L’Épée de Cristal T1
Le Parfum des Grinches
Auteurs
: Crisse (dessin) Goupil (scenario) Laurent Carpentier & Annick
(couleurs) Dom (lettrage gothique)
Vents d’Ouest
1989
se meurt. Non, ce n’est pas une herbe aromatique, mais bien la
gardienne du pentacle des Gestalt. Derrière ce nom barbare aux
sonorités allemandes se cache l’équilibre du monde d’héroic
Fantasy où vit Zorya, appelée à remplacer l’Aneith après son
décès. Mais avant, il y a un petit souci : il faut régénérer le
pentacle, et donc aller à la rencontre du vieux Brisbane, puis à la
quête du premier des cinq maîtres, le maître de l’odorat, mais le
Néant, grand maître du mal -oui, ça fait beaucoup de maîtres au
mètre -, envoie son fidèle Argas mettre des bâtons dans les roues
– plutôt les gambettes – de Zorya…
avis :
monde peuplé de créatures étranges, des maîtres des sens, une
gardienne et un grand méchant qui a tout ce qu’il faut pour vous
faire frissonner, sauf un cerveau. Parce que quand même, envoyer une
chiffe molle comme Argas pour arrêter la guerrière qui a récupéré
l’épée ultime, et s’énerver quand il échoue, faut être un brin à
côté de ses bottes.
les plans du mal sont impénétrables, comme on dit.
dehors de tout cela, revenons à notre intrigue ! La quête en
elle-même recèle sa part de mystère, même si je trouve que tout
va assez rapidement. Zorya est escortée par deux compagnons de
route, Molia et Mokla qui, plus tard, sera appelée Molka – tout
comme la Gestalt devient de temps en temps la Gestal -. Puis le vieux
Brisbane et son jeune – quoique – assistant Théome se joindront
à la quête. Bon, Théome est louche, en tout cas, il semble bien
louche.
monde en lui-même ne nous réserve pas de grandes surprises. La très
bonne idée est la cour du Néant, composée de laquais serviles qui,
sous l’influence de leur maître, passent leur temps à crier et
« émettre » ainsi à travers le monde, du coup, certains
des sept pêchés capitaux. On en frissonne encore.
il est vrai que les obstacles sont plutôt cachés. Car les ennemis
apparents, comme Argas, auront tendance à faire plus rire que peur.
pour ne pas être originale, la quête de nos héros n’en est pas
moins dangereuse car bien avant la fin du premier tome, le sang va
couler et la mort va frapper. Se pose alors la question, Zorya
réussira-t-elle à mener sa quête à bien ?
réponse se trouve dans les quatre tomes suivants. En effet, les
auteurs ont joué à fond la carte du monde, il y a cinq sens, cinq
maîtres et donc cinq tomes ! Le premier consacré au maître de
l’odorat s’appelle le parfum des grinches. Ce qui vous laisse des
idées sur les titres des albums à venir.
contre toute apparence, les tomes suivants vont quand même nous
réserver quelques belles surprises.
ma part, si j’ai pris du plaisir à relire ce tome un, ce n’est pas
grâce à l’originalité de l’histoire, vous vous en doutez, mais
grâce au dessin de Crisse.
Crisse nous rend palpable ce monde. Même si son trait reste assez
stylisé, les personnages ont des poses totalement expressives, des
visages chargés d’émotion et tout ce petit univers est complètement
organique.
appréciera les poses travaillées mettant en avant la souplesse du
corps mi-félin féminin de Zorya. Vous trouverez toujours de petites
bestioles qui traînent, soit ayant un rôle à venir, soit étant
plus la trace de la vie qui grouille partout dans ce monde.
énorme grand point au Néant, dont le look marquera longtemps vos
mémoires et dont le langage en étranges lettres tranche avec le
reste des habitants de la Corne Céleste.
décors sont chargés et – comme je le disais précédemment –
pleins de vie. Châteaux, grottes, rivières souterraines, jardins
magiques, tout vaut un petit coup d’œil.
couleurs reflètent la magie qui flotte en ces terres étranges. Et
même la nuit n’est pas si sombre. Au début de cette quête, le mal
ne s’est pas encore installé et les teintes sont claires, mélangées,
chaleureuses. Pour l’instant…
découpage repose sur des planches de une à cinq bandes composée
chacune de une à six cases. Crisse fait varier ce découpage en
faisant se chevaucher les cases, en les divisant, en jouant sur leur
largeur ou leur hauteur afin de coller le mieux à l’action. Ce que
je trouve dommage, c’est que les bandes de petites cases semblent
vite chargées et auraient gagné à être découpées en cases plus
grandes. Mais quand le dessin prend de l’ampleur, c’est très
agréable et on profite alors pleinement de la plongée dans cet
univers fantastique.
angles de vue varient et font intervenir des plongées de temps en
temps, insistant discrètement sur une situation ou faisant ressortir
une émotion.
héroïne très sexy, au caractère honnête, dévouée à la
sauvegarde de sa maîtresse, l’Aneith, est le moteur de l’aventure.
Dans ce premier tome, elle est un peu dépassée par les événements.
Mais cette héroïne féminine va mener la quête au péril de sa
vie. De plus, entre l’Aneith, Molka – Mokla selon les bulles –
le nombre de femmes de l’histoire ne se limite pas à l’héroïne. Et
c’est tant mieux. Crisse, bien qu’ayant donné de fort jolies courbes
à Zorya, veille à ce que la jeune femme ne joue jamais de ses
charmes. D’ailleurs, dans son comportement, elle ne semble elle-même
pas avoir conscience de sa beauté. Et c’est tant mieux, car ce sont
du coup les autres facettes du caractère de Zorya qui nous
apparaissent.
en 1989, Zorya n’est sans doute pas la première héroïne
d’histoires médiévales fantastiques. Mais avec cette Epée de
Cristal, Crisse et Goupil ont créé un beau rôle féminin et je
vous recommande de lire l’intégrale de cette courte série pour vous
en rendre compte car c’est avec le développement de l’intrigue que
l’originalité pointe le bout de son nez.
rencontre Zorya, ça sentirait le parfum des grinches ?