Titre: Le Sermon du Tengu sur les arts martiaux
Auteurs: Sean Michael Wilson (scénario) et Michiru Morikawa (dessin)
Année: 2014
Type: Seinen
Éditeur: Budo
Le Sermon du Tengu sur les arts martiaux est un recueil d’histoires courtes mettant en scène des animaux, des esprits ou encore des hommes.
Les Tengus sont des créatures que l’on retrouve dans le folklore japonais. Souvent représentés sous forme d’animaux anthropomorphes, les Tengus se voient affublés de longs nez, d’ailes ou de becs. On leur attribut en général de grandes connaissances dans le domaine des arts martiaux.
L’ouvrage compte 8 histoires séparées en 4 chapitres.
Précédent chaque chapitre, un morceau d’histoire est racontée, formant ainsi à la fin une histoire complète se clôturant sur le huitième chapitre. Un jeune garçon qui souhaite maîtriser l’art du sabre et se baladant dans une forêt va surprendre la conversation de quatre Tengus. Chacun expliquant sa vision et sa philosophie de l’art du combat au sabre et de la conscience de soi et de son esprit au travers de la maîtrise du chi (ou ki).
L’édition de ce manga est plutôt belle et est de bonne qualité. La jaquette plastifiée dans des tons rouges et noir est brillante et représente un Tengu ressemblant à un oiseau. La couverture cartonnée en dessous, représente la même illustration imprimée en rouge sur fond blanc. Le manga de 160 pages est ensuite totalement en noir et blanc sur un papier classique.
A noter que la publication est dans le sens de lecture français, à lire donc de gauche à droite.
Comme le nom du manga l’indique, chaque histoire est une sorte de sermon. Tirée des écrits du samouraï Issai Chozanshi (1659-1741), cette version illustrée met en scène des personnages, la plupart du temps statiques et qui discutent ou débattent, presque religieusement des thèmes évoqués dans les résumés présenté plus bas dans cet article.
Le dessin est plutôt classique et emprunte des traits aux tentures japonaises. En cela son classicisme en fait un dessin de manga plutôt original, loin des œuvres à succès que nous connaissons.
Nous remarquerons aussi l’utilisation récurrente de trames pour mettre en avant les ombrages ou certains effets de style.
L’ensemble n’étant pas très dynamique, n’essayez pas de lire cet ouvrage comme un manga classique. Il faudra mettre à profit le découpage en plusieurs chapitres pour avancer petit à petit.
L’important finalement, ne sera pas les histoires, ou les mises en scène, mais le contenu de celles-ci et les dialogues qui composent chaque chapitre.
Idéal si vous êtes d’humeur philosophe ou si vous aimez pousser la réflexion sur les différents thèmes abordés, le manga s’avérera plutôt rébarbatif, voire plat, si vous recherchez de l’action et des combats.
Je vous conseille donc de le lire au calme, dans un environnement propice à la réflexion, ou le soir avant d’aller vous coucher.
Chaque histoire courte étant indépendante, il est difficile de synthétiser l’ensemble de ce manga en quelques mots.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, voici donc un résumé des chapitres composant cet ouvrage.
La métamorphose du pinson et du papillon: raconte l’histoire d’un pinson qui voit une chenille devenir papillon et s’interroge sur son propre avenir. Le pinson a entendu qu’il deviendrait palourde. Pour lui qui a eu une vie de liberté jusque là, comment se faire à l’idée de devenir un animal inerte et ballotté au gré des courants. Heureusement, le papillon ayant connu la métamorphose va le rassurer sur l’essence et l’esprit qui est en chaque être.
Rencontre en songe avec les Dieux de la pauvreté: est l’histoire d’un homme pauvre qui prie chaque jour les Dieux de la bonne fortune. Pourtant ceux-ci ne semblent pas répondre à ses prières. Un jour dans son sommeil, il se retrouve au royaume des Dieux et remarque des personnes aux allures de mendiants, jouant de la musique. Ils semblent prendre beaucoup plus de plaisir que les Dieux de la bonne fortune. Allant à leur rencontre, il va discuter avec ceux qui sont en réalité les Dieux de la pauvreté qui vont lui la vraie nature du bonheur et de l’accomplissement.
Les plus grandes joies de la cigale et de la dépouille de sa chrysalide: raconte l’histoire d’une cigale tout juste sortie de sa chrysalide à qui elle va expliquer qu’elle doit se séparer d’elle pour vivre sa nouvelle vie. La chrysalide ne lui en tenant pas rigueur, va expliquer à la cigale ce qu’est le bonheur et comment profiter simplement de la vie en laissant faire le cours des choses.
La clairvoyance du hibou: raconte l’histoire d’un hibou, posé tranquillement sur une branche. L’animal est alors rejoint par un faucon qui le trouve pathétique. D’autres oiseaux se moquent également de lui. Et pourtant le hibou garde son calme et explique à tous, que chacun naît avec des attributs qui lui sont propres et qui peuvent être un peu différents par rapport aux autres animaux. Et pourtant chacun a sa place et il faut prendre sa condition telle qu’elle est et s’en accommoder.
Le mille pattes interroge le serpent: l’animal muni de plusieurs pattes souhaiterait parfois pouvoir voler. Il ne comprend pas que le serpent puisse se déplacer si facilement alors qu’il n’a aucune patte. S’en suit une discussion sur la nature des choses et la voie du ciel.
La voie sacrée du crapaud: c’est l’histoire d’un rat qui prie tous les jours pour la disparition des chats, leurs pires ennemis. Puis un jour un crapaud vient à sa rencontre et lui explique que souvent les prières des gens sont égoïstes et qu’il faut pouvoir se purifier de l’intérieur comme de l’extérieur.
La mystérieuse technique du chat: alors qu’un rat s’est introduit dans une maison, le maître des lieux fait appel aux chats du quartier, réputés pour leur vivacité et leur capacité à chasser. Pourtant aucun ne parvient à éliminer le rongeur. L’homme va donc faire venir un vieux chat tout calme, qui viendra à bout du rat en quelques secondes, entraînant l’émerveillement des jeunes. Le soir venu tous les jeunes chat se regrouperont pour demander au plus âgé d’où lui vient sa technique. Il leur expliquera les vertus du chi et la nécessité de la conscience de soi.