Titre : Un océan d’amour
Tome : One Shot
Auteurs : Wilfrid Lupano (scenario), Panaccione (dessins et couleurs)
Editeur : Delcourt
Collection : Mirages
Année : 12/2014
Pages : 226
Résumé :
L’histoire commence dans une maison perchée sur une falaise au fin fond de la Bretagne, où vit un couple … de bretons. Lui est marin, il mange sa galette que sa femme lui a préparé, puis part sur son embarcation pour la pêche du jour, avec son matelot.
Mais la journée ne se passe pas comme prévu, son bateau tombe en panne, l’empêchant de rentrer au port.
Elle, ne voyant pas revenir son homme, décide de partir à sa recherche … jusqu’au bout du monde s’il le faut !
Ce que j’en ai pensé :
Un océan d’amour n’est pas une BD comme les autres :
La couverture d’abord, aux allures de vraie fausse boite de sardine vintage, avec sa grande banderole à l’ancienne pour porter le titre. Au dos, la liste des ingrédients qui composent le livre, son volume, son poids net … c’est très original et tout ce qui est dit est vrai !
Dès les premières pages, un second point est frappant :
pas un texte, ni parole, ni onomatopée ! L’album est entièrement « muet ».
C’est la première BD « muette » que j’ai le plaisir de lire. L’absence de texte ne nuit en rien, je dirais même qu’elle permet d’accentuer l’attention et de mieux profiter des dessins de Gregory Panaccione. Le séquencement permet d’observer la progression dans les mouvements, dans les attitudes et les sentiments. Le dessinateur arrive à nous emmener pour que l’absence de texte se fasse rapidement totalement oublier.
C’est très fort, car cela rend la BD, à la fois très originale et complètement universelle : plus de barrière ni de langue, ni d’âge … ce livre traverse les frontières.
Les mises en scène sont géniales et servent l’histoire pleine d’humour. J’ai beaucoup aimé les couleurs utilisées, en fonction du temps qu’il fait en mer, en fonction des lieux visités, le passage à Cuba notamment prend des tons parfaitement identifiables et tellement « cubain », je me suis régalé de ces dessins.
Le découpage des cases est lui aussi utilisé, avec ces subtils ‘désalignements’ qui donnent du mouvement et du rythme à la lecture.
Le dessinateur réalise vraiment un sans faute, j’ai été conquis.
Côté scenario, les auteurs nous plongent d’abord dans le quotidien, on l’imagine, du marin-pêcheur : lever, petit déjeuner, douche, départ … le parti-pris de tourner en dérision le breton typique est hyper amusant : sa femme est une bigouden aux hanches bien faites avec sa tenue traditionnelle et sa coiffe, le petit déjeuner est une galette complète, etc … tous les standards de la Bretagne y sont détournés de façon humoristique.
Moi qui suis breton, cela m’a particulièrement parlé !
Mais c’est une fois qu’il a pris le large, que les catastrophes en séries démarrent. Les scènes plus loufoques les unes que les autres s’enchaînent, c’est une déferlante de situation cocasses tant du côté de l’homme, que de celui de sa femme partie à sa recherche.
J’ai particulièrement aimé la nécromancienne (bretonne évidemment) qui lit l’avenir dans les crêpes, et la mouette apprivoisée qui ramène dans le bateau les déchets que le marin tente de jeter par dessus bord…
Car au-delà de l’aventure pleine d’humour, où ces deux êtres cherchent à se retrouver à tout prix, par delà les océans, les tempêtes et les dangers, le scénariste nous crédite aussi d’une jolie fable écologique qui parlent de surpêche, de marée noire et du piètre état de l’océan en général.
Comme on le dit en Bretagne, « Un océan d’amour » est une « Oeuf-Jambon-Fromage » : C’est une BD complète !
Vraiment originale, bourrée d’humour, des dessins géniaux, tout public, voici un livre à lire de toute urgence.
Martin