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Des étrangers dans les lavandes, la BD d’une rencontre
Titre : Des étrangers dans les lavandes
Auteurs : Serge Scotto (scénario), Emmanuel Saint (dessins)
Éditeur : Delcourt
Collection : Hors Collection
Année : 2024
Pages : 104
Résumé de l’histoire d’un bouleversement :
Tonin est en train de réfléchir sur sa vie quand il voit passer le fou du village, puis une petite fille criant à tue-tête, « ils arrivent, ils arrivent ». Tonin laisse couler. Il a autre chose à penser. Mais au village, le maire, François Boutiquet, sait très bien de qui il s’agit e prépare l’accueil en grande s pompes, enfin, en grands pompes à l’échelle d’un petit village provençal…
Le scénario d’un récit qui sent bon la lavande:
Serge Scotto nous offre une histoire très humaine. Tonin, Antoine de son vrai prénom, se confronte à un deuil lourd qu’il porte depuis des années sans réussir à le surmonter. Son ancien ami, le maire, doit trouver des solutions pour que son village ne dépérisse pas à cause de l’exode rural.
Effectivement, nous sommes dans les années soixante-dix, et en plus de traiter d’un personnage humain face au gouffre, Serge Scotto aborde des problèmes de l’époque, que l’on peut facilement projeter à notre situation actuelle.
Exode rural et boat-people sont au programme de cette BD provençale, qui met à mal les idées reçues sans négliger, justement, de les faire apparaître. L’histoire émouvante se déroule sans retournement de situation, et le récit sait passer de la comédie au drame.
Les personnages secondaires permettent de souffler ,de décompresser de l’intrigue principale, dure et âpre, le deuil de Tonin et sa rencontre avec les nouveaux arrivants. De même, ses disputes avec le maire, conflit homérique, sont drôles, mais en même temps, à double tranchant, car chacun balance ses vérités à l’autre, et au final, on ne sait pas vraiment quelles sont les vraies motivations de chacun. Ce qui contribue à nous garder dans l’intrigue. A noter une certaine violence dans une scène, qui choque et nous rappelle que la violence n’est pas la bonne réponse à la violence.
Le dessin en plein air :
Emmanuel Saint sait nous rendre palpable la Provence, avec ces décors naturels, ces grands espaces secs, ce village qui part en ruines. Il parvient aussi à nous rendre crédibles ces personnages, parfois archétypaux, mais toujours humains. Son encrage au pinceau donne corps au personnage. Les décors réalistes sentent bon cette lavande évoquée dès le début du récit ainsi que les terres du Sud.
Conclusion d’une BD aux thèmes multiples:
En brassant les thèmes, l’histoire parvient à nous faire prendre conscience de problèmes sociaux, tout en nous racontant le parcours d’un homme pour surmonter la perte d’un être cher.
Zéda rencontre Tonin !