Scénario : Matz
Dessins : Mayalen Goust
Editions : Rue de Sèvres
Année : 2018
Nombre de pages : 78
Résumé :
1998, Buenos Aires, un cortège de vielle femmes défile dans les rues.
Ce sont les grands-mères de la « plaza de mayo » qui n’ont jamais cessé de manifester pour retrouver leurs petits–enfants disparus pendant la guerre sale d’Argentine.
L’évènement est bien médiatisé et cela interpelle le jeune étudiant Mario.
Il est persuadé d’être l’un de ces enfants disparus car il trouve peu de points communs avec ses parents.
Suite à une discussion avec ces femmes, il décide d’aller faire un test ADN et se fait accompagner par son ami Santiago.
Ce dernier tombant sous le charme de la jeune infirmière se laisse aussi embarquer pour faire le test ADN, usant ainsi de ce stratagème pour revoir la belle.
Les résultats tombent, leurs vies vont être totalement chamboulées.
Mon avis :
Deux artistes que j’apprécie et admire beaucoup: L’excellent scénariste Matz (le tueur, balles perdues, corps et âme, Julio Popper, tango etc…) et la talentueuse Mayalen Goust dont j’adore le style graphique.
Cette histoire inspirée par des faits réels est profondément humaine et belle malgré l’aspect dramatique.
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Le style de Mayalen Goust est toujours aussi original et réaliste.
Son trait est fin, léger, longiligne et vraiment très élégant.
Il permet des détails somptueux tout en passant inaperçus (exemple les ombres des arbres ou bien une bibliothèque pleine de livre en arrière-plan…)
Les planches sont juste visuellement merveilleuses.
Les personnages sont attachants avec des attitudes différentes bien diversifiées et surtouts bien suggérées par le dessin.
Les couleurs sont chaudes et agréables, et choisies avec délicatesse afin de bien mettre en avant les protagonistes et personnages principaux dans chaque vignette.
Les couleurs des backgrounds ou environnement secondaire sont légèrement plus sombres ou ternes afin de ne pas faire focaliser le lecteur dessus.
C’est admirablement bien pensé.
Les techniques graphiques sont aussi variées passant d’un mode type hachuré (pour les arbres et leurs ombres) à l’usage de formes géométriques colorées (scène de bal).
C’est vraiment un travail épatant et magnifique.
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Matz, comme souvent, s’est inspiré de fait réel pour nous édifier une belle petite histoire d’amitié.
L’idée est remarquable, bien amenée tout en délicatesse.
On est loin des scénarios thriller/policier/aventure, parfois violents, que je dirai « habituels » de Matz. Mais il m’avait déjà bien blousé avec « Julio Popper » et « le travailleur de la nuit ».
Là j’avoue qu’avec cette nouvelle petite histoire, j’ai pris ma claque et je suis conquis !
Pas de brutalité si ce n’est le fait historique de la « guerre sale« . La sensibilité est omniprésente, et tout est dans le jeu de dialogue et la suggestion.
Le découpage est classique mais varié avec des cases rectangulaires de toute taille.
Matz explore dans ce scénario l’aspect psychologique de la quête d’identité que chaque individu né sous x ou séparé très tôt de ses parents peut se poser.
Cette histoire est vraiment touchante, et rend un bel hommage à ses familles détruites et représentées par les Grands-mères de la place de Mai.
Voilà une œuvre qui mérite amplement d’être lue.
Ciao
Yann