vendredi 26 avril 2024

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Une Nuit à Rome, T1

Titre : Une Nuit à Rome T1



Auteur : Jim



Editeur : Grand Angle
Année : 2012




Résumé :



Raphaël est heureux, il vit avec
Sophia dont il est amoureux, son avenir professionnel va prendre
belle tournure et il fête ses quarante ans ! D’ailleurs, pour son anniversaire,
il reçoit un étrange courrier contenant une vieille cassette VHS de vingt ans. Une vidéo
qu’il avait réalisée avec Marie, son amour de jeunesse et où les
deux amants se promettent de passer ensemble,
à Rome, la nuit de leur quarante
ans ! Avec la cassette, un numéro de téléphone portable.



Raphaël va-t-il céder à la tentation
? Va-t-il partir pour Rome ou pas ? Va-t-il retrouver Marie pour la
revoir, la reconquérir, la fuir ? Une histoire d’amour, ou plutôt
un histoire d’amours, qui va se jouer en deux tomes.






Notre avis :



Si Marie fait la couverture de cette œuvre de Jim, c’est bien Raphaël que l’on suit au travers de
ces deux volumes.



Raphaël dont la vie si bien rangée va
s’effriter, va douter et même renier son amour pour Sophia à cause de l’idée de
cette nuit à Rome. Le jeune homme lui-même ne sait pas vraiment ce qu’il cherche.



La richesse de cette histoire repose
sur le fait qu’autour de cet anti-héros, danse une kyrielle de
personnages tous troublés de différentes manières par l’amour.
Arnaud, le meilleur ami de Raphaël, heureux en couple avec Ludivine
jusqu’à ce qu’une relation virtuelle par MSN avec une inconnue
vienne tout chambouler. Damien, l’amant actuel de Marie, qui
s’interroge sur le bonheur qu’il vit avec cette femme, un bonheur qui
bouscule et désordonne totalement sa vie et sa vision du monde. La
mère de la femme d’un ami de Damien, qui, au seuil de la mort,
découvrant par hasard la passion habitant Marie et Damien, se rappelle des
souvenirs… Je me vraiment suis attaché à ce personnage, dont l’histoire
parallèle, peinte par de jolies petites touches reste, à mon avis, en suspens.



Et puis il y a Marie, toujours aussi
belle vingt ans après, qui court après les années passées, ou qui
refuse simplement d’intégrer le train-train de ce monde, les règles
des gens « normaux ».



Une nuit à Rome traite de l’amour,
mais nous parle aussi du cadre de vie. Cadre au sens de bordure, au
sens que passé un âge, la folie n’a plus sa place dans la vie.
Faut-il l’accepter et vivre benoitement dans le rang ? Faut-il
refuser à tout prix ? Les réponses possibles peuvent être
découvertes dans cette histoire. La vérité, c’est que ce récit
nous renvoie tout en délicatesse à nous-même et à nos propres
choix. La vérité, c’est que la Réponse est au fond de nous. La
vérité, c’est qu’on refuse de se pencher et de la contempler, car
c’est parfois tellement plus rassurant de ne pas cavaler à côté du
sentier battu. Nous ne sommes pas si loin de Raphaël ou de Marie.



Jim nous entraîne dans cette folle
aventure avec le talent de l’auteur qui sait nous ménager de belles
surprises, qui sait rendre ces personnages si humains avec leurs
doutes, leurs hésitations et leurs erreurs. En effet, dans Une Nuit
à Rome, les gens se trompent, regrettent, sont sur le point de faire
des conneries, se reprennent à temps, ou pas…



En bref, les gens sont des êtres
humains, touchants et agaçants, émouvants et irritants.



Jim, en plus de cela, construit savamment son scénario pour nous happer dans cette nuit et ses préparatifs.
La tension dramatique est là et la fin de l’histoire tombe en nous
laissant face à nous-même.






Derrière les pinceaux, Jim a beaucoup
travaillé pour trouver le style de cette histoire. Les personnages
sont réalistes. Leurs expressions font mouche, on les saisit tout de
suite, et leurs attitudes sont parlantes. Les décors semblent
réalistes. En fait, en regardant bien, ils ont un aspect inachevé,
estompé, qui les rend paradoxalement plus présents et plus beaux.
Ils « vibrent » au côté des personnages.



Les couleurs achèvent de nous faire
basculer dans l’histoire. La nuit Romaine est aussi envoutante par
ses rencontres que par sa palette de couleurs.



Le cadrage repose sur trois bandes
découpées en une à quatre cases, mais Jim brise parfois cette
ligne de conduite pour nous offrir de magnifiques dessins pleine
page. 
Tel un réalisateur, il joue habilement sur des effets de montage cinéma
pour parfois enchaîner des changements de séquence tout en douceur et en légéreté. Les angles de vue insistent aussi discrètement sur
les poses des personnages, capturés dans ces mouvements du quotidien
alors qu’ils sont entraînés petit à petit vers un drame fort et
intense.






Une Nuit à Rome m’a offert un beau
voyage. Il s’agit d’une magnifique BD romantique, humaine, à laquelle je
trouve qu’il manque néanmoins une petite goutte. Cette petite goutte
indéfinissable, cette petite goutte salée qui reste au coin de
l’oeil quand vous refermez un volume, ce petit serrement de gorge qui
vous empêche de reprendre pied immédiatement avec la réalité, ce minuscule vague à l’âme qui vous tient encore quelques secondes dans
l’univers de l’histoire après l’avoir quittée, cette once
d’étrangeté qui vous fait sentir que le monde est différent maintenant, cet infime sentiment qui vous empêche de reprendre
tout de suite votre vie de
tous les jours. Ce petit rien qui finalement n’est pas absent, car pour ma part, en fermant cette histoire, je me suis penché pour jeter
un oeil au fond de moi-même sur la Réponse, cette fameuse Réponse…



Et vous, après avoir plongé dans
cette BD, vous pencherez-vous pour regarder en vous ?





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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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