mercredi 24 avril 2024

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Intégrale de Wonderland de Raven Gregory, Daniel Leister, Al Rio, Rick Bonk, Nei Ruffino et Thomas Mason chez Graph Zeppelin

Intégrale de Wonderland de Raven Gregory, Daniel Leister et Nei Ruffino chez Graph Zeppelin

Série : Wonderland Intégrale

Scénario : Raven Gregory
Dessins : Daniel Leister, Al Rio et Rick Bonk 
Couleurs : Nei Ruffino et Thomas Mason

Editions : Graph Zeppelin
Année : 2022
Nombre de pages : 544

Résumé de l’éditeur de « Wonderland Intégrale » :

Alice Liddell n’est plus la petite fille que vous connaissiez autrefois.
Des années se sont écoulées depuis qu’elle a fait son voyage au Pays des Merveilles.
Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, Alice semble avoir tout pour être heureuse.
Mais tout bascule le jour où sa fille adolescente, Caroll Ann, est à son tour happée par le miroir maléfique.
Le Pays des Merveilles, autrefois bucolique, a bien changé et c’est un monde plein d’horreurs et de folie qu’Alice va devoir redécouvrir pour sauver sa fille.

Intégrale de Wonderland de Raven Gregory, Daniel Leister et Nei Ruffino chez Graph Zeppelin page 42
Page 42 extraite de la BD

Mon avis sur « Wonderland Intégrale »  :

Qui n’a jamais vu, ou eu l’histoire d’Alice au Pays de Merveilles racontée dans son enfance ? 
Ce conte fabuleux narré aux heures du couché pour développer l’imaginaire du bambin afin qu’il rêve d’histoires épiques, douces et incroyables…
Et bien heureusement que le récit de Lewis Carroll va dans ce sens, car si vous vous basez sur l’interprétation de cette BD, soyez en sûr, les rêves seront plutôt de sacrés cauchemars façon univers monstrueux Lovecraftien !
Oui, ce comics est une œuvre fantasmagorique et horrifique, gore et macabre ! 
Ce livre rassemble la série des trois tomes « Retour au pays des merveilles », « Au-delà du pays des merveilles » et « Fuir le pays des merveilles ». 
Autant dire que le volume de cet album est bien conséquent avec pas moins de 540 pages environs. 
Le récit de Raven Gregory se situe donc après la fameuse histoire d’Alice.
Cette dernière devrait normalement avoir tout pour être heureuse, mariée, deux enfants, une belle maison etc.… mais elle ne l’est pas. 
Ayant survécu à une tentative de suicide quelques années auparavant, elle végète dans la maison, en l’état de presque catalepsie, avec pour seul réconfort un petit lapin domestique blanc…
Evidemment l’atmosphère familiale s’en est vue totalement dégradée, bien qu’un membre de la famille reste continuellement auprès d’Alice pour éviter la récidive…
Caroll, surnommée Calie, la fille, fait preuve de nonchalance et d’une certaine dépravation. 
Johnny le fils semble lui aussi perturbé sans trop savoir au début qu’elle pourrait être son « addiction »
Et enfin Lewis le mari a fini par se lasser et trompe ainsi Alice.
Vous allez me dire déjà « Bonjour le tableau ! », mais voyez-vous, ceci n’en est que l’infime petite introduction…
Intégrale de Wonderland de Raven Gregory, Daniel Leister et Nei Ruffino chez Graph Zeppelin page 47
Page 47 extraite de la BD
Tout va très vite se précipiter, et bien sûr encore empirer, lors que Calie (la fille donc, et aussi la véritable héroïne de l’histoire. Vous aurez remarqué au passage que Calie est l’anagramme de Alice) sera happée par « Wonderland ».
Un monde de folie, bien noir et lugubre, véritablement cauchemardesque, va se révéler, bien loin de l’univers enchanteur de la fable enfantine.
Le scénariste nous a concocté une incroyable fiction, mélangeant donc les genres littéraires, ponctuée de rebondissements infernaux et de secrets de famille bien tumultueux. 
Cela en devient fascinant, à tel point que l’on ne quitte plus l’album avant de l’avoir fini, comme si l’auteur nous avait lui aussi lancé un maléfice envoutant nous obligeant à assister à l’ensemble du spectacle jusqu’à son dénouement.
Ajoutez à cela de nombreuses références, de petits caméos, de messages subliminaux, de détails interpellant (à l’image de l’anagramme de Alice), etc.…, que les auteurs ont parsemé à foison dans les planches qu’il nous en serait probablement impossible de tous les énumérer.
Irrémédiablement notre cerveau s’en rappellera inconsciemment à l’histoire de Lewis Caroll, mais aussi aux songes de HP. Lovecraft, aux frayeurs de S. King etc… 
Bref du grand art dans le contrôle des détails. Cela promet des heures d’observation pour les lecteurs aguerris.
Intégrale de Wonderland de Raven Gregory, Daniel Leister et Nei Ruffino chez Graph Zeppelin page 41
Page 41 extraite de la BD

Côté dessin, c’est aussi d’une maîtrise ensorceleuse.
Les femmes dessinées sont toutes divines (ou presque…) répondant au cliché de l’idéal physique du commun des hommes (en bref elles ont des plastiques de rêves… (ou cauchemardesques selon le genre du lecteur ;-)))
Les personnages de Wonderland sont des plus inquiétants soit par leur monstruosité apparente, soit par leur perfection cachant les atrocités.
Vous aurez donc des frissons pour chaque rencontre des protagonistes de l’histoire originelle : Le chapelier, le chat du Cheshire, La reine de cœur, le lapin etc…
Les couleurs particulièrement chatoyantes et oniriques vous mettront étrangement mal à l’aise de par leurs saturations, contrastes, tonalités, et les dégradés presque parfaits.
Le trait des auteurs est fin, fluide, asservi, subjugué, rendant les expressions et les effets de surprise presque insoutenables.
La multitude des plans, des mises en scènes, et le rythme de leurs enchainements, associés au découpage chaotiquement structuré, contribuent sans aucuns doutes au sentiment d’angoisse et de désordre permanent.
Graph Zeppelin, comme à son habitude, nous gratifie aussi de superbes bonus en fin d’ouvrage avec des croquis, des exemples de story-board et/ou d’étapes de conception de la BD etc…
A la fermeture du pavé, on se demande finalement qui sont les plus fous : les récits, les auteurs qui les ont conçus, ou vous-même lecteur qui en êtes arrivé au bout.
Tout amateur de comics sanglant, dérangeant, pervers, psychopathe et autres, se doit de lire cette intégrale.
Par contre si la vue de sang ou les atmosphères effroyables ne sont pas votre tasse de thé, gardez-vous bien d’en parcourir les pages !
Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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