: Davy Mourier vs Cuba
Davy Mourier (scénario et dessins)
Delcourt
: Shampooing
2018
: 192
quel est le souci de Davy Mourier avec Cuba ? Avant de rentrer dans
le vif du sujet, il nous parle de sa mère, un peu de son père aussi
du coup, et d’un projet maternel : Aller à cuba pour ses soixante
ans ! Et comme son père ne voyage pas, Davy comprend bien vite que
c’est avec lui que le voyage va se dérouler.
Davy est loin d’être ce qu’on pourrait appeler un globe-trotter.
Aussi, armé de son fidèle ami Rémy et de sa cousine Johanna, ils
vont partir à quatre pour un voyage magnifique, qui va vite virer au
périple mortel, puisque coïncidence, l’ouragan Irma a aussi prévu
de faire une pause à Cuba à cette période !
on vous dit que partir hors-saison en vacances à Cuba, c’est mieux,
comprenez hors-saison des ouragans !
avis :
petite BD format manga où Davy Mourier laisse exploser toutes ses
psychoses ! Il faut reconnaître le courage (ou l’inconscience) de
Davy, qui se met donc en scène lui-même dans cette BD, sous ses
bons et ses mauvais jours.
effet, vu les craintes de Davy Mourier sur la mort qui peut frapper
n’importe quand, partir à Cuba revient un peu à rentrer dans le
réacteur central de Tchernobyl pour voir si on ressort dans celui de
Fukushima !
Davy Mourier, personnage partageur, met donc en scène également sa
famille et ses amis pour nous relater ce périple !
vous dire que le petit groupe va aller de catastrophe en catastrophe.
Enfin, certaines de ses catastrophes nous auraient tous impacté je
pense, alors que d’autres beaucoup moins selon votre aptitude à
dormir en extérieur sans tente.
faut reconnaître que Davy sait tourner en dérision cette
mésaventure – le terme est peut-être un peu faible – mais qu’au
fur et à mesure de la lecture, même si l’on sait que rien de grave
– a priori – n’arrivera aux quatre baroudeurs en herbe, une
ambiance oppressante s’installe dans la BD.
effet, pour ma part, Cuba n’était pas un des pays en haut de ma
liste de régions du monde à voir avant de mourir. Mais du coup, en
refermant cette BD, la petite île a rejoint le bas du panier entre
la Sibérie Occidentale, l’Amazonie Colombienne et quelques
dictatures Africaines en guerre six à huit mois par an (le reste du
temps, c’est la saison des pluies).
petit guide touristique de Cuba selon Davy Mourier fait froid dans le
dos. Comme quoi la mort de Fidel n’a pas arrangé les choses à Cuba
(mais la vie de Fidel non plus remarquez…). A moins qu’elles
n’étaient encore pire avant. Ou alors similaires. Enfin bref, peu
importe, entre les problèmes sanitaires, d’insalubrité, de vie
quotidienne, de monnaie, comme le dit Davy, le temps ne se vit pas de
la même manière en Occident et à Cuba.
comme un malheur n’arrive jamais qu’en groupe avec tous ses amis, le
coup de l’ouragan, ça calme définitivement.
coup, j’ai énormément ri, et parfois, j’ai ri un peu jaune me
demandant ce que j’aurais fait à leur place…
Mourier reprend son style graphique inénarrable pour nous raconter
ce séjour de fous. Petite nouveauté (en tout cas, pour moi par
rapport à ce que je connaissais avant mais je me rends compte après
avoir fait un tour sur Badstrip, le site de Davy que ce que j’appelle
nouveauté a déjà quelques années dans ses dessins mais je
n’effacerai pas ces lignes car moi aussi, j’ai le droit de faire des
erreurs tant que j’admets m’être trompé) : les nez noirs des
personnages (tout ce laïus et un long paragraphe pour des nez noirs
? Peut-être je me suis un peu trop lâché finalement).
un autre point aussi m’a interpelé, le travail sur les expressions
des visages, paroxystiquement déformé par la peur (vous savez de
qui je parle) ou encore par la colère. Traits accentués, yeux
exorbités ou ramassés en deux points blancs psychopathiques, les
têtes des héros de Davy sont encore plus expressives qu’auparavant
– toujours de mon point de vue de gars qui n’a pas tout lu de Davy
Mourier -.
récit est en noir et blanc et niveaux de gris. Pas vraiment de cases
à proprement parler mais des dessins occupant plus ou moins la
totalité de la page et du coup, dont la blancheur de certains décors
se fond avec celle de la planche.
insérés, comme autant de preuves de l’existence de ce voyage,
billets d’avion, photos et autres traces – je fais attention à ne
pas employer le terme souvenir, vous comprendrez pourquoi en lisant
la BD –, le tout passé en noir et blanc et donnant un aspect
journal de voyage fort agréable.
le format manga joue pleinement avec cette idée de carnet de bord et
on se prend à lire les références des code-barres des billets
d’avion, cherchant l’éventuelle blague – en tout cas, moi, je me
suis (sur)pris à le faire -.
BD, comme nombre d’autres créées par Davy, est une BD augmentée.
Une petite étoile jaune sur fond de triangle rouge vous indiquant à
quel moment il faut vous emparer de votre smartphone et utiliser
l’application Delcourt pour découvrir ce contenu virtuel.
étant un technofuge averti, vous comprendrez que j’ai été bien
incapable de me prendre en main pour installer l’application, donc,
je ne peux éclairer votre lanterne de ce côté là. La mienne non
plus, d’ailleurs…
si vous n’avez pas peur de voir s’effondrer votre vision idyllique de
Cuba, si vous voulez comparer votre expérience cubaine avec celle de
Davy Mourier, si vous avez envie de lire la nouvelle BD de Davy, ou
tout simplement si vous avez envie de découvrir cet auteur,
n’hésitez pas, sautez sur ce petit volume qui, puisqu’il est au
format manga, en adopte le prix – il vous en coûtera neuf euros
quatre-vingt quinze -.
n’oubliez pas que parfois, Davy Mourier peut être un peu de mauvaise
foi, mais il est tellement drôle !
et Davy parlent voyage !