jeudi 28 mars 2024

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Ma Guerre – De la rochelle à Dachau de Tiburce Oger

Ma Guerre - De la rochelle à Dachau Rue de Sèvres
Titre : Ma Guerre – De la rochelle à Dachau
Scénario et dessins : Tiburce Oger
Editions : Rue de sèvres
Année : 2017
Nombre de pages : 78

Résumé :

Tiburce Oger nous livre par ce récit l’histoire de son héros, son grand père, lors de la seconde guerre mondiale.
Dès 1940, Guy Pierre Gauthier, alors étudiant, agit pour le compte de la résistance en lui faisant propagande. En 1943, il commence les choses sérieuses entre sabotage, renseignements, destruction, en s’engageant fermement pour la résistance. Ceci lui vaut de « s’exiler » de La Rochelle. C’est alors qu’il retourne dons sa ville pour organiser le réseau local qu’il se fait prendre par la Gestapo.
S’ensuit interrogatoire, torture puis emprisonnement. Suite à une tentative d’évasion ratée, le voilà déporté, via un train de l’horreur, à Dachau…
Dès lors, malgré humiliations, traitements infernaux, carences alimentaires, travaux forcés etc…, un seul but persiste, une seule raison de vivre résiste : survivre pour raconter, pour revoir un monde meilleur.


Mon avis :

J’aime beaucoup les récits de Tiburce Oger (Buffalo Runners, Black Sands – Unité 731, Canoë Bay…), et celui-ci par son coté particulièrement intimiste, est particulièrement poignant et prend aux tripes.
Comme pour Buffalo Runners, l’auteur a cette fois-ci mis un point d’honneur à réaliser toute la BD (Dessin, Scénario, Couleurs) sur les bases du témoignage de son grand-père.

Ma Guerre - De la rochelle à Dachau Rue de Sèvres Page 8
Extrait de la BD page 8


Le dessin :
 

Le trait de Tiburge Oger pour cette BD est relativement agressif et nerveux dans un style réaliste.
Les couleurs et les tons passent progressivement de clarté et vivacité à des nuances plus ternes, sombres et tristes, accompagnant ainsi parfaitement la chronologie de l’histoire.
Celles-ci contribuent fortement à la mise en ambiance des scènes. On devinera ainsi aisément la chaleur insupportable des trains bondés de prisonniers ou bien l’humidité et le froid glacial hivernal des camps de concentrations.
Les effets de fonds (brouillard, pluie, etc…) sont superbement réalisés, les perspectives maitrisées et les scènes nocturnes sont splendides. Au-delà de cela, Tiburce Oger n’use pas ou peu d’autres effets, privilégiant ainsi le réalisme.
Les mises en scènes sont parfois bluffantes, comme tous ces prisonniers alignés, suivi d’une vignette focalisant sur un prisonnier au regard vide et perçant ou bien cette série de vignettes décrivant le voyage dans les wagons à bestiau des trains… Elles sont saisissantes de détails mais aussi de cruauté et de violences à la fois physiques et morales.
Les personnages évoluent évidemment avec le fil de l’histoire et l’auteur a su remarquablement illustrer la « dégradation » des corps et santé mentale des protagonistes. On ressent ainsi le travail de fond, de recherche et d’enquête de l’auteur, et on devine aussi fortement la présence et la mémoire du grand père à travers toutes les précisions apportées.
Ma Guerre - De la rochelle à Dachau Rue de Sèvres Page 5
Extrait de la BD page 5
Le scénario :
 
Tiburce Oger raconte donc cette partie d’histoire mondiale à travers les yeux de son grand-père.
Il réalise ainsi un magnifique et important devoir de mémoire, donnant ainsi une belle leçon à tous les beaux parleurs et langues de vipère ayant la mauvaise foi de remettre en doute les faits historiques relatés.
Et heureusement pour nous, il reste encore de ces personnes âgées, véritables héros et/ou héroïnes, ayant toute leur tête pour ainsi nous rappeler vaillamment les horreurs vécues.
A la lecture du livre, l’histoire de Guy Pierre Gauthier peut sembler surréaliste mais hélas elle est loin d’être fictionnelle, et cela nous fera toujours le même effet : un sentiment de malaise.
D’autant que l’auteur ne néglige pas les détails racontés par son aïeul.
En créant cette BD, Tiburce Oger n’a pas eu la prétention de se substituer à quelconques historiens. Non, son seul but était de raconter ce qu’un homme a pu vivre au cours de sa vie, ponctuée par la plus grande guerre mondiale… Ainsi dans son scénario, on ressent beaucoup plus l’aspect émotions et sentiments que les faits historiques (non négligés au demeurant…).
Le découpage classique suit la chronologie imposée par la vie de son ancêtre. Les cases son grandes pour mieux montrer la folie humaine et/ou mettre en avant les actes héroïques singuliers pour survivre…
Ma Guerre - De la rochelle à Dachau Rue de Sèvres Page 3
Extrait de la BD page 3
Cette histoire intime, que le héros aurait certainement souhaité oublier, apporte une nouvelle vision des faits historiques et conforte la barbarie et cruauté humaine déchainées lors de cette période. Elle nous le rappelle ainsi simplement et justement afin de ne lutter pour ne plus vivre (ou faire vivre) ces horreurs.
Ce livre est donc à mettre dans toutes les mains des jeunes gens en âge de comprendre.
Un récit important et une belle œuvre de mémoire.

Ciao
Yann

Je vous laisse avec ce documentaire mais attention les images peuvent être difficiles…



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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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