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Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? la BD d’une adaptation qui remet les faits en contexte
Titre : Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ?
Auteurs : Thomas Guénolé, Aka Gwenn (scénario) et Jonas Ritter (dessins)
Éditeur : Petit à petit
Collection : Docu-BD
Année : 2024
Pages : 128
Résumé d’un quotidien :
Sept heures du matin, pas de frisson mais le métro quotidien. A la sortie, des ralentissements dus à un contrôle d’identité. Malheureusement, Driss a oublié ses papiers. Les policiers ne veulent rien entendre, il est emmené au poste et subit les remarques racistes d’un représentant des forces de l’ordre, qui frappe Driss lorsque ce dernier ose lui répondre, le quotidien des jeunes de banlieue…
Le scénario de faits explicites :
Thomas Guénolé adapte son livre en BD, et même en docu-BD. Il utilise la fiction pour dévoiler le vrai quotidien des jeunes de banlieues. Heure par heure, du matin jusqu’au soir, chaque chapitre s’appuie sur un exemple, une idée reçue, pour l’analyser et rendre mieux compte du réel. Les chapitres contiennent la BD et une partie texte et photos revenant sur les définitions, les chiffres, les faits et les pistes de solutions.
De même, chaque chapitre démarre par une petite mise en contexte et un extrait d’un morceau de musique, le plus souvent rap, pointant le thème du chapitre. A chaque fois, les protagonistes sont différents.
Cette BD a le mérite de nous dévoiler une autre réalité, celle du quotidien. Même si l’on connaît cette vie difficile des contrôles injustifiés, des difficultés à l’embauche, au prêt, à la location, il est important de la revoir contextualisé avec des statistiques, dont toutes les sources sont référencées à la fin du livre. Parfois, on se pose des questions qui ne se trouvent pas dans la BD. Si elle donne envie d’aller plus loin à tous ceux et celles qui la lisent, le pari sera gagné.
Mais si l’idée est de nous donner une autre image que celle données par les médias (qui ne sont pas épargnés dans l’affaire, là aussi, chiffre à l’appui) qui insistent de manière disproportionnée sur les délits et l’insécurité, je trouve dommage que la BD finisse par une émeute, alors qu’elle explique au long des pages que ce n’est pas ce qu’il faut retenir de la vie des jeunes de banlieue (et les émeutes, justement, sont elles aussi recontextualisées historiquement et dans leurs incidents déclencheurs, majoritairement des blessures ou des décès lors d’arrestation policières).
La conclusion, qui redonne la parole aux personnages des différents chapitres sur les événements finaux, est bien plus intéressante et aussi quelque part, plus pessimiste, car elle nous rappelle que les points de vue vont évoluer difficilement.
Le dessin en bichromie :
Jonas Ritter opte pour un style particulier. Son dessin semi-réaliste, son encrage fin, est mis en valeur par un choix de couleur drastique. Chaque chapitre dispose d’une couleur dont les différentes teintes vont être explorées en aplat, avec en plus quelques zones de blanc. Une manière tranchée de démarquer les récits les uns des autres, même si une thématique de fond les lie.
Certains dessins sont repris dans les parties documentaires. La composition sait jouer sur les mises en parallèle d’événements, de points de vue, d’actions pour faire ressortir sans discours le problème pointé.
Conclusion d’une BD bien documentée:
L’analyse de Thomas Guénolé est nécessaire pour mieux cerner les enjeux du quotidien des jeunes de banlieue. Tout ce travail de fond ressort dans cette BD, nous interroge sur notre vision des jeunes de banlieue et soulève aussi quelques questions.
Zéda rencontre un des personnages de la BD !