samedi 20 avril 2024

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Droit d’asile de Etienne Gendrin

Droit d'asile Bd aux éditions des ronds dans l'O
Titre: Droit D’asile
Auteurs: Etienne Gendrin (scénario et dessin)
Éditeur: Des ronds dans l’O éditions
Année: 2011
Nombre de pages: 96

Résumé :

Etienne Gendrin, jeune auteur de BD, motivé par un de ces amis futur éducateur, monte le projet d’interviewer des adolescents étrangers demandeurs d’asile au Foyer du Jeune Homme de Strasbourg.
Ainsi, Vartan, Roberto, Suthakaran et Abdula vont passer tour à tour en interview devant notre reporter Bd, et témoigner de leurs récits de vie, tous différents les uns des autres, avec plus ou moins de pudeurs, de difficultés, de souvenirs chaleureux ou douloureux, mais toujours nourris de profonds espoirs.

Mon avis :
Cet ouvrage réédité par Des ronds dans l’O, a été réalisé avec la participation d’Amnesty International France. Cet éditeur aime bien les prises de position et les récits engagés comme celui-ci.
Ce livre a pour but de donner la parole à différents acteurs du système lié aux mineurs étrangers comme des éducateurs et enseignants à destination des ENAF (Elèves Nouvellement Arrivés en France) ou EANA (Elèves Allophones Nouvellement Arrivés).
Ceci dit, ce livre est vraiment touchant de part ces témoignages réels tous plus touchant les uns des autres, exprimant peurs, risques, etc…, qu’un jeune mineur adolescent migrant sans papier encours en France.
Et dans leurs conditions, ces jeunes sont séparés de tout. Ils se retrouvent seuls au monde dans leur périple et se raccrochent à leurs espoirs.

Droit d'asile Bd aux éditions des ronds dans l'O Page 32
Page 32 de la BD

Le dessin :

Cette BD reportage est la première BD éditée de Etienne Gendrin, ce qui explique en partie son style que j’appellerai « brut de décoffrage » mais au charme incroyable.
Le trait est épais, vif et imprécis, parfois rageur mais toujours simple et efficace. Le travail à la pointe noire est remarquable.
Le style humoristique, caricaturé, malgré le sujet est fort appréciable. Il rappelle les dessins de presse ou les dessins d’auteurs africains.
Cela permet de passer le message plus facilement, de « dédramatiser » la condition de ces jeunes et ainsi captiver et garder l’attention du lectorat.
L’auteur ne s’encombre pas de détails intensifiant ainsi le sentiment de solitude, de séparation. Il privilégie aussi ainsi  les dialogues et recentre sur les expressions des protagonistes.
Il donne la singulière impression d’être désemparé, privé de tout, mais aussi qu’à tout moment le pire peut arriver.
Les couleurs paraissent jetées sur le papier avec des dominantes que je dirai urbaines et neutres: souvent sur des tons gris, marrons, verts..; mais avec quelques touches chaleureuses ravivant la sobriété de cet environnement avec des pointes de rouge ou jaune.
Les effets sont sommaires mais jouent activement leurs rôles.
Les mises en scène sont dépouillées et succinctes mais rappelons qu’il s’agit de retranscrire avant tout des récits d’entretiens. Il ne faut donc pas s’attendre a du spectaculaire ou du rocambolesque.

Droit d'asile Bd aux éditions des ronds dans l'O Page 31
Page 31 de la BD

Le scénario :


Quatre jeunes mineurs sont interviewés, mais pas que…. Educateur, enseignantes et deux autres jeunes français sont aussi interrogés sur le sujet.
Les témoignages sont poignants, même et surtout ceux où l’adolescent peine à s’exprimer, voire refuse l’entretien. Cela dénote d’une réelle peur.
D’autres sont plus bavard et exprime leur parcours de vie atypique.
Et dans tous les cas, ce qui en ressort, est le fait qu’il leur est difficile de tout quitter, de se séparer de tous biens, attaches et affections, qu’ils avaient pu avoir avant leur migration.
Cela pour une simple nécessité de survie.
Ces jeunes doivent bien malgré eux se reconstruire, avec une anxiété continue pour obtenir un droit d’asile pour le territoire français, car sans cela, ils encourent le risque d’être « rapatriés » dans leur pays à leur majorité.
Imaginez aussi la terreur de ces gamins, arrivant dans un pays qui leur est inconnu et étranger, ne parlant pas la langue, sans attaches, et dont ils doivent remplir tout un tas de documents administratifs pour leur demande d’asile…
Heureusement pour ces quatre-là, le Foyer du Jeune Homme de Strasbourg est adapté pour ce genre d’épreuve, mais il est évident à la lecture de ce livre, que cela ne soulage que très peu leur craintes.
Etienne Gendrin, bien qu’au début de l’ouvrage il se décrit plutôt distant vis à vis de cette question des mineurs migrants, devient de plus en plus engagé au fur et à mesure de ces interludes avec ces ingénus et accompagnateurs.
Le livre est ainsi construit et structuré en chapitre  illustrant à chaque fois une conversation soit avec un éducateur, soit un jeunot immigré, soit les enseignantes, soit les jeunes français amis des mineurs migrants.
Vous l’aurez compris, le dialogue est essentiel dans ce récit. Il prend toute sa place et il est très instructif.
Le découpage est bien fait, et il tient bien le lecteur concentré.

Droit d'asile Bd aux éditions des ronds dans l'O Page 33
Page 33 de la BD

En bref, le travail est bien fait, le message passe bien, et l’appendice et la postface en fin de livre apporte un complément d’information substantiel pour qui s’intéresse au sujet.

Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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