Série : Gaston Lagaffe
Titre: T0, Gaffes et Gadgets
Auteurs : Franquin & Jidéhem
Editeur : Dupuis
Année : 1985
Pages : 48
Résumé du tome zéro de Gaston Lagaffe
Mon avis sur Gaffes et Gadgets:
Je dois me fendre d’une grande vérité. Certes, Gaston n’est pas la première création de Franquin. Ce dernier a commis ses premiers dessins dans Plein Jeu, la revue catholique des scouts de Belgique en 1945 ou 46. Puis, il est entré dans l’équipe du journal de Spirou pour travailler sur la série Spirou et Fantasio et nous voilà en 1957, année où il crée le personnage de Gaston Lagaffe. C’est ainsi que démarre ce tome zéro avec, derrière sa couverture moderne nous présentant un Gaston dernière version, une introduction de Monsieur Boulier, le (tristement célèbre) comptable de la rédaction suivi du tout premier dessin mettant en scène Gaston. Une case composée de traces de pas, avec un jeune homme brun élancé portant une veste bleue et un nœud papillon rouge, qui se tient devant la porte de la rédaction de Spirou. Mais qui est-ce ? Mystère… Pas une ligne de présentation, pas de bulle, rien !
Des premiers pas dont les traces vont composer le cadre de notre héros. Et des premières histoires de cette BD mettant en scène un héros sans emploi. Un statut que Gaston va perdre rapidement puisqu’il va être affecté aux taches de bureau pour lesquelles il se révélera incompétent !
Notons que du point de vue du caractère, on retrouve assez vite le pas traînant, l’air rêveur qui caractérisera notre héros dans les années soixante. De même son pull vert, son jeans et ses chaussons. Mais du point de vue caractère, Gaston ne s’affirme pas comme le héros qu’il deviendra. Il fume, il a de l’ambition puisqu’il aspire à devenir un héros du journal et ne comprend pas qu’on ne lui trouve pas une place.
Mais il a déjà ce côté bricoleur et gaffeur, ça, on n’y peut rien, ce sont les gènes…
Ces premiers gags ne sont même pas des planches mais des dessins, horizontaux, ou verticaux avec des textes, des légendes voire muets. Leur point commun est cette bordure de pas bleus. Et là, se dessine déjà – c’est le cas de le dire – le talent de Franquin. Car en un dessin, il pose une situation, un gag, une chute !
Après les illustrations éparses parues dans le journal et perturbant sa bonne marche, Gaston vit sa première planche, un gag en une page ! Et surtout, cette BD inclut également le premier album de Gaston, un numéro incroyable en A5, où chaque gag fait donc une demi-planche. L’originalité de Gaston et de ce format ont créé la confusion. D’après les textes, on ne sait même plus quel fut le tirage de ce demi-format. Mais peu nous importe, puisque nous retrouvons avec plaisir Gaston batifolant à ne surtout pas faire ce que Fantasio lui demande.
Si le trait de Franquin n’a pas encore atteint son apothéose, il n’en reste pas moins bien vivant et porte les germes du dynamisme qui marquera le style de l’auteur. Les machines à écrire volent, les mains se coincent et les visages se cramoisissent, pestent, hurlent, crient et tentent de faire sortir Gaston de son flegme qui semble tout emprunté aux Britanniques.
Et parfois, ça marche !
Si l’on regarde bien, ce petit format n’est pas sans rappeler celui qu’adoptera Franquin pour un des tomes de ses Idées Noires. Alors finalement, pour reprendre une expression courante, la boucle est bouclée.
Vous avez toujours voulu savoir d’où venait Gaston enfin, plutôt, comment il a démarré dans la BD ? Trouvez ce tome zéro et dévorez-le. Vous aurez entre les mains les pages historiques de la naissance d’un héros-sans-emploi et de son passage dans le monde des héros employés.
Preuve de la réussite de ce modeste employé de bureau, aujourd’hui, Gaston est même exposé à la BPI de Beaubourg… en attendant de détrôner Hergé au Grand Palais !
Zéda et Gaston, première rencontre de deux héros sans emploi malgré les décennies qui les séparent !
David