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La Boîte de Petit Pois
Titre : La Boîte de Petit Pois
Auteur : GiedRé (scénario), Holly R (dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : Une case en moins
Année : 2019
Page : 112
Résumé d’une enfance à l’Est :
L’enfance de GiedRé à Vilnius, en Lituanie, un des trois états baltes. Une enfance pendant les dernières années de l’URSS, dans un pays communiste où la vie était bien différente de ce que l’on peut connaître dans nos contrées capitalistes. Une salve de souvenirs racontée par petits chapitres.
Scénario aux tons du passé :
GiedRé partage avec nous son enfance. Une enfance assez étonnante au cœur d’un des pays du bloc communiste de l’URSS. Mais l’autrice-compositrice-interprète a réussi le pari de ne pas dépeindre avec un regard sombre et plein de reproches une politique néfaste et sale, le communisme. Bien au contraire, elle picore des anecdotes de sa jeunesse et les partage. Cette simple succession d’événements permet de relativiser le regard qu’on peut porter sur la vie à l’Est du mur. Certes, certaines choses sont difficiles mais elles génèrent d’autres modes de vie qui ne sont pas forcément négatifs. La balance a deux poids, deux mesures et c’est avec talent, sans juger, que GiedRé nous les présente à la suite, comme des perles sur un collier.
Ce recul, elle parvient à le prendre en posant son regard d’adulte sur des souvenirs d’enfance, sur ce qu’on lui a raconté à propos de l’enfance de ses parents. Et elle raconte tout cela en se plaçant à hauteur d’enfant.
Ce regard enfantin, ces petites nouvelles racontées sur un ton enfantin, parviennent à désamorcer même le pire, comme le goulag. Et malgré les nombreux points négatifs, on finit par comprendre le côté magique qu’il peut y avoir pour un enfant à grandir dans cet environnement.
En même temps qu’un regard enfantin, presque naïf, donc, il y a ce que nous, adultes, lisons derrière. Et il y a aussi cette découverte de la Lituanie. Même si on s’est fait avec les années une idée des régimes communistes, – les images d’Épinal, enfin, plutôt de Sibérie nous ayant aidé -, on en apprend beaucoup sur la vie au quotidien.
On retrouve certaines infos connues, comme les longues files d’attente, les magasins vides, mais on en apprend aussi plein d’autres. Et soudain, ce voyage dans le passé se recouvre d’une petite touche de magie. Cette innocence, cette fausse naïveté drôle, GiedRé sait parfois faire aussi passer dans ses chansons.
Le dessin d’un retour en enfance :
Au dessin, Holly R illustre avec la même démarche ces petits récits. Dessins enfantins, impressions de crayons de couleur, personnages stylisés et simplification de certaines éléments qui recréent cette atmosphère de ‘histoire racontée par un enfant. Mais en parallèle, si certains objets se rapprochent de l’image d’Épinal (oui, encore lui, ou plutôt encore elle pour le coup), d’autres sont bien réalistes, le traitement des couleurs en crayons permettant habilement d’unifier le tout.
La très belle couverture vous plongera tout de suite dans l’ambiance de cette BD, tout en illustrant ce que je viens d’écrire.
Les compositions assez simples relèvent de cette même logique, de ce même choix de la narration enfantine : des pages avec de grandes cases aux contours tremblants, des fonds hachurés aux crayons de couleur donc, et des lettrage en écriture minuscule avec un style enfantin.
La cohérence est totale à tous les niveaux. Pour le plus grand plaisir des yeux.
Conclusion :
La Boîte de Petit Pois est un vrai régal, pour le coup, sans mauvais jeu de mots (allez, si, j’ose le dire, je l’ai fait exprès). Un boîte qui a un goût de revenez-y, le plaisir de se plonger dans les souvenirs d’enfance de quelqu’un d’autre, racontés avec tendresse, humour et surtout beaucoup d’humanité.
Donc, je vous recommande fortement cette Boîte de Petit Pois. A lire !
Zéda rencontre GiedRé.