Davy Mourier VS la Télévision
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Série : Davy Mourier VS
Titre: T2 La Télévision
Auteur : Davy Mourier (scénario et dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : shampooing
Année : 2019
Page : 192
Résumé :
Davy Mourier est né avec la télévision. C’est un peu exagéré, en tout cas, il a grandi avec elle, et en retour elle l’a marqué dès son plus jeune âge. Mais si elle lui a apporté bonheur et joie, la télévision va faire passer à Davy l’épreuve du feu avec une émission peu scrupuleuse qui va nécessiter l’intervention du pauvre Davy qui va s’empêtrer de plus en plus…
Le scénario :
Davy Mourier revient sur sa vie dans cette série légèrement autobiographique. La télévision l’a toujours accompagné, et c’est peut-être de là que vient son envie de passer de l’autre côté de la lucarne.
Davy nous fait partager son passé et utilise l’humour pour nous faire découvrir ses parents, son enfance, sa folle jeunesse et tout ce qui fait qu’il est devenu aujourd’hui ce qu’on appelle un geek !
Tout est assez calme – si l’on puis dire – jusqu’au moment où il voit une annonce pour une émission de télé qui veut faire un sujet sur les adulescents.
Davy est intéressé, hésite, accepte, refuse, tergiverse et finalement, se jette à l’eau. L’humour devient grinçant et le choix graphique de représentations des journalistes de cette émission (enfin, le réalisateur et son cadreur) permet de comprendre tout de suite les deux personnages, sans pointer quiconque par un portrait ressemblant avec X ou Y.
L’humour s’efface car les deux reporters dégagent une noirceur profonde, et manipulent Davy un bon moment. On reconnaît les tactiques du réalisateur du reportage, sans doute passé roi dans l’art de la manipulation – mais pas très roi car heureusement, il n’a pas pu grimper bien haut grâce à son pervers talent – et le plus désagréable est de savoir que ce genre de personnes existe et qu’elles occupent ce genre de postes – et d’autres aussi d’ailleurs – !
La véracité de cette mésaventure en fait ressortir l’aspect dramatique, à côté des notes d’humour qui ne désamorcent pas pour autant la situation malsaine. Bien que le tournage ne dure que deux jours, on sent la place et la pression que ressent Davy avec les échanges de mails et de coup de fils.
Bon, il faut savoir proportions garder, Davy n’est pas tombé sur le tournage d’un snuff movie non plus, juste sur deux journalistes malhonnêtes qui enquêtent sur un fait de société avec l’idée de le faire voir avec mépris au lieu d’essayer de le comprendre.
Et d’ailleurs, grâce au rire et au recul, Davy porte un regard amusé sur cette situation, et le fait de nous monter les techniques utilisées par ce noir réalisateur nous permet de nous dire que maintenant qu’on sait, on se fera pas avoir. Enfin, jusqu’à la prochaine fois.
Mais le plus émouvant reste le regard que porte Davy sur ses parents, tendre et lucide. Au détour d’une planche, il nous rappelle que cette mésaventure professionnelle n’est pas si grave que cela, pour s’attarder sur un autre impact de la télévision…
Le dessin :
Davy garde le style du tome précédent, dessin caricatural, noir et blanc, avec du gris, insert de véritables photos. La force graphique vient dans la représentation des journalistes. Sorte d’ectoplasme noir aux dents acérées qui feraient presque peur, même dans une BD humoristique.
Le format manga de la BD permet à Davy d’adopter un cadrage et des compositions de page simples, où les dessins s’enchaînent, sans plus aucun contour de cases. Mais pas d’inquiétude, le tout reste facile à lire et l’humour, quand par exemple, d’un dessin à l’autre, l’expression de Davy se change drastiquement, fonctionne à merveille. Si le début de l’histoire comporte beaucoup de textes, Davy parlant de sa propre enfance, au fur et à mesure, les écrits s’allègent et laissent plus de place au dessin. Et cela permet de faire passer les émotions du personnages par des effets dignes de Tex Avery.
Très peu de décors, tout est axé sur les personnages, à part quand le décor prend de l’importance, comme au moment où les reporters souhaitent filmer Davy dans le quotidien de son appartement.
Conclusion :
Une nouvelle fois, Davy mélange sa vie réelle et la fiction pour en faire une histoire et une nouvelle fois, cela fonctionne. Pour notre plus grand bonheur. Mais le plus important n’est pas les rires que va vous apporter cette BD ou la dénonciation d’une certaine forme de télévision, c’est aussi la tendresse du regard d’un adulte sur son enfance, et sur ses parents d’hier et d’aujourd’hui.
Zéda croise Davy.