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El Chipo
Série : El Chipo
Auteur : Nikola Witko (scénario et dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : Pataquès
Année : 2019
Page : 104
Résumé :
El Chipo est un acteur pouvant incarner tout le monde et… n’importe qui. Mais hors de l’écran, personne ne le reconnaît. Son visage anonyme – néanmoins proche de la merguez ou de la chipo – ne signifie quelque chose que lorsqu’il est mis en parallèle de ses rôles. El Chipo n’est pas heureux, mais comment en est -il arrivé là ? Et surtout, de rôle en rôle, que va-t-il décider de faire, ou de ne pas faire, pour changer le cours des choses ?
Le scénario :
El Chipo démarre comme une énorme blague, et petit à petit, on s’attache à l’histoire de ce personnage drôle, touchant, émouvant et même dramatique.
Derrière le côté purement comique, apparaît une critique sous-jacente de notre société. Qu’est-ce qui fait le succès d’une personne ? Son image ? Et une fois cette image de côté, que reste-t-il ? Comment trouver sa place dans un monde qui ne vous juge que pour les apparences et qui ne vous reconnaît pas en-dehors de ces dernières ?
El Chipo est prisonnier d’une société qui ne l’utilise qu’en fonction de ce dont elle a besoin. Et attention, quand elle n’aura plus besoin de ce héros, la chute pourrait se révéler difficile.
L’humour est la recette qui permet de faire passer tous ces messages sans se prendre trop au sérieux. Car le récit se présente sous la forme de petits gags d’une page format carrée, en strip de quatre cases.
Tous ces gags se suivent néanmoins pour former le récit de la vie de ce comédien célèbre et anonyme en même temps !
El Chipo peut tout faire, c’est son talent, mais peut-il être lui-même et être reconnu comme tel ? C’est bien là le problème.
Le récit ne fait pas l’impasse sur le mystère de la naissance de ce talent mystérieux. Et pour notre plus grand plaisir. Tout cela donne à l’histoire une touche tendre, où l’humour côtoie la tristesse.
Le dessin :
Le dessin stylisé fait ressortir le personnage. Ne fut-ce que parce qu’il est le seul de tous à ressembler à une chipo sur pied !
Les strips de quatre cases répondent aux règles classiques du genre. Mais ils alternent avec les images des films où El Chipo a joué, qui sont pleine page. A vous de reconnaître au hasard des pages de quel film réel est tiré le dessin.
Vous allez faire tourner les rouages de votre culture ciné, et ce pour votre plus grand amusement. Le dessin est dense, non par la surcharge graphique mais par la matière que Witko parvient à donner par la texture à ses décors.
Les couleurs d’abord claquantes, évoluent vers des teintes sombres. Teintes qui illustrent parfaitement le fond triste du récit.
Et si ce récit rend pleinement hommage au monde du cinéma, il n’en oublie pas pour autant la peinture.
La composition simple au format quatre cases permet d’aller à l’essentiel d’une situation en une page.
Conclusion :
Un récit surprenant où le drame finit par se hisser au niveau de l’humour. El Chipo se lit rapidement, mais il vous touchera certainement. Sans oublier le plaisir de jouer au cinéphile au hasard des images référencées…
Zéda rencontre El Chipo.