Titre: Nagarya
Auteur: Riverstone (scénario et dessin)
Éditeur: Dynamite
Année: 2016
Nombre de pages: 144
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Quatre astronautes se retrouvent naufragés sur une planète qu’ils ne connaissent pas. Tous les autres membres de leur appareil ont périt.
A cours d’oxygène, les quatre individus doivent quitter leur combinaison, sous laquelle ils sont nus. C’est donc dans le plus simple appareil qu’ils devront survivre sur cette planète.
Ils ne sont plus que trois hommes et une femme sur une terre, où l’air s’avère respirable, mais qui semble déserte.
Annie Wellington, la seule femme serait donc finalement la seule chance pour le groupe de peupler ce nouveau monde, telle Ève avant elle. Pourtant elle est partagée entre son désir charnel, son devoir de reproduction et sa liberté. Doit-elle se donner aux trois hommes ou bien à un seul?
Etre la seule femme est un poids difficile à porter pour la jeune ethno-psychologue qu’elle est.
Mais cette immensité est-elle totalement dépeuplée?
Ces quatre voyageurs galactiques sont-ils vraiment seuls sur cette planète?
Seule l’exploration de ces terres sauvages et inconnues pourra leur apporter les réponses à ces questions.
Cette édition intégrale de Nagarya proposée par les éditions Dynamite regroupe deux volumes édités initialement en 1991 et 1997, suite à une parution en épisodes dans la revue « Bédé Adult » (entre 1985 et 1987).
L’ouvrage présente une superbe couverture rigide cartonnée épaisse et un carnet graphique proposant des planches et crayonnés inédits de l’auteur Riverstone, sur 16 pages, dans un dossier en fin d’album.
Le scénario de Nagarya mêle habilement érotisme, aventure et science fiction, dans une oeuvre où les références bibliques et même mythologiques sont omniprésentes.
La belle Annie se retrouve la seule femme, parmi trois hommes, sur une planète d’où ils n’ont aucun moyen de repartir. Leur premier besoin est bien sûr de survivre, mais ils doivent aussi penser au futur. Seront-ils les premiers et derniers habitants de cette planète ou bien se doivent-ils d’avoir une descendance et de peupler ces lieux? Mais d’autres questions se posent à eux lorsque leur exploration semble montrer des signes d’une ancienne civilisation. Sont-ils vraiment seuls, et que feront-ils si finalement ce n’est pas le cas?
Dans ce titre érotique, les scènes de relations sexuelles sont finalement bien réparties dans la mise en scène, on n’en trouve pas à toutes les pages comme c’est souvent le cas das les BD erotico-porno. L’aventure et l’exploration ainsi que l’aspect relationnel humain restent les éléments principaux de cette épopée.
La fin de l’histoire laisse toutefois un sentiment d’inachevé.
Et pour mettre en scène ce scénario, Riverstone propose un superbe dessin. Le style graphique est vraiment beau et agréable. Les personnages sont réalistes, même si les femmes ont toutes des poitrines très voluptueuses et les hommes ont tous des pénis plutôt hors norme et la plupart du temps en érection. En effet, sur cette planète, les protagonistes devront vivre nus, ce qui laisse visible toutes les parties de leur corps, même les plus intimes.
Nagarya est un album qui navigue entre l’érotisme et le pornographique. Les scènes de relations sexuelles sont explicites et montrent « tout ».
Mais l’auteur nous propose aussi des paysages époustouflants. Des scènes aux décors désertiques rentrent en opposition avec le côté luxuriant des forêts et l’aventure nous mène parfois à gravir des montagnes avec un profil rocheux, donnant à ce titre une diversité et une richesse graphique étonnante.
Ce graphisme, aussi fin soit-il, doit pourtant aussi beaucoup à la couleur qui l’accompagne. L’ensemble de l’album est réalisé avec une technique traditionnelle. Créée à une période ou la BD se faisait à la main et non en numérique, Nagarya propose des planches peintes, dans lesquelles le lecteur peut distinguer le grain du papier. Et surtout cela permet d’apprécier encore plus le superbe travail de Riverstone. Il donne ainsi vie à l’ambiance des différentes scènes. Grâce à la couleur, le lecteur ressent la chaleur des journées ou encore la moiteur des forêts.
Le travail sur la peau des personnages est aussi tout à fait admirable permettant de sublimer la beauté du dessin brut.
Un autre élément sur lequel le lecteur pourra s’attarder, ce qui est plutôt rare pour le signaler, sont les bulles de cette BD. On a l’impression que les bulles ont été écrites à part puis collées par dessus les illustrations (ce qui est peut être vraiment le cas), leur donnant du relief; un petit détail, pourtant intéressant.
Vous aurez probablement compris dans les lignes précédentes que Nagarya n’est pas à mettre entre toutes les mains et sera une lecture réservée aux adultes.
Je ne connaissais pas Riverstone avant et ce qui m’a donné envie de la lire est le style graphique que j’ai pu voir sur la couverture. Cette image et le résumé de l’éditeur m’ont fait penser à certaines illustrations de « Cavewoman » que j’avais pu voir, mêlant la sensualité et l’érotisme à un côté sauvage ou encore à la série Druuna de Serpieri (dans un style graphique un peu différent).
Finalement Nagarya est une histoire qui m’aura ravi et enthousiasmé presque plus par son graphisme que pour son scénario pour lequel j’avoue ne pas avoir compris certaines scènes un peu psychédéliques, et qui m’aura laissé sur ma faim, avec l’envie de connaitre la suite ou la fin de cette épopée, ce qui n’aura pourtant en rien gâché le plaisir.
Finalement, une bonne lecture de BD érotico-pornographique avec un vrai scénario, une histoire et une réelle qualité graphique vaut parfois mieux qu’une histoire plus grand publique mais déjà vue.