vendredi 19 avril 2024

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La mémoire des siècles de Tyef

La mémoire des siecles Atypiques Edition
Titre : la mémoire des siècles
Dessin : Tyef
Scénario : Tyef
Éditeur : Atypique Éditions
Année : 2016
Nombre de pages : 48
Résumé :
 

Ethan, accompagné de forces spéciales de police, essaie de résonner son oncle hystérique qui s’est barricadé dans une vieille demeure… 
Le vieil homme clame qu’il va être assassiné le soir même, mais personne ne semble le croire. D’un coup les plombs sautent et tout le monde se retrouve dans l’obscurité. 
L’ensemble des personnes présentes s’endort presque instantanément sauf Ethan. A priori tout le monde a été drogué…
Ethan comprend alors que son oncle disait vrai. Il décide de le défendre. Il va donc se trouver confronté à l’assassin. 

Un jeune enfant armé apparait devant Ethan. 
L’intelligence de l’enfant est hors norme et il finit par le piéger.

Notre héros s’en sort et court sauver son oncle, et affronter le bambin.
Celui-ci lui révèle quelque chose d’incompréhensible. 

Il semble ne pas être la personne dite mais une des nombreuses réincarnations de Richard Torm, possédant la mémoire des siècles….

Ethan sauvera-t-il son oncle ?
Découvrira-t-il qui est vraiment ce gamin, et pourquoi parle-t-il ainsi ?
Y a-t-il un lien entre son oncle et l’enfant ?
Quel est son rôle dans cette affaire ?


Mon avis :

Voici un album où l’ingénieux Tyef prouve son talent à la fois de dessinateur (que nous connaissions déjà avec Nô aux éditions Atypiques aussi, et Sentience chez Y.I.L éditions) mais aussi et surtout de scénariste.
Cet album qui a muri pendant une bonne dizaine d’années, a été pré-publié en 2013 dans un fanzine mensuel nommé MBD.
Enfin Tyef explique cela bien mieux que moi sur son blog… 

Donc cet ouvrage est le second de cette jeune maison d’édition.  Atypique éditions a été créée par Lebra en 2014, mais existe « officiellement depuis janvier 2015″, et sa ligne éditoriale se dit franchir les lignes, jouer avec les règles et les codes habituels des genres. Bref, la notion de bien et de mal est toute relative dans les BD des éditions Atypique et toute morale peut être controversée.

Mais revenons-en à notre Graal.

La mémoire des siècles planche 3 Atypique editions
Planche 3


Le dessin, le style, les couleurs, la mise en scène, les effets :

Le dessin plutôt élaboré est dans un style semi-réaliste (à plus tendre vers le réalisme que le « semi »)…
Le trait épais et vif reste très soigné mais sait être parfois caricatural. Les détails sont suffisants et pas forcément trop développés, laissant ainsi la part belle aux effets.  

Ceux-ci, d’ailleurs, sont nombreux et s’imposent comme des évidences vu l’action continuelle et le caractère fantastique de l’histoire. Donc beaucoup d’onomatopée, des halos unis ou striés (simulant une vitesse, une colère etc…), un découpage en plusieurs cases d’une seule action (exemple une chute) donnant une belle impression de mouvement…
La mise en scène est superbement bien réalisée et permet de créer cette atmosphère dérangeante, inquiétante. Elle installe ce sentiment de mal-être au lecteur, dû à cette particularité des intrigues de thriller noir.
L’auteur joue aussi sur des couleurs en technique « clair-obscur » pour donner un côté sombre et maintenir un suspense justifié pour cette énigmatique enquête. Les couleurs sont donc tantôt vives, et tantôt ténébreuses avec beaucoup d’aplats.

La mémoire des siècles planche 8 Atypique editions
Planche 8

Le scénario, le découpage :

Cette BD s’impose plus, selon moi, sur le scénario et l’idée exploitée de la mémoire éternelle via des réincarnations….
Cette trame de base rend donc le récit plutôt étrange, ésotérique voire surnaturel mais qui ne va évidemment pas déplaire aux amateurs de thrillers fantastiques comme moi, dont le suspense est régulièrement maintenu.
L’intrigue est basée sur une dualité de personnages à caractères prononcés,  entre un « méchant » assassin à la personnalité particulièrement tranchée et le « héros » paraissant déconnecté et déconcerté mais qui sera finalement animé par un besoin de vengeance…
La narration est bien construite, habile, car au début tout semble obscur et au fur et à mesure de l’histoire, de rebondissement en rebondissement, le tableau s’éclaircit et nous permet de remettre en question nos acquis initiaux…
Le découpage est, quant à lui, aussi bien fait et travaillé. Le lecteur ne se perd absolument pas dans la lecture malgré un fil conducteur paraissant compliqué.
Les pages paraissent chargées mais sont bien organisées : Un coup avec un découpage classique et de nombreuses cases, souvent avec une trame de fond et quelques vignettes superposées, et parfois elles sont aérées avec de longues bulles horizontales ou verticales.
L’auteur use donc d’une multitude de techniques diverses et variées qui sont très divertissantes.
L’ensemble est particulièrement fantaisiste et sert sacrément bien le thème abordé de fiction temporelle mémorielle…

La mémoire des siècles planche 9 Atypique editions
Planche 9

Voilà donc une belle surprise dans ce vaste monde de la BD, et effectivement cet ouvrage ne laisse pas indifférent et ne porte pas de morales prononcées sur le bien et/ou le mal. 
Le tout peut paraître compliqué mais ce livre se lit tout de même bien et l’on passe un bon moment à se torturer les méninges !
J’ai aimé.
Je vous parlerai aussi prochainement de la première BD que cette petite maison d’édition a éditée : Nô.

Ciao,
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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