Scénario : Lebra
Dessins : Mankho
Editions : Atypique éditions
Année : 2017
Nombre de pages : 80
Résumé :
Dans un futur éloigné, les différentes « COMPANYs » gouvernent et dominent l’univers, et se livrent une guerre impitoyable.
Chacune des « COMPANY » possède un atout pour coloniser et asservir des peuples ou planètes : l’une possède la clé d’un bouclier indestructible, l’autre une arme surpuissante etc…
Cette suprématie technologique leurs permet donc d’assoir leurs emprises sur des colonies sous-développées.
Edja, jeune homme terrien portant continuellement une masque, se trouve sous le joug et aux ordres de la COMPANY X.
Le dirigeant de cette COMPANY le prend continuellement sous sa protection contrôlant ainsi certainement le véritable secret d’Edja.
Flashback dans les années 8888, qui virent la naissance d’un enfant élu, mais aussitôt déchu et maudit, de l’une des dernières tribus terriennes. Celui-ci, malgré sa déchéance accomplira sa prophétie.
Cet enfant n’était autre qu’Edja !
Mais le destin d’Edja ne s’arrêtera pas à cette divination…
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Comment dire…
Mon premier mot en recevant ce livre fut » Wouahou ! »
L’ouvrage que nous livrent les éditions Atypique, issue d’une belle campagne de financement participatif, est juste d’une qualité remarquable et bluffante !
La couverture de cette BD est simplement sublime, imprimée en ton direct avec aussi un marquage à chaud du titre donnant un effet relief juste sensationnel !
Bref en première approche, l’éditeur y a mis le paquet !
Le dessin :
Le dessin de Mankho est totalement vintage façon comics rétro des années 70-80 et n’a absolument rien à envier à tous ces talentueux dessinateurs d’antan
Ce côté vieillot dénote complètement de la couverture moderne présentée, mais pour le plus grand bonheur des amateurs de BD.
Les couleurs vives ressortent particulièrement bien grâce à l’impression en H-UV (Hybrid UV) des pages permettant un séchage instantané des feuilles imprimées sans modification du rendu d’impression contrairement aux impressions classiques UV. (Pour plus de précision je recommande cet article)
Le style réaliste est fortement appréciable et permet de se projeter facilement dans cette fiction. Les couleurs sont superbement choisies et renvoient l’effet sublimé d’impression en quadrichromie.
Les « backgrounds » ne sont pas surchargés, plutôt même épurés, mais suffisamment détaillés pour placer les contextes. L’efficacité rétro dans toute sa splendeur !
Les passages en « Flashback » sont sur des tons de bleus/gris et noir/blanc exprimant efficacement le passé.
Les effets et les mises en scènes sont maitrisés dans la parfaite lignée « oldies » chérie par les amateurs de comics ! (Avec de grosses onomatopées, des surcharges parfois des textes dans les bulles, des personnages ou objets chevauchant plusieurs vignettes, de belles perspectives, des alternances de plans à l’américaine, etc…)
Sous cet aspect kitch, mais en regard de la technologie employée pour l’impression, on devine un travail méticuleux de recherche et de méthode graphique afin d’imiter à la perfection le « old style » d’outre atlantique !
Cette BD est donc un régal visuel mais aussi un véritable bijou d’orfèvre vis à vis de l’objectif annoncé (Space Opéra en « rétro comics ») par l’éditeur.
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Deux récits en chronologie :
D’un côté le passé d’Edja, l’enfant élu maudit et déchu par ses pairs et sa prophétie accomplie.
De l’autre côté, Edja dans les temps actuels au-delà de sa prophétie, de son « esclavagisme » à sa libération, et héros anonyme.
La technique d’alterner fréquemment les deux épisodes est rodée. Elle permet de se détendre régulièrement les méninges et ne pas se lasser par un conte pouvant trainer en longueur.
Ce que j’apprécie dans cette saga, ce sont les décalages entre les cultures ancestrales (moyenâgeuses ou voire préhistoriques) et l’ultra modernisme spatial !
Lebra a eu le génie donc de mélanger ces genres, ce qui accentue évidement le côté fun et parfois loufoque du Space Opéra.
Les deux aventures sont aussi bien différenciées scénaristiquement parlant (donc outre l’aspect graphique).
En effet le passé d’Edja nous est conté comme une « histoire illustrée » avec une narration massive écrite en dessous des vignettes, et à contrario, le présent fait pratiquement abstraction de « voix off ».
Le découpage, quant à lui, distingue aussi bien les deux périodes:
Pour le passé, le classique est de mise, bien ordonné, rigoureux et régulier,
Et pour le « présent » cela est bien plus rythmé avec toute sorte de tailles de cases et des formes variées, ou bien avec des cases se superposant, etc…
L’histoire, comme à l’habitude pour ces éditions, ne conclut ni sur du happy-end ni sur son contraire, et l’équilibre « bien/mal » est encore préservé.
Et c’est cette originalité que j’apprécie particulièrement dans leurs ouvrages.
En bref, j’ai été vraiment très agréablement surpris par la qualité du livre et de son contenu.
Les auteurs et l’éditeur ont fait un travail remarquable digne des grandes maisons de BD.
Je recommande donc vivement ce bel objet à tous les amateurs de BD, comics et nostalgiques du kitsch !
Yann
Et pour le plaisir des yeux, je vous laisse sur quelques couvertures alternatives (non commercialisées):
Couverture alternative 1 |
Couverture alternative 2 |