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Journal d’un prof à la gomme, la BD d’une vocation mal choisie
Série : –
Titre : Journal d’un prof à la gomme
Auteurs : Fred Leclerc (scénario et dessins)
Éditeur : La boîte à Bulles
Collection : –
Année : 2024
Pages : 160
Résumé de l’histoire d’un publicitaire en reconversion:
2020, Fred est licencié de l’agence de publicité où il travaillait au moment où la COVID arrive. Fred en profite. Il réfléchit à faire quelque chose d’utile. Apprenant l’assassinat du professeur Samuel Paty, il décide de devenir instituteur. Il doit d’abord passer le concours avant d’entrer en fonction pour une année découverte mais rien ne va se passer comme prévu.
Le scénario d’un récit réaliste:
Fred va parvenir à avoir le concours de justesse avant de commencer un nouveau métier, professeur d’arts plastiques. Mais il va vite déchanter. Il se retrouve dans le treizième arrondissement avec de longs trajets, à intervenir sur deux établissements et les élèves ne sont pas des tendres. Fred a beaucoup de mal à trouver sa place et à imposer une discipline en classe. Pour sa défense, il faut préciser que les professeurs ne sont pas préparés et c’est au fur et à mesure de cette première année qu’ils suivent un jour de formation hebdomadaire. Autant dire qu’apprendre votre métier un jour par semaine et l’exercer le reste du temps ne permet pas forcément de démarrer son travail dans les meilleures conditions. De plus, Fred va se confronter aux rouages de l’éducation nationale en même temps qu’il fait face aux élèves de primaire.
Cette BD nous raconte un parcours vrai, celui de l’auteur, et nous rappelle que l’enseignement n’est pas fait pour tout le monde. Mais à côté des difficultés qu’il décrit, Fred Leclerc a aussi vécu des moments de grâce avec ses élèves, moments trop rares où il reçoit des marques de reconnaissance et d’affection.
Ce récit rejoint par beaucoup de points nombre d’histoires de fiction mettant en scène un étranger débarquant dans le corps enseignant, ou un professeur novice, schéma que l’on voit souvent au cinéma (les grands esprits, le maître d’école, entre les murs)… ou encore en BD (le plus beau métier du monde, Le journal d’un remplaçant…). On découvre cet univers sans être vraiment étonné, car les failles du système restent et demeurent les mêmes, ce qui est le fond du problème.
Le dessin en bichromie:
Le récit est servi par un dessin stylisé en noir et blanc, rehaussé d’une seule couleur. L’histoire contient six chapitres, et chaque chapitre utilise une couleur différente.
Fred Leclerc sait donner un panel d’expressions à ces personnages non réalistes et il nous les rend bien vivants et proches.
Le dessin lui permet aussi de symboliser des situations que l’on comprend tout de suite. Comment les élèves trouvent la faille, par exemple. Les amalgames de tuyauterie pour décrire le fonctionnement de l’institution, les élèves représentés en démons, et tant d’autres idées qui fonctionnent. Le choix de la bichromie rappelle le cours d’art plastique, comme un exercice donné à un élève, une série de dessin avec une couleur. D’ailleurs, chaque chapitre est introduit par le dessin d’une palette à six emplacements, et à chaque chapitre, l’un des emplacements, celui de la couleur utilisée, est vide. Sans aucune numérotation, on sait où on en est dans la lecture avec ces têtes de chapitre illustrées.
Conclusion d’une BD difficile:
Cette BD nous montre les limites du fonctionnement de l’enseignement. Fred Leclerc utilise l’humour pour désamorcer certaines situations, mais le constat est rude. Comment le système pourrait aller mieux si il s’agit juste de le maintenir à flot sans jamais chercher à le changer pour le rendre meilleur ?
Zéda croise Fred !