vendredi 19 avril 2024

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Tsunami de Pendanx et Piatzszek

Tsunami aux éditions Futuropolis
Titre : Tsunami
Scénario : Stéphane Piatzszek
Dessins : Jean Denis Pendanx
Éditeur : Futuropolis
Année : 2013
Nombre de pages : 110
Résumé : 
Romain et sa famille sont restés sans nouvelles de Elsa depuis 2005. Elsa est sa grande sœur de 16 ans son ainée, partie en Indonésie à Banda Aceh en mission humanitaire après le désastre que le tsunami de 2004 a fait.
Le jeune homme revient donc dans cette ville, 9 ans après l’évènement qui l’a dévastée.
Il va donc enquêter à son tour (après la police local et des détectives professionnels) sur la disparition de sa sœur.
A travers son enquête, il va donc redécouvrir cette ville et ce pays encore meurtri par cette catastrophe. La citée ainsi que les îles alentours présentent des stigmates suite au passage du tsunami. Mais son voyage va être aussi initiatique. Il en apprendra beaucoup sur les traditions et cultures locales, et découvrira en final que le bonheur est accessible, peu importe les problèmes rencontrés…

Mon avis :
Cette BD, malgré le thème abordé catastrophique, nous donne une belle leçon d’humilité. Elle nous montre que nous sommes bien peu de choses dans ce monde, et surtout qu’il ne faut finalement pas grand-chose pour toucher au bonheur.
Ce livre relate donc l’histoire d’un jeune homme à la recherche de sa sœur dans un pays qui a été dévasté par un tsunami, et qui en porte encore, 9 ans après, de grandes blessures. Mais ce qui est magiquement bien œuvré, c’est la façon dont tout est raconté.
Il y a un mélange de poésie, de réalisme, de fantastique, de carnet de voyage, de coutumes locales, du reflet d’une dure société etc… Autant dire que j’ai été agréablement surpris et vraiment conquis par cet ouvrage.
 

Tsunami Futuropolis planche 6
Planche 6
Le dessin, les mises en scène, les couleurs :
Le dessin, dans le style réaliste croquis, est superbement bien élaboré. Le trait est fin, élégant et délicat et surtout admirablement détaillé. Il contraste à merveille avec la dure réalité urbaine et les séquelles liées à l’évènement.
Les perspectives et proportions sont jetées sur le papier à merveille, et ce récit en style carnet de voyage, me rend admiratif. Les pleines pages sont extraordinairement détaillées et nous en mettent plein la vue.
Les couleurs sont apposées à la façon aquarelle et chaque vignette semble être une véritable et belle peinture. 
Les couleurs sont chaudes, apaisantes, agréables, et surtout très variées.
Les ombres et lumières ont une grande part dans le dessin et elles renforcent l’aspect de réalisme. Elles sont maitrisées presque à la perfection.
Les mises en scène sont somptueuses, alternant des perspectives avec des points de fuites diversifiés, des gros plans, des vues d’ensemble magnifiques etc…
La BD est, selon moi, séparée en 2 parties :
– La première partie rend compte des dégâts matériels causés par le tsunami dans l’environnement urbain de Banda Aceh. Les auteurs jouent habilement sur les vignettes en apposant un croquis de l’état actuel de la ville à côté (ou dessus/dessous) d’une vignette représentant le même lieu 9 ans avant, juste après le passage du tsunami. Ils nous montrent aussi brillamment les vestiges laissés par cette catastrophe naturelle, comme cet énorme navire encore posé au milieu de la ville attendant la prochaine vague… (sans vouloir faire de mauvais présage…), ou bien en rappelant habilement le seul bâtiment ayant résisté au fléau de 2004…
 

Tsunami Futuropolis planche 12
Planche 12
Dans cette première phase, les auteurs arrivent aussi subtilement à mettre en avant la situation particulière de cette société indonésienne appauvrie. Au détour d’une petite case, ils arrivent à nous décrire une jeunesse se réfugiant dans la drogue ou le vol, ou bien le fait que tout service est prétexte à obtenir de l’argent, ou alors cette profusion de mobylette, moto, charrette, piétons en regard de très peu d’automobiles, des bâtiments refait sur des bases presque identiques les unes des autres etc…
– La seconde partie nous amène plutôt dans les îles, où les ravages du tsunami sont moins évident. Cette deuxième moitié nous en dévoile beaucoup plus sur les mœurs et les coutumes des civilisations locales, mais elle nous apporte aussi une belle morale pour nous petit occidentaux qui croyons porter toute la misère du monde… 
Encore une fois les auteurs ont fait très forts. Ils arrivent à nous faire gouter au bonheur à travers des personnages confrontés à des problèmes que personne ne souhaiterait connaitre. Ainsi, nous voyons le bonheur au travers d’un séropositif, d’une femme anciennement battue, ou d’une personne atteinte d’un cancer…
J’admire vraiment le travail réalisé par ces 2 auteurs.

 

Tsunami Futuropolis planche 78
Planche 78
Le scénario, le découpage :
Le scénario est original. Une simple enquête pour retrouver un membre de sa famille et voilà une quête initiatique improbable qui se révèle pour notre héros !
C’est une véritable magie de partir d’une simple trame « policière » pour nous faire découvrir tout un peuple, un pays, une culture… avec ses bons et ses mauvais côtés !
Ce scénario a été réfléchi, et certainement travaillé maintes fois mais l’aboutissement est merveilleux et nous submerge d’émotions intenses !
Nous sommes tenus en haleine du début à la fin, et au fur et à mesure du récit, on en arrive à s’imaginer la fin, à la rêver etc… et surtout toujours vouloir en savoir plus.
La nonchalance du héros (malgré son bouillonnement interne), et son environnement atypique et agréable, nous instaure dans une semi-torpeur apportant un réel confort de lecture.
Le découpage, lui aussi, nous fait nous sentir bien. Les cases sont majoritairement grandes ou longues, envahissantes et propres, et elles donnent une impression d’espace, de clarté et de quiétude. Même les vignettes chargées de détails nous suggère cette impression.
La partie des îles est aussi somptueuse et reposante. J’imagine que cette impression est voulue vis-à-vis de cette grande bleue (ou cette nature dans son ensemble) qui, par sa puissance cachée, peut aussi faire de terribles ravages !
Au final, vous l’aurez compris, j’ai été emballé par cette BD.
Là où je m’attendais à une description des impacts cruels et catastrophiques d’un tsunamis, j’y ai découvert une tranquillité, un havre de paix, la résignation d’un peuple, une humanité simple et admirable. 
Mais surtout, ce que je retiendrais de cette BD, c’est sa morale cachée de faire fi de nos problèmes car le bonheur ne se trouvera pas forcément en les résolvant. 
Non, le bonheur est omniprésent, il suffit d’en avoir conscience et de profiter de tous les bons moments que la vie nous apporte car finalement nous sommes si peu de chose face à cette grandiose nature…
Ciao
Yann
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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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