vendredi 19 avril 2024

Offrez-nous un café

Le monde selon Uchu de Ayako Noda

Le monde selon Uchu Tome 1 Casterman

Titre: Le monde selon Uchu tome 1
Scénario et dessins : Ayako Noda
Editions : Casterman
Collection : Sakka
Année : 2016
Nombre de pages : 215

Résumé du manga:

Uchu Hoshino est un collégien plutôt taciturne. Il rencontre Alice Tsunomine, élève depuis 2 ans dans l’école mais ne connaissant pas encore tout le monde, lors de la rentrée.

Celui-ci lui révèle alors que selon lui leur monde se trouve être un manga et qu’ils en sont les héros.

A partir de ce moment, Alice remarquera des évènements auxquels elle n’avait jamais prêté attention, et surtout elle aura la désagréable sensation d’être toujours épiée.

Uchu aurait-il raison ? Qu’adviendrait-il si sa théorie se confirmait ? S’ils sont de véritables héros de manga, peuvent-ils mourir ?

Mon avis sur Le monde selon Uchu 

Voilà un manga qui ne manque pas d’originalité. On se demande même comment l’auteur a pu mûrir une idée pareille.
Les mangas mettant en scène des Mangaka ou ayant pour sujet l’art du Manga lui-même sont nombreux comme Bakuman, La vie en rose, etc…, mais celui-là détonne par son coté ubuesque et 4eme dimension.
Mais ce récit est aussi et surtout agrémenté de l’épice qui fait que tout fonctionne : la comédie romantique avec son triangle amoureux évidement (mais pour en savoir plus il faudra lire l’ouvrage!).

Extrait du manga page 208

Le style réaliste et le trait fin mais dynamique, voire nerveux, d’Ayako Noda permettent une immersion et un transfert total dans l’histoire.
Le dessin de l’auteur semble vivant et en mouvement constant, ce qui est remarquable car, encore une fois, l’auteur brise le code et inverse la situation : le manga deviendrait réalité !
Les artifices du genre illustré tels que les onomatopées, enchevêtrements de cases, dessins ou images, etc…, sont discrets et prennent tout leur sens au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire.
Les trames sont elles aussi choisies de manière à ne guère y prêter attention afin de ne focaliser que sur les personnages.
Parfois même les cases sont complètements épurées pour relever une tension, un suspens, ou accentuer un événement.

Ayako Noda a ainsi extraordinairement travaillé et usé de nombreuses techniques afin de capter l’attention du lecteur, tout comme l’enseignant doit le faire en regards de ces élèves dissipés.
Et pour parfaire le tout, l’environnement scolaire de l’histoire nous conditionne à rester attentif.
D’autre part les mises en scènes sont diablement suggestives, presque toujours en rapport avec les études et l’enseignement.
On constate une sacré discipline, les classes sont parfaitement ordonnées, les bureaux alignés, les bibliothèques remplies et les tenues des étudiants sont toutes identiques !
Les enseignants sont, par contre, absents, souvent représentés par des ombres, sauf un. Et comme par hasard il s’agit du professeur de dessins Koichi Samejima.

Le petit détail marquant sur les enseignants, et la discipline de fer inculquée au Japon, est cette entrée en classe de l’un des professeurs exigeant des élèves de saluer puis de s’asseoir… Et les étudiants de s’y atteler.
Le sérieux des jeunes du pays du soleil levant est aussi remarquablement illustré lorsque l’on aperçoit des chambres idéalement rangées, des bureaux studieux avec le matériel rangé façon 5S etc…

Extrait du manga page 07

La leçon de dessin donnée par le fameux professeur Koichi Samejima se révèle pleine d’humanisme, d’égards et d’attentions vis à vis des petites têtes…, euh…, brunes (non pas blondes…).
Cette leçon tombe à pic dans le récit, car l’enseignant insiste sur la notion de volume à donner dans un dessin (par définition sur une feuille en 2D).
De nombreuses allusions et/ou indices, selon que l’on voit les choses, sont suggérés à travers ce cours. C’est un vrai régal pour l’œil attentif et le cerveau vif du lecteur.

Coté scénario, cela est bien construit, le récit se lit d’une traite, et au fur et à mesure de l’avancement, des événements étranges et anodins apparaissent comme pour confirmer la théorie d’Uchu.
Ceux-ci influent donc fortement sur le comportement des protagonistes qui finissent tôt ou tard par se poser les questions existentielles : Suis-je vivant ? Quel sens dois-je donner à ma vie ? Etc…
Par ce biais, Ayako Noda, interpelle aussi le lecteur à la réflexion sur sa propre existence parmi les milliards d’individus.
Elle nous donne une brillante leçon philosophique et humaine sur l’acceptation de son être, du regard des autres et surtout de la condition humaine (ou destinée).
Elle montre ainsi que chacun est libre de ses actes, mais qu’ils ne seront jamais sans conséquences, et souvent jugés, interprétés, répétés ou pas etc…
Elle nous définit et illustre merveilleusement bien le déterminisme et la causalité.

Extrait du manga page 42 

Voilà donc un enseignement de sagesse, d’humanité, d’humilité, de fatalité, d’existence…
Une superbe morale sur la vie.
Merci madame la professeur !

Ciao
Yann

Inscrivez vous à notre newsletter :


Fais découvrir cet article à tes amis
Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

Laisser un commentaire

Ces articles pourraient vous plaire

Restons connectés 😉

3,487FansLike
413FollowersSuivre
146FollowersSuivre

Derniers Articles