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Mission in the Apocalypse T1, la BD qui cherche le passé
Série : Mission in the Apocalypse
Titre : Tome 1
Auteurs : Haruo Iwamune (scénario, dessins)
Éditeur : Delcourt
Collection : Moonlight
Année : 2024
Pages : 224
Résumé d’une épidémie de destruction massive :
Saya parcourt les quartiers d’une grande ville dans un monde frappé par le mal cristallin. L’humanité a quasiment disparu. Saya a pour mission de ramener d’éventuels survivants dans des abris et d’assainir les zones contaminés en faisant brûler les cadavres trouvés. Seule dans une grande mégapole en ruines, à l’abandon, elle effectue sa mission, jour après jour…
Le scénario d’un récit tout en douceur:
Le Mal cristallin a ravagé la terre, il a été apporté par des créatures étranges dont les cadavres géants ornent les buildings de la ville. Saya, d’ailleurs, ne sort jamais sans son arme. Et pourtant, accompagné d’une sorte de petit lapin baptisé Kû, elle traverse la ville doucement, descendant les escaliers, montant les étages, ouvrant les portes, ramassant les cadavres… Cette BD joue très peu sur l’action, les rebondissements explosifs, mais bien au contraire, dans cette ville dévastée, le récit pose une ambiance de résilience. Le monde tel que nous le connaissons n’est plus, il faut maintenant le soigner et construire le monde d’après. Et d’ailleurs, on n’est plus à l’étape de la construction, mais juste des soins.
Malgré cette ville vide, Saya fait toujours des rencontres, vit des moments curieux, qui font naître beaucoup d’émotions à la lecture. Dans sa routine quotidienne où il y a quelques moments de joie et aussi de tension, c’est surtout la découverte de l’histoire des autres que ce manga nous apporte. Saya est le dernier témoin qui récupère, au hasard de sa mission, des fragments de vie passées, brutalement interrompues. Elle reconstruit le quotidien de ceux d’avant. Les huit chapitres de ce premier tome jouent sur un contraste étrange. Un monde post-apocalyptique dévasté et un calme olympien. D’ailleurs, Saya ne s’énerve jamais. Elle court peu. Elle effectue son travail, jour après jour. Ce calme n’est pas celui qui précède la tempête, mais bien celui qui lui succède. Le pire est derrière. Maintenant, il faut recoller les morceaux.
Le dessin grandiose d’une cité délabrée :
On retrouve le classique du style manga dans le graphisme des personnages – devrais-je dire du personnage -, grands yeux, encrage très fin, petit nez. Les décors sont hyper-réalistes et la BD en noir et blanc jouent avec des trames de gris ou plutôt des nuances de gris. Car nous n’avons pas des trames à micro-points comme on peut en voir dans d’autres séries, mais bien tout un travail de hachures à la main qui permet de créer des trames différentes, donnant texture et volume aux murs.
Ce travail de précision est remarquable et visible derrière Saya quand elle se promène. Mais il prend une autre ampleur quand on découvre ces plans sur la ville abandonnée, en ruines, où se dressent des buildings éventrés et des cadavres de colosses.
Ce qui me permet d’aborder les décors, très beaux, dessinés avec patience et passion, probablement. Les longues marches de Saya au fond de ces souterrains bétonnés, dans ces rues désertes, le tout au cœur d’un silence de mort, ajoutent au fil des cases une ambiance discrète mais imposante. Le moindre bruit ne nous fait pas sursauter de peur, mais attire notre curiosité. Enfin, un survivant ? Pas forcément. Ou pas au sens où on l’entend.
La composition mêle des cases de différentes tailles, nous permettant de prendre conscience de ce grand vide qu’est devenu le monde.
Conclusion d’une BD d’ambiance :
Ce manga surprend car il nous prend à contrepied, dans ce monde détruit par la maladie. Pas de guerre de survivants, d’ambiances lourdes… Plutôt un quotidien certes dangereux, mais serein, ouvrant de belles séquences d’émotions.
Zéda rencontre Saya !