mardi 23 avril 2024

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Londres-Santorin aller-retour par Raphaël Drommelschlager

Londres - Santorin aller-retour aux éditions Casterman
Titre: Londres – Santorin aller-retour
Auteur: Raphaël Drommelschlager
Éditeur: Casterman
Année: 2013
Nombre de pages: 88 

Résumé : 

Tom Katz est un écrivain à succès vivant à Londres. Et pour cause, il trouve dans le travail l’unique échappatoire pour oublier la tragique disparition de sa femme Anna en mer. Tom déprime et ne voit plus la vie en couleurs. En toute chose il aperçoit sa femme telle une hallucination.
Son ami Edgar, étant aussi son éditeur, voit sa santé se dégrader et lui suggère de prendre des vacances. Tom s’applique et part se réfugier en Grèce sur l’île de Santorin dans un hôtel luxueux en bord de mer.
Par les faits du hasard, il y trouvera une connaissance et amie : Margaret J.Cadbury, journaliste et critique d’art réputée par son expérience et donc proche de la retraite. Margaret apprends à Tom que l’hôtel dans lequel ils logent vit au rythme d’une mystérieuse femme richissime. Une certaine Penelope Brown que jamais personne n’a vu. Tout le personnel est aux petits soins pour cette personne invisible, et les consignes sont strictes mais respectées (réservation de la meilleur table, du meilleur emplacement de transat, le cocktail spécifique réservé etc…).
Tom se délecte des ragots qui tournent autour de cette inconnue, et trouve ainsi l’inspiration. Il entame ainsi son nouveau roman.
Plus tard, Tom révèlera à Margaret le loup de la fameuse Penelope Brown. En effet, Tom avait pris les dispositions avant son voyage, en accord avec le directeur de l’établissement, afin de créer de toute pièce ce personnage fictif pour observer les réactions et ainsi écrire son nouveau livre.
Désormais, l’évènement mystérieux organisé prends de l’ampleur et créer des tensions vis-à-vis des autres clients. Le directeur de l’hôtel souhaite arrêter ce manège mais Tom refuse catégoriquement.
Mais voilà, c’était sans compter l’apparition en chair et en os de la fameuse Penelope, telle que Tom l’a décrite peu auparavant dans son scénario. Le plus troublant est qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à sa femme Anna… Dès lors, Tom ne maîtrisera plus les faits… ou presque…

Mon avis : 

Raphaël Drommelschlager n’en est pas à son premier coup d’essai dans le genre. En 2011 il nous avait aussi fourni le non moins bon « Paris-New York New York – Paris ».
Mais n’allez pas croire que Londres-Santorin en soit une suite. Non, le récit de ce one-shot est totalement indépendant du premier bien que la structure du scénario et la maquette de l’ouvrage soient particulièrement similaires !

Londres - Santorin aller-retour Page 10 aux éditions Casterman
Page 10 de la BD

Le dessin :

Le dessin de l’auteur est du type réaliste fort agréable. Le trait est léger, fin et distingué.
Les mises en scène et les cases sont toutes particulièrement soignées, admirables et fortement harmonieuses pour notre œil, et tout particulièrement lorsque l’action prends place à Santorin.
On a vraiment une impression de liberté, d’apaisement comme si nous vivions nous aussi ces belles vacances.
L’auteur utilise admirablement bon nombre de plans cinématographiques ou bien d’angles de vue maintenant ainsi une constante attention du lecteur.
L’auteur use aussi d’un superbe artifice au niveau de la couleur : la bichromie (Noir et Blanc, ou ce qui s’y rapproche). Raphaël Drommelschlager nous en avait déjà démontré sa maîtrise via l’ouvrage « Paris-New York New York – Paris », mais là il nous transcende encore bien plus !
Le blanc est omniprésent et a plusieurs symboliques :
Il évoque à merveille la monotonie et la perte de gout à la vie de notre protagoniste (cela saute particulièrement aux yeux lors des premières pages londoniennes)
D’autre part cela permet de réaliser un hommage à la Grèce et particulièrement l’île de Santorin où le blanc (associé au bleu) domine sur le territoire.
Il nous met admirablement bien en condition pour nous plonger petit à petit dans le thriller psychologique de cette aventure.
Les touches des couleurs différentes distribuées avec parcimonie, évoquent des souvenirs, des soupçons d’allégresse mais surtout des hallucinations. Elles sont chatoyantes et chaleureuses, et nous mettent bien à l’aise comme dans un bon rêve…
Les personnages expressifs sont certainement inspirés de l’entourage de l’auteur, et le héros a un trait de ressemblance évident avec l’auteur (c’est souvent le cas pour les ouvrages de cet artiste).
Londres et l’île de Santorin ne sont pas en reste dans le dessin. Il apparait quelques détails emblématiques de chaque lieu qui nous permettent de nous évader, de voyager avec le récit et nous font aimer tout autant Londres que Santorin.
Et ayant eu le plaisir de visiter ces différents lieux, je me suis projeté d’autant plus facilement.

Londres - Santorin aller-retour Page 8 aux éditions Casterman
Page 8 de la BD

Le scénario : 

Comme je l’ai exprimé plus haut, on retrouve beaucoup de ressemblance à l’un des précédents ouvrages de l’auteur :

Une connotation au voyage dans le titre
Une construction visuelle en bichromie
Un chapîtrage en trois actes etc…
Mais étrangement nous n’éprouvons pas les mêmes sensations d’un livre à l’autre.
Dans le cas présent, la mise en place de l’intrigue peut paraître longue, et au moment où il nous semble avoir compris vers quoi l’auteur veut nous diriger, et bien le « Cliffhanger » de fou est placé et nous déroute complètement. On perd pieds et l’on essaie de se raccrocher à quelque chose… en vain. Il ne nous reste donc à nous laisser porter par le courant du récit, de voyager sans maîtrise…jusqu’au dénouement.
La confusion est telle que l’on finit par douter du scénario et le thriller psychologique prend tout son sens.
On s’interroge du comment l’auteur pourrait rebondir et aboutir, et la surprise est totale mais complètement cohérente !
Le découpage est épatant et efficace. L’auteur joue facilement par exemple avec des gaufriers de vignettes représentant dans leur ensemble une scène complète (et j’aime beaucoup cette astuce), ou bien sur une disposition de vignettes en quinconce alternées avec du texte etc… Pour notre plus grande béatitude !

Londres - Santorin aller-retour Page 38 aux éditions Casterman
Page 38 de la BD

Cette bande dessinée est donc une œuvre particulièrement attachante, originale et renversante. Elle vous fera vivre beaucoup d’émotions et de sensations. Elle aura aussi le mérite de vous dépayser et de vous offrir un peu de soleil ou de rêves.

Bref, ça a été un pur bonheur de la lire.

Ciao

Yann
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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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