Mathieu Bablet revient, accompagné d’un collectif d’auteurs, nous offrir une aventure entre magie et fantastique teintée de féminisme. Midnight Order est un album à l’édition soigné, orchestré par l’un des auteurs majeurs de ces dernières années.
Titre: Midnight Order.
Scénario: Mathieu Bablet, Claire Barbe.
Dessin: Mathieu Bablet + collectif.
Couleurs: collectif.
Éditions: Label 619, éditions Rue de Sèvres.
Année: 2022.
Nombres de pages: 272.
Sommaire de l'article
Résumé de Midnight Order du Label 619 par Mathieu Bablet et son collectif aux éditions Rue de Sèvres:
Johnson et Sheridan, deux chasseuses de l’Ordre de Minuit, ont pour mission de traquer à travers le globe les sorcières trop puissantes, représentant un danger pour le monde et pour elles-mêmes. Leurs méthodes? Après chaque capture, les mains de ces sorcières sont tranchées, afin d’annihiler la source de leurs pouvoirs. Bien que Sheridan commence à se questionner sur leurs légitimités de telles actions, Johnson va elle faire face à une problématique cruelle : la prochaine cible n’est autre que sa propre sœur…
Mathieu Bablet à la baguette.
Mathieu Bablet revient dans son univers de sorcellerie créer lors du lancement des Midnight Tales (4 volumes disponibles) pour en raconter ce qui pourrait ressembler à une fin.
Malgré tout, l’album reste accessible à tous car conçue comme pouvant se lire seul. On y suit les aventures de ces deux membres de l’Ordre de Minuit que sont Johnson et Sheridan, chargées de chasser les sorcières devenues dangereuses car ne sachant plus contrôler leur pouvoir.
Ce qui fonctionne assez vite dans l’album, c’est le duo que forment Johnson et Sheridan. Surtout que rapidement, on va s’apercevoir que l’une des deux commence à douter de la légitimité de l’Ordre et de leur méthodes.
L’univers effrayant et magique de ce Midnight Order est assez bien dépeint avec des moments de tension et une certaine violence plutôt bien sentie.
La caractérisation des personnages est une réussite, notamment le duo Johnson et Sheridan. Les émotions de nos héroïnes sont palpables comme celles des sorcières dont elles croiseront le chemin.
La narration de ces 8 chapitres marche bien, les récits sont rythmés, entrecoupés par de petits interludes permettant d’enchainer avec plaisir les chapitres.
Pour finir, comme à son habitude, les albums du Label 619 sont quasiment toujours accompagnés de rédactionnel afin d’accompagner le lecteur en lui donnant des clés de compréhension ou le contexte, souvent basé sur des faits réel, ayant servie de toile de fond à l’histoire.
C’est également le cas ici, avec des textes revenant sur le contexte historique de certaines croyances, de la sorcellerie mais aussi sur la position des femmes au sein de ces sociétés.
Un collectif d’auteurs aux dessins.
Comme avec les Midnight Tales, Bablet s’appuie sur des auteurs à qui il va confier la partie graphique de récits qu’il scénarise pour la plupart.
Malgré tout, il dessine et scénarise de petits interludes entre les récits, qui permettent en quelques pages de servir d’introduction aux récits suivants.
Plusieurs auteurs vont donc se relayer sur l’album, dont certains sortent du lot. Je pense notamment à Daphné Collignon ou Allanva pour ne citer qu’eux. Des styles bien différents mais raccord entre eux et s’intégrant parfaitement dans l’univers de sorcellerie de Bablet.
Comme toujours dans ce genre de concept, certains dessinateurs risquent potentiellement de ne pas vous plaire mais gageons que l’album reste homogène et riche de proposition.
Mon avis sur Midnight Order du Label 619 par Mathieu Bablet et son collectif aux éditions Rue de Sèvres:
Tout d’abord, commençons par le soin incroyable apporté à l’édition de cet album avec cet effet « grimoire » des plus réussis. Les effets de dorures sur la couverture comme la qualité du papier sont à la fois grisants et magnifiques surtout quand on voit le prix de l’album et sa forte pagination.
Une habitude au Label 619, comme le démontre leurs derniers albums, « Hoka Hey! » (chronique disponible sur le site) ou « A Short Story », avec des albums magnifiques pour des prix en dessous de la concurrence.
Ensuite, il faut souligner la justesse d’écriture des personnages et des thèmes abordés (place des femmes dans la société, croyances séculaires, féminisme, etc…). Bablet sait écrire des personnages et maitrise son univers entre fantastique et ésotérique.
Enfin, la cohérence des illustrations coordonnés et dirigés par Bablet donne une homogénéité à l’album tout en proposant des styles bien différents. Les 8 chapitres où l’on retrouve les aventures de Johnson et Sheridan se laissent lire sans effort et avec grand plaisir.
Un album riche graphiquement, une habitude du Label 619, qui nous intercale entre les récits, des dossiers sur le contexte ayant servi aux histoires, mais aussi de petites nouvelles sur quelques pages et habillés d’illustrations de Bablet.
Au final, ce roman graphique s’appuie sur une histoire touchante avec des personnages forts et un univers à la fois effrayant et magique. Il peut être considéré également comme une conclusion possible à cet univers de sorcellerie démarré dans les pages de Midnight Tales.
Midnight Order est un excellent moment de lecture, dans une édition superbe s’appuyant sur un collectif d’auteurs solide dont certains devraient, à n’en pas douter, faire parler d’eux prochainement .
A très vite !