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Esprits & Créatures du Japon, une BD qui mêle fantastique et tradition
Titre : Esprits & Créatures du Japon
Auteur : Lafcadio Hearn (texte), Benjamin Lacombe (dessins)
Éditeur : Soleil
Collection : Métamorphose
Année : 2020
Page : 172
Résumé d’un récit aux saveurs multiple:
Un jeune homme qui cherche l’amour rencontre un samerabito, ou homme-requin, un samouraï sacrifie sa vie pour sauver son cerisier, un homme a la vision d’un bouddha sur un éléphant à six cornes… D’où viennent ces multiples statues de renard au museau brisé à l’entrée des temples de la divinité Inari ? Qu’est-ce qu’un Kappa ?
Scénario d’histoires singulières:
Benjamin Lacombe avait déjà illustré un choix de nouvelles de Lafcadio Hearn issu de son livre Kwaidan. Il recommence et mélange d’autres nouvelles fantastiques et des textes issus du « Japon Inconnu, esquisses psychologique » ou encore de « glimpses of unfamiliar Japan ». Dans les écrits de Lafcadio Hearn se croise ce merveilleux que l’on trouve dans le fantastique Nippon, des légendes prenant vie, semblant illustrer des contes cent fois racontés et pourtant différents. A côté de cela, des écrits relevant de recherches de l’auteur et présentant l’aspect concret de certains récits, comme ce qui tourne autour de Kitsune.
Lafcadio Hearn rend en quelques phrases une ambiance magique, il pose un mystère où les morts et les esprits ne sont pas les ennemis, ils vivent dans un monde à la lisière du nôtre et l’on se croise parfois. Ils ont leurs vies, leurs enjeux, leurs sentiments.
Les contes varient de quelques pages à une vingtaine. ils sont plus ou moins longs, et pourtant, on a toujours l’impression que la nouvelle s’efface à peine terminée, comme si on venait de la commencer. Cette impression curieuse à la fin du recueil que tout est allé trop vite, comme le héros de la nouvelle « Le rêve du papillon et de la fourmi » qui vit vingt-trois ans de son existence le temps d’un rêve de quelques minutes. Et c’est sans doute pour cela que c’est cette histoire qui clôt le recueil. Notre étonnement est le même au sortir de notre immersion dans ce monde étonnant de légendes et de d’inconnus. Un voyage trop vite passé…
Le dessin magique:
Benjamin Lacombe parvient à saisir avec talent l’instantané de ce monde. Même si ce livre se rapproche plus du roman illustré que de la BD, la magie nous envoûte tout autant. Le dessin doux, intrigant mais conciliant nous propose tout au long de ce tome une galerie de personnages, tous effectivement « esprits et créatures du Japon ». Qu’ils soient dans des décors naturels, comme ce magnifique tétraptyque mettant en scène des Kitsune à chacune des quatre saisons de l’année, ou sur des fonds de couleurs, comme cette esprit papillon, tous ces personnages ressortent et nous invitent à les rejoindre, à nous asseoir près d’eux, et à écouter leurs histoires.
La douceur des récits de Lafcadio Hearn trouve de magnifiques illustrations avec les dessins de Benjamin Lacombe. Intégrant ces éléments de culture Japonaise, cet aspect éphémère de l’Ukyo-e, Benjamin Lacombe garde pourtant son propre style, et nous offre une palette de couleurs inoubliables. Les textures de ces kimonos que l’on pourrait frôler, cette neige qui étouffe même le bruit des pas, ces plantes aux senteurs inconnues, tout nous appelle dans ces dessins imaginatifs.
Conclusion d’un livre illustré à l’harmonie enivrante:
Ce nouveau recueil illustré nous amène effectivement à un équilibre réussi, une harmonie enchanteresse entre le monde magique et notre univers, entre texte et image, entre nos différents sens. Il nous donne l’impression d’effleurer ce temps suspendu.
Zéda rencontre une Kitsune.
