyque fantastique tout à fait remarquable. Quelques temps plus tard, c’est la saga d’Harmony qui est venu garnir mes étagères de BD !
Une série de SF, assez « comics » où Reynès laisse libre cours à la puissance évocatrice de son dessin. Une série incroyable qui emporte le lecteur à la suite d’Harmony, une gamine aux pouvoirs télékinésiques très puissants, poursuivie par des offices gouvernementaux (pour simplifier).
Il y a une bonne dose de paranoïa dans cette histoire, une ambiance qui évoque Charlie de Stephen King, les X-Men et bien d’autres (et qu’on peut retrouver dans Stranger Things ou L’Institut (de King aussi), qui sont postérieurs à la BD)
Et maintenant, le manga !
Mathieu Reynès se dit « coincé »par le format BD à l’européenne et il désirait tenter le manga. C’est Vega (une filiale de Dupuis, éditrice d’Harmony) qui lui permet de donner le jour aujourd’hui à la Théorie du K.O. dont le tome 1 est sorti le 23 septembre.
D’un format un peu plus grand que le manga classique, un « mi-chemin » entre manga et BD, La Théorie du K.O. offre 184 pages d’une histoire époustouflante tout en énergie et en puissance.
Retour vers le futur présent
En extrapolant particulièrement sur les événements survenus durant la pandémie de Covid, l’auteur développe une histoire de science-fiction très crédible, où les laboratoires pharmaceutiques ont profité de l’aubaine pour asseoir leur pouvoir sur la population (pure extrapolation, évidemment) en imposant le port d’une puce électronique (le seed) qui détecte les virus avant même leur activation, assurant la santé aux citoyens. Cela ne va pas sans résistance et, en gros, deux modes de pensée totalement opposés scindent le monde en deux zones, l’une urbaine et policée, l’autre rurale et contestataire. C’est dans cette ambiance oppressante de politique-fiction bien campée que Reynès va présenter et faire évoluer une héroïne de type manga. (Plus ou moins, son caractère et sa force ne sont pas si éloignées de celle d’Harmony, l’auteur n’a certainement pas remisé ses thèmes de prédilection, et qui s’en plaindrait ?)
Du C.HA.O.S. au K.O.
Dans ce futur si proche, où des « écoterroristes » (les seuls qui peuvent se prévaloir de tenter de sauver la planète) ciblent les industries pharmaceutiques citées ci-dessus, Beck, une jeune fille élevée à l’écart de la société par un mystérieux sensei qui l’a initiée aux arts martiaux, se retrouve seule et se lance à la recherche de son mentor disparu. Elle débarque à Bajara, sorte de zone marchande, interlope, connue aussi pour ses fameuses compétitions de combats libres.
Ça tombe quand même assez bien qu’elle soit aussi balèze en arts martiaux 😉
Il va de soi qu’elle va entrer dans la compétition, ce qui va lui faire rencontrer d’intrigants protagonistes et la mettre sur la piste de son mentor, qui, elle va vite s’en apercevoir, cache plus d’un mystère.
On arrêtera là pour le compte-rendu de ce tome 1 pour éviter les spoilers, mais même si le scénario est somme toute très classique, il est surtout très solide et il emporte le lecteur à vitesse grand V dans une intrigue qui n’a qu’un seul (énorme) défaut : elle nous laisse sur notre faim au bout de ces 180 pages qui ont filé comme jamais !!! ON VEUT LA SUITE !!!
Puissance et fluidité
Non content de présenter un scénario exemplaire, notre jeune mangaka (et vieil auteur de BD 😛 ) donne ici libre cours à toute sa virtuosité graphique : les dessins sont à tomber ! Les personnages sont parfaitement définis, les combats fluides et lisibles, les décors soignés. Le parti-pris de l’éditeur de publier cet album dans un format un peu plus grand se justifie parfaitement par la précision et la qualité du trait. Plus petit, ç’aurait été du gâchis… Plus grand… Ç’aurait été plus cher et on l’aurait qualifié de « roman graphique » plutôt que de manga, mais je ne pense pas que ç’aurait été superflu, j’aurais été client 😉
Ne boudons pas notre plaisir : on a ici un tome d’une qualité exceptionnelle pour une histoire franchement enthousiasmante. Un must-have de première classe !
Grand merci à l’éditeur pour avoir adjoint une très belle galerie de personnages en pleines pages couleurs : un vrai régal !
Il ne reste plus qu’à espérer pour très vite un tome 2 de la Théorie du K.O. au niveau de ce fulgurant démarrage !!