vendredi 20 septembre 2024

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Replay, Mémoires d’une famille, la chronique souvenir

Replay, Mémoires d’une famille, la BD d’un entrecroisement d’histoires

couverture de "REPLAY MEMOIRES D'UNE FAMILLE" par jordan Mechner chez Delcourt

Titre : Replay, Mémoires d’une famille

Auteurs : Jordan Mechner (scénario et dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
Année : 2023
Pages : 320

Résumé d’une BD qui parcourt plus de cent ans de vies :

L’histoire démarre en 1938, en Autriche, avec Adolf Mechner qui voit le Reich défiler et sent qu’il va falloir quitter sa terre natale. En 1978, son petit-fils, Jordan, apprend que son grand-père a rempli des classeurs avec ses mémoires. Il est plus occupé par son tout nouvel ordinateur Apple 2. Mais en 2015, Jordan, père de deux enfants, Ethan et Jane, voudrait leur proposer d’aller vivre en France pour son travail, concepteur de jeux vidéo. En même temps, il compile ces fameux classeurs sur ordinateur…

Le scénario d’un récit éclaté sur trois temporalités:

Jordan Mechner jongle avec trois époques, la fuite de son grand-père devant le régime nazi – il est en danger car il est juif -, et la jeunesse de son père enfant ; la deuxième époque est la jeunesse de son grand-père, au début du vingtième siècle, et la troisième époque est sa vie à lui, entre son enfance, et l’âge adulte avec le départ vers la France.

Ces trois espaces-temps couvrent non seulement plusieurs années mais aussi plusieurs endroits. De l’Autriche à la France, des USA à Cuba, la famille Mechner a dû se déplacer. Adolf, le grand-père, a fui la seconde guerre mondiale pour l’Amérique, mais rien ne s’est passé comme prévu. Francis, enfant, a fui à travers la France pour échapper aux nazis et Jordan, quant à lui, va quitter l’Amérique pour vivre en France, pour le travail. Trois trajectoires, d’Est en Ouest et d’Ouest en Est.

Le récit n’est pas simplement découpé en trois périodes. Au contraire, elles se chevauchent, se mélangent au fur et à mesure que des éléments font remonter les souvenirs de Jordan, alors qu’il numérise les souvenirs de son grand-père, ou qu’il parle avec son père.

Des moments se télescopent entre l’histoire de Adolf, Francis et Jordan. Des échos curieux, jusqu’au dernier pont qui semble conclure l’histoire. Un récit dense, émouvante, lourde d’un passé créant de l’ombre entre Jordan et Whitney, sa seconde femme, qui, en outre, n’a pas vraiment envie de venir vivre en France. La famille éclatée, recomposée de Jordan aujourd’hui rappelle la famille éclatée, séparée par la guerre. A des endroits différents du monde, chacun se demande ce que devient l’autre, moins angoissé dans le présent, beaucoup plus inquiet dans le passé alors que la guerre tue.

Ces récits entrecroisés mélangent le drame avec l’étonnant, car Jordan Mechner est donc concepteur de jeu vidéo et il a créé, entre autres jeux, Prince of Persia et ses suites.

Une famille toujours en mouvement à chaque génération et un jeu d’épreuve et de fuite resté dans les classiques du jeu vidéo. Parallèlement à ces histoires intimes très touchantes, on découvre aussi comment Jordan Mechner a conçu son jeu au départ, avec les limitations de ce fameux Apple 2 qui est présent dès le début de cette BD.

page de "REPLAY MEMOIRES D'UNE FAMILLE" par Jordan Mechner chez Delcourt

Le dessin, avec une trichromie bien pensée :

Jordan Mechner dessine aussi cette histoire. Dans un style semi-réaliste, en noir et blanc, avec trois couleurs représentant différentes époques. Le gris, pour le passé et la jeunesse de son grand-père et de son père, le jaune, pour la vie de Jordan au présent et le bleu, les souvenirs de Jordan de son passé récent ou plus ancien. Pour séparer les souvenirs du père et du grand-père, c’est la typographie qui intervient. Francis et sa jeunesse en France sont racontées avec la même police que le reste de l’histoire. Les souvenirs de la jeunesse de Adolf, le grand-père, sortent des écrits qu’il a laissés et utilisent donc une police de machine à écrire. Comme les époques peuvent parfois se croiser le temps d’une ou deux cases, ces moyens de se repérer sont très pratiques et l’œil percute tout de suite. On n’est donc jamais perdu dans cette histoire foisonnante. Un arbre généalogique en tout début de BD permet de s’y retrouver parmi les nombreux personnages de la famille.

Chaque chapitre est orné d’une vraie photo d’archive, montrant les membres de la famille à un certain moment de leur vie. Des photos placés sur une page noire. La BD varie sa composition, dessin pleine page, cases carrées en gaufrier, avec ou sans contours, ou bien des bandes panoramiques. Une composition pensée pour toujours nous garder dans l’histoire, nous offrant parfois des aérations, ou parfois resserrant le rythme.

Conclusion d’une BD tridimensionnelle:

Déplacement dans l’espace, dans le temps et dans la BD. Ces mémoires de famille sont une réussite qui permet de prendre conscience de deux éléments, la dureté de la guerre et le combat pour survivre des membres d’une famille et, de manière plus légère, ce que représentait la conception d’un jeu vidéo dans les années quatre-vingt.

Zéda rencontre Francis !

"A COURT DE TERMES" strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "REPLAY MEMOIRES D'UNE FAMILLE" par jordan Mechner chez Delcourt

David

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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