vendredi 29 mars 2024

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Nungesser de F.Bernard et Aseyn

Nungesser Casterman
Titre : Nungesser
Scénario : Fred Bernard
Dessins : Aseyn
Editions : Casterman
Année : 2015
Nombre de pages : 148

Résumé :

Charles Nungesser quitte le nid familial dès ses 15 ans pour découvrir la vie. Etant ainsi fort vaillant, il part rejoindre un oncle au Brésil avec des rêves de fortune… Il mettra cinq ans à le retrouver… entre temps il aura le loisir de découvrir la mécanique automobile et aéronautique, de devenir pilote, et de vivres bien des mésaventures et des joies (avec les femmes notamment)…
Il restera deux ans aux côtés de son oncle et construira un aéroplane, avant de rentrer en France en 1914.
Son patriotisme le poussera à s’engager dans l’armée pour aller faire la guerre… en simple fantassin.
Mais un de ses faits d’armes lui attirera l’attention d’un général qui lui donnera le choix de son affectation : il choisira l’aéronautique ! Il deviendra ainsi un As…
Il continuera sa passion pour les avions après la guerre, mais malheureusement celle-ci lui vaudra certainement sa mort en 1927 lors d’un défi pour traverser l’Atlantique à bord de l’Oiseau Blanc.

Mon avis :

Voilà une BD se voulant être la biographie d’un homme qui a su faire de sa vie une légende.
Charles Nungesser a eu donc une destinée bien atypique.
Charles Nungesser et l'oiseau blanc extrait du ministère de la défense
Charles Nungesser à bord de l’Oiseau Blanc
Et ce projet de BD n’est, pour une fois, pas né de l’esprit d’un dessinateur ou scénariste, mais bel et bien de la passion d’un éditeur (Didier Borg à l’époque pour Casterman) pour cet aviateur.
Il confiera ainsi sa passion et ce projet au scénariste/dessinateur Fred Bernard. Celui-ci, par manque de temps, choisira et confiera finalement judicieusement le dessin à l’artiste Aseyn pour ce projet, et cela fait une superbe alchimie.
 

Nungesser BD Casterman Page 31
Extrait de la BD page 31

Le dessin :

Cet ouvrage, en noir et blanc, ressemble finalement beaucoup plus à un roman graphique qu’à une BD.
Le trait de Aysen est superbe, délicat et dynamique à la fois, et léger et suggestif. Un vrai trésor visuel !
Aysen a une technique de dessin bien particulière mais très appréciable !
Les traits semblent s’effacer par moment comme pour un manuscrit vieilli… Par moment le dessin semble avoir été fait par une tracé léger et continu, d’une traite sans lever la main, et paraissant non abouti mais cela fait un petit effet romancé et poétique non négligeable.
Une technique si j’ose dire « aérienne » particulièrement appliqué pour les scènes de vol.
Ce dessin est vraiment splendide et instaure une belle ambiance de fraicheur et de liberté.
A contrario, les scènes au sol, font souvent l’objet de beaux aplats de noir histoire de bien nous remettre les pieds sur terre.
Aysen s’est aussi fortement documenté notamment pour suffisamment détailler les beaux bombardiers Voisin III ou le Nieuport « Bébé » et le Nieuport 17 ou bien le légendaire oiseau blanc (biplan Levasseur).
Nieuport 11 Bébé source Wikipédia
Nieuport 11 « Bébé »
Les personnages sont beaux, particulièrement réalistes et ayant tous évidement existé.
Les mises en scènes, surtout les aériennes, sont incroyables et l’on ne devine certainement pas le nombre d’heures passées derrière l’écran pour atterrir à ce résultat…
Et oui Aysen, selon ses dires, a totalement travaillé sur ordinateur ! (voir l’article https://www.ligneclaire.info/bernard-aseyn-29381.html)

Rien à dire, graphiquement le dessinateur nous a fait voler au septième ciel…
Nungesser BD Casterman Page 96
Extrait de la BD page 96
Le scénario :

Le scénario n’est ni plus ni moins une biographie séquentielle du personnage Charles Nungesser.
Sa vie atypique se prête évidement parfaitement bien à une BD.
L’histoire est riche en évènement et reflète parfaitement vie et anecdotes du personnage.

La petite idée en plus vient de l’excellent travail de narration, voie off portée par le personnage « d’Emilie », l’amoureuse et la maîtresse de Nungesser.
Cela donne une grande touche romancée sympathique, d’autant que l’on peut s’interroger sur l’existence réelle de la dite « Emilie », et qui nous procure une petite émotion finale et un certain attachement à ce héros dandy d’une autre époque.

Le découpage est vif et dynamique, les pages et cases sont grandes et claires, renforçant ainsi cette impression de liberté, d’amour de la vie etc…

En bref, Fred Bernard, nous fait l’exposé, de la plus simple des manières, de la vie de cet As des As.
Carte postale l'Oiseau Blanc source Wikipédia
Carte postale « L’Oiseau Blanc »
 Ce livre fut une belle surprise pour moi par son coté graphique planant peu commun et par le destin de cet homme encore peu connu de nos jours.

Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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