samedi 18 janvier 2025

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Soeurs d’Ys – la malédiction du royaume englouti de M.T.Anderson et Jo Rioux aux éditions Rue de Sèvres

Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti aux éditions Rue de Sèvres

Titre : Soeurs d’Ys – la malédiction du royaume englouti

Scénario : Matthew Tobin Anderson
Dessins et couleurs : Jo Rioux
Editions : Rue de sèvres
Année : 2020
Nombre de pages : 224

Résumé de « Soeurs d’Ys – la malédiction du royaume englouti » : 


Ys, cité légendaire merveilleuse érigée par le bon roi Gradlon de Kerne, bénéficie d’un rempart « magique », édifié par la reine Malgven épouse du roi, la protégeant des caprices de flots. La mort brutale de Malgven laisse au roi un grand désarroi, et un lourd héritage à porter par leurs deux filles : Rozenn l’ainée, et Dahut la cadette. Toutes deux sont dotées de pouvoirs. Rozenn, fille héritière du trône, se désintéresse totalement de cette tâche, préférant jouir de la nature qui l’entoure et vivre simplement. C’est donc Dahut, qui œuvrera aux affaires royales. Elle y découvrira ainsi une vie faste mais aux intrigues nombreuses. Elle-même s’y compromettra…
Peu à peu les deux sœurs s’éloignent, et de lourds et sombres secrets se révèlent au sujet de leur ville et des liens de leur mère… Jusqu’au moment où le lien fraternel se rompt définitivement.
Le sort de la glorieuse Ys en est scellé.

Mon avis sur « Soeurs d’Ys – la malédiction du royaume englouti » :

Voici une superbe revisite du mythe celtique de la grandiose cité d’Ys. 
Ce livre est beau et volumineux ! 
La couverture et la tranche font l’objet probablement d’un marquage à chaud de leurs lettrages dorés. 
Au touché c’est du plus bel effet, une petite sensation de relief, et cela annonce la qualité du contenu.

Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti aux éditions Rue de Sèvres planche 28
Planche 28 de la BD


Le scénario de M.T.Anderson pour « Soeurs d’Ys – la malédiction du royaume englouti » :

Matthew Tobin Anderson revisite admirablement cette vieille légende bretonne de la cité d’Ys. 
Il existe de nombreuses versions de cette légende et les « puristes » s’apercevront bien vite des différences existantes entre cette version et « l’originelle ».
Le scénariste a donc puisé son inspiration dans trois des interprétations parmi toutes les récits existants :
– Le Foyer breton, Contes et Récits populaires d’Emile Souvestre,
– Les Grandes Légendes de France d’Edouard Schuré,
– Le Roi d’Ys, livret pour l’opéra d’Edouard Lalo de Edouard Blau.
Au-delà de l’histoire mystérieuse pleine de magie, M.T.Anderson revient sur les liens psychologiques liés aux fratries. 
En effet l’histoire focalise essentiellement sur la relation entre Rozenn et Dahut, deux sœurs que tout oppose.
Rozenn, l’héritière « légale » du trône, aspire à une vie naturelle et simple, et par conséquent s’éloigne du faste et des obligations dues à son rang.
Dahut, quant à elle, se sait être la cadette et donc sans prétention au trône. Possiblement par une pointe de jalousie, elle profite du désintérêt de son aînée pour essayer de prendre en main le royaume…
Dépassée par les évènements, elle va finir par reprocher à sa grande sœur son « laxisme » au point d’en devenir encore jalouse, et aller ainsi droit à la catastrophe…
Ce scénario illustre bien les tensions qu’il peut exister dans les familles quand un héritage d’un fort enjeu est à se disputer…
La narration de la légende est essentiellement graphique, afin de bien faire ressortir le côté enchanté de l’histoire. 
Les dialogues n’en sont pas pour autant laisser en reste.
La magie tient donc la part la plus essentielle de la saga. Sans elle, l’angoisse ne se créerait pas. Elle est donc omniprésente dans toute la fable.
Tantôt obscure, tantôt joyeuse, on sent parfaitement l’équilibre du bien et du mal, du yin et du yang (d’ailleurs ce symbole me rappelle étrangement les flots tumultueux du récit…), dans la nature environnante, à l’image de la dualité entre ces deux sœurs.
Mais plus on avance dans l’épopée, plus cet équilibre tend à se rompre, et conduire à une conclusion certaine. 
Les protagonistes n’y échapperont pas sans sacrifices pour rétablir l’équilibre harmonieux… Et c’est là, pleinement, que le suspens réside et que l’auteur nous dévoile tout son talent !!! 
Malgré tout, en connaissance du final attendu, le lecteur s’y prend espoir, et en sera récompensé ou pas…
En bref la revisite de ce mythe est particulièrement bien imaginée et conçue. 
L’artiste a réussi à conserver un superbe suspens jusqu’au bout, et cela même quand le lecteur en connait déjà le final.
Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti aux éditions Rue de Sèvres planche 32
Planche 32 de la BD

Le dessin de Jo Rioux pour « Soeurs d’Ys – la malédiction du royaume englouti » :


Le dessin de Jo Rioux est original. 
Le trait est épais, très souvent en rondeur ou en courbe, inspirant le mouvement perpétuel telles les eaux d’un océan, et donnant une petite facette enchanteresse, agréable, à l’image de la magie environnante du récit.
Les personnages sont très caractéristiques, avec des visage « allongés », des nez fins, des chevelures soignées, de grands yeux qui ne laissent pas indifférent et qui véhiculent toutes les émotions, etc…
Les couleurs choisies sont sur des tons assez ternes (pas de couleurs vives bien flashy), plutôt automnales. 
Elles semblent adaptées à la légende du climat de la région, et en plus elles accentuent la part obscure de l’allégorie que nous lisons. 
Et comme presque de fait exprès, la sortie de la BD est arrivée presque au début de la saison d’automne…
Les mises en scènes se focalisent essentiellement sur les protagonistes allant du gros plan au plan d’ensemble ou paysage.
Le découpage est efficace, avec de grandes cases aérées non délimitées par la droiture d’un trait, et dont les arrières plans sont la plupart du temps dénués de détails préférant combler le vide par des dégradés ou effets de couleurs.
Les vignettes sont peu nombreuses par page, majoritairement de trois à cinq cases, mais l’auteur nous offre aussi de sublimes pleines page ou double pages.
L’ensembles des techniques, artifices et talents de dessins et de colorisation, évoque une ambiance sombre et oppressante fort adaptée.
En bref, ce style assez marginal, convient à merveille pour illustrer les histoires mythologiques et fantastiques d’un tel acabit.
Soeurs d'Ys - la malédiction du royaume englouti aux éditions Rue de Sèvres planche 24
Planche 24 de la BD

Les artistes ont su suggérer graduellement le stress et la pression au lecteur pour aboutir au drame final tant attendu. 
Ils ont admirablement su nous immerger dans les flots tumultueux et envahissants de la cité d’Ys et sa légende.
C’est un beau travail presque magique !
Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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