Les Bistrots
Auteurs :
Collectif (François Guindon, Rabaté, Fane, Sfar, H.L.M, Fondas,
Bibeurlu, Gaston, Valérie, Qwak, Vincent Hardy
Vents d’Ouest
1994
: 48
série de textes et de petites BD sur le thème des bistrots. On va
du fantastique à l’historique, du contemporain au passé, du texte
illustré à la bonne vieille BD mais ce qui est sûr, c’est qu’on y
va avec humour ! Le rire est en effet le point commun à toutes ces
histoires écrites et dessinées par moult dessinateurs et
scénaristes ayant accepté avec gentillesse de se prêter au jeu.
avis :
BD à mettre entre toutes les mains ou presque ! Si vous êtes en
recherche de drame métaphysico-social, passez votre chemin – et
encore, quoique… – . Ici, on a le rire léger et les mains grasses.
Les mains grasses, car c’est ce qui attend toute personne se mettant
à lire un livre parlant de bistrot, de nourriture, de recettes et
d’histoires liées à la cuisine. Et le rire léger car c’est
l’ambiance générale du recueil. Bien sûr, ce rire peut être noir,
comme « La surprise du Chef » de Valérie et Qwak,
tendre, comme « la Soulographie » de Joan Sfar, déjanté
comme « L’aventure de l’auberge bizarre » de Gaston ou
encore touchant, comme « Chez Yvonne » de Guindon et
Rabaté et j’en passe. Car ce sont treize petits hors d’œuvres qui
vous seront servis à température ambiante ! Treize histoires
parfois liées entre elles, ou pas du tout.
à travers ces récits, ce sont surtout des univers complètement
différents que vous pourrez suivre avidement, en vous pourléchant
plus ou moins les babines selon vos préférences. Les chutes ne sont
pas toujours étonnantes, certaines sont même prévisibles, mais
heureusement d’autres pas du tout. Une chose est sûre, vous ne
devriez pas regretter le voyage.
histoires courtes impliquent qu’il vous faut vite rentrer dedans.
Parfois, on vous présente les enjeux et parfois, cela démarre in
media res, comme on dit chez nos amis latinistes, comprenez en plein
cœur de l’action.
histoires diffèrent certes par leur ton, mais il ne faut pas oublier
non plus une des forces de ce recueil, le choc d’univers graphiques
divergents.
trait doux de François Guindon se heurte à la noirceur de Qwak, la
tendresse de Sfar et son Ossour Hyrsidoux dénote devant la brutalité
du Docteur Justesse de Fondas.
ne pourrais pas vous passer en revue tous les styles abordés dans cette BD. Ce que l’on pourra constater, c’est que la truculence du sujet
a fait éviter toute tentative de noir et blanc. Les Bistrots
regorgent donc de couleurs, chaque auteur les utilisant à sa guise.
Et de fort belle manière, pourrais-je rajouter. La magnifique
obscurité crayonnée de Qwak, les teintes criardes de Fondas et les
couleurs résolument naïves, claires, de H.L.M sont toutes en
opposition et pourtant, tout cela se rejoint sans difficulté au
cours de la lecture.
Finalement,
si c’est un loisir agréable parfois de se poser dans un bistrot,
vous y asseoir avec cette BD entre les mains devrait vous permettre
de briser la glace. En effet, sa curieuse couverture, un napperon
culinaire blanc rayé de rouge avec un beau médaillon présentant un
gros cochon qui déborde de l’espace lui étant imparti et cette
police typique des bistrots et de certains cafés attireront
probablement l’attention des gens qui vous entourent.
cette couverture ne vous laisse pas du tout présager de ce que vous
allez trouver à l’intérieur !
les mises en page restent classiques car ce sont le trait et
l’histoire qui apportent le plus souvent l’originalité, il est une
exception de ce point de vue – non, pas l’originalité de
l’histoire, mais la mise en page – c’est la « Recette
surprise » de Vincent Hardy qui propose un cadrage vertigineux,
où chaque page est un dessin pleine planche sur lequel se posent des
cases de toutes tailles. Et ce grand dessin – qu’on ne distingue
pas forcément au premier regard – a pourtant toute sa place dans
la narration.
petit régal d’histoires courtes, de BD-nouvelles, devrait vous
permettre de faire une pause et de retrousser vos zygomatiques. Bien
sûr, la diversité des styles peut surprendre et vous rebuter au
premier abord mais il ne faut pas hésiter à vous y plonger et vous
trouverez probablement votre bonheur, un petit plaisir qui n’a rien
de coupable, et le tout avec un bon petit blanc à la main assis au
comptoir pour vous imprégner de l’ambiance !
et son pote se posent aussi au bar !