jeudi 28 mars 2024

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Pas à Pas – à l’écoute du Silence de Tanguy Dohollau, la chronique silencieuse

Couverture de Pas à Pas - A l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau chez Des ronds dans l'O
Titre:
Pas à Pas – à l’écoute du Silence

Auteurs :
Tanguy Dohollau (scénario et dessin)

Editeur :
Des ronds dans l’O

Année :
2017

Pages
: 100





Résumé :

Pierre
Ubik travaille comme auteur de BD de science-fiction. Il part
s’installer en province, loin du rythme de la capitale, pour avancer
sur un nouveau projet. Pierre fait alors une rencontre. Une rencontre
qui va petit à petit influencer le cours de ses émotions, de sa
sensibilité, de son regard, bref, de sa vie. Il va en effet croiser
la route de Lucie, une femme qui voit le monde différemment,
puisqu’elle est aveugle…





Mon
avis :

Il
m’est difficile de vous faire un simple compte-rendu de mes émotions
au sortir de la lecture de cette BD. Mais je vais faire de mon mieux
pour partager avec vous mon ressenti. Tout d’abord, évacuons mes
inquiétudes. Au départ, après la rencontre entre les deux
protagonistes de cette histoire, Pierre et Lucie, donc, j’ai eu peur
que la cécité de Lucie n’entraîne les personnages dans une salve
de dialogues intellectuels sur le cinéma de Tarkovski, la peinture
Chinoise de Chu Ta et que ce récit n’aille pas plus loin que cela.
Mais en fait, Tanguy Dohollau a bien dirigé son embarcation. Alors
que je craignais de m’enliser dans cette dérive basé sur le
dialogue, L’auteur tire tout doucement le gouvernail et petit à
petit, pas à pas, Je suis entré dans une autre histoire. L’histoire
de cette rencontre, qui démarre par les mots, seul moyen de
communication que Pierre estime sans doute capable d’ouvrir la
barrière qui le sépare de Lucie et qui évolue vers quelque chose
de plus subtil, de plus sensible, grâce à Lucie. Elle amène Pierre
non pas dans son monde aveugle mais vers une autre manière de
ressentir les choses. Et Pierre se laisse doucement embarquer, comme
moi à la lecture. Rien de flagrant, tout se construit petit à
petit, autant au hasard prémédité des rencontres, que dans les
dessins qui fleurissent sur les pages.

L’art
de Tanguy Dohollau consiste à tracer doucement, l’air de rien,
l’impalpable. Une joue, un peu de sourire, une feuille, la mer et la
vie ressort dans chaque détail que l’auteur nous montre au détour
d’une case.

Si
cette relation se crée autour d’échanges sur la vie de Chu Ta,
peintre de la Chine ancienne, Tanguy Dohollau nous ramène cet
artiste à la vie et réussit, habilement, à effacer les frontières
entre l’instant présent et l’instant passé, et surtout entre la
réalité et le rêve.

Sur
les pas de Lucie, par les yeux de Pierre et la plume de Tanguy, nous
ouvrons notre champ de perceptions. Si Chu Ta laisse des traces sur
la papier, auxquelles son pinceau va donner des formes si vivantes,
Tanguy Dohollau trace des traits. Des traits fins qui s’assemblent
pour former visage, corps, sable, pot. Des traits qu’il sait étirer
vers la forme, la tâche, pour arriver à changer discrètement
l’ambiance et nous rendre magiques certains passages, comme cette
marche sous l’arbre, où le trait devient point, feuille.

Ce
voyage graphique s’adapte tout à fait au récit, voyage initiatique
d’un homme guidé par une femme vers une contrée sensuelle –
laissant la part belle aux sens -. 
Page de Pas à Pas - A l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau chez Des ronds dans l'O

Quand le trait de Tanguy Dohollau rencontre les formes de Chu Ta… 

Lucie
est vraiment un personnage moteur de l’histoire, car – si vous me
passez l’expression – c’est au travers de ses yeux, de ses sens,
que l’on découvre une autre manière de voir le monde. Certes, les
personnages parlent beaucoup et pourtant, à travers leurs mots, au
détour d’un petit quelque chose, on écoute le silence.

Et
le titre reflète tout à fait un élément phare de l’histoire,
cette notion de pas à pas, cette sensation que vous entrez dans
l’histoire en douceur, que la lecture se déroule sans heurt, et
pourtant, à un moment, vous êtes passé de l’autre côté, petit à
petit, avec Lucie, avec Pierre, avec Chu Ta.

De
l’autre côté de quoi ? C’est la question que l’on ne se pose pas
quand on referme cette BD. Moi, je me suis juste demandé « Mais
qu’est-ce qui vient de se passer ? » et j’ai regretté que ma
rencontre avec Lucie se soit achevée si vite.



Maintenant,
elle est à l’image des souvenirs, je peux m’en rappeler, la
redécouvrir dans ces cent pages, la frôler du doigt de la mémoire
mais je ne pourrais plus la revivre comme une découverte, comme une
première fois. C’est peut-être cela le plus douloureux, Lucie ne
vous dira plus de nouvelles phrases, ne vous montrera plus de
nouvelles directions, ne vous fera plus entendre autrement la vie. Ce
qui est vécu par elle repose dans cette BD. Nous n’aurons ni plus,
ni moins. Mais l’important, c’est que pas à pas, en parcourant ce
recueil, nous avons reçu beaucoup, beaucoup plus qu’on ne pensait.

Si
bien que je ne sais plus qui je dois remercier : Lucie ou Tanguy ?



Alors
dans la cacophonie de la ville, au détour des nombreuses étagères
de votre libraire favori, laissez votre mains glisser vers cette
couverture et repartez avec cette belle histoire, promesse d’une
rencontre inoubliable…



Zéda
croise Lucie.



"PINCE EAU" Strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur Pas à Pas - A l'écoute du Silence de Tanguy Dohollau chez Des ronds dans l'O




David
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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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