: Le Cheval d’Orgueil
Bertrand Galic (scénario) et Marc Lizano (dessin et couleur) adapté
du roman de Pierre-Jakez Hélias
Soleil
: Noctambule
2016
: 144
: 17,95€
sa naissance à son entrée dans l’âge adulte, nous suivons Pierre,
que ses copains appelleront bien vite Pierrig. L’action prend place
au début du siècle, dans un village de Bretagne. A travers la vie
de Pierre, nous découvrons les mœurs d’un village, l’influence
locale de la politique nationale, les légendes ambiantes, les liens
familiaux. Autant d’événements disparates au premier abord, mais
dont Pierre sera le liant au travers du temps…
avis :
lé résumé vous évoque quelque chose de familier, c’est normal. En
fait, Le Cheval d’Orgueil est l’adaptation en BD du célèbre roman
autobiographique « Le Cheval d’Orgeuil ». Vous noterez comme
le monde est bien fait !
roman initial de Pierre-Jakez Hélias a connu un vaste succès
justement pour cette galerie de thèmes traités.
l’auteur, Pierre, le héros… Vous aurez vite compris d’où vient la
part autobiogaphique de l’histoire. Cette adaptation est la toute
première en BD et elle tombe pile poil avec les quarante ans de
l’oeuvre et les vingt ans de la disparition de Pierre-Jakez Hélias.
Puisque je vous dis que le monde est bien fait !
tour de force d’adapter les six-cent cinquante pages du roman en une
BD de cent-quarante pages a été réalisé par Bertrand Galic.
voyant le fossé, je me dis qu’il a dû énormément plancher sur ce
qu’il fallait gardeer, condenser, élaguer, modifier et autres verbes
du premier groupe respirant bon la prise de tête et la réflexion.
Cette BD réussit bien sur un point, vous donner envie d’aller lire
le roman original. En effet, je dois confesser que je fais partie des
nombreuses personnes n’ayant pas lu Le cheval d’Orgueil.
Ignorant
totalement l’œuvre première, je suis entré avec curiosité dans
cette BD, j’y suis resté avec plaisir et je l’ai refermée avec
émotion. Le parcours de Pierre est intéressant, ne comptez pas sur
des ressorts dramatiques incroyables, des rebondissements à outrance
et des enjeux mondiaux. Il s’agit juste de découvrir la vie d’un
enfant de paysan dans la Bretagne de l’entre-guerre. Et cette vie se
rythme au souffle des légendes – de l’Ankou à la chienne du monde
-, des moments forts de la communauté – mariages, transformation du
cochon familial en tas de viande et de tripes – et des défis de
l’enfance – de l’escalade d’arbres au défi de la neuvième vague
-. A cela se joint les événements historiques, nationaux, la guerre
certes mais aussi la décision d’imposer le français au détriment
des langues régionales dans l’éducation. Pierre a la chance de
pouvoir faire des études mais il doit taire ses origines et parler
Français avant tout. Comment va-t-il sortir son épingle du jeu ? En
se rappelant les valeurs familiales que son père et ses grand-pères
lui transmettent.
suivons Pierre à travers les âges de l’enfance, et à chaque âge
son lot d’aventures et de découvertes. Le seul absent de cette
adaptation semble l’amour qui, à mes yeux, pointe le bout de son nez
vers la fin du récit. Sans doute que la recherche de l’âme soeur
est une autre histoire…
un plaisir doux et une émotion néanmoins forte qui m’ont envahi au
fil de ma lecture.
tout cas, pour moi, le pari de faire une bonne BD est réussi. Celui
d’adapter le roman, n’ayant pas lu le livre de Pierre-Jakez Hélias,
hé bien, je ne peux me prononcer dessus. Mais ce qui est sûr, c’est
que je serai bien curieux de me plonger dans cette oeuvre littéraire.
Et cela, grâce à la BD de Galic et Lizano.
effet, si Galic s’est chargé de l’adaptation scénaristique, Marc
Lizano a pris en charge le dessin. Il s’agit bien de faire une BD et
pas un roman illustré ! Beau défi remporté haut la main pour le
dessinateur. Lizano dessine des personnages caractéristiques, petits
corps et grosses têtes. Ils ne sont pas sans me rappeler, dans leur
forme, certains jouets pour tout petits.
style particulier, loin du réalisme, permet de mélanger la vie de
tous les jours et le monde des légendes, le quotidien et le rêve.
L’ambiance penche pour le noir et blanc, enfin, plutôt teintes de
gris et blanc. Mais cela n’interdit pas la couleur. Des couleurs
fortes, comme le rouge qui plante le décor de la guerre ou de la
peur. Mais aussi des couleurs douces, comme ces teintes roses,
beiges, différenciant les « héros » du mariage du coq de
Laraon des humains bien réels.
couleurs permettent aussi quelques références comme les couleurs du
drapeau Français, au moment de l’école et des premiers cours de
Français. Elles font ressortir aussi les têtes de chapitre.
décors sont stylisés mais riches. Les arbres, les maisons, la mer.
Bien présents, sans jamais nuire à la lecture ou alourdir les
cases.
pages se composent de deux à quatre bandes comptant chacune une à
trois cases. Malgré le format plus petit qu’un A4, on a donc de
belles pages avec de grandes cases parfaitement lisibles. Bien sûr,
Lizano n’hésite pas à varier la taille de ces cases, en fonction de
la narration. Comme cette double page scandant le rythme de vie des
enfants au collège, ou celle suivant les enfants
effrayés dans une mystérieuse grotte aquatique.
cadrages sont également variés, comme cette belle contre-plongée
découpée en plusieurs cases pour nous faire apparaître un arbre
montant au ciel dans toute sa majesté.
donc un bien beau voyage que j’ai effectué dans la jeunesse de
Pierre-Jakez Hélias. Un voyage que je vous recommande si vous avez
besoin d’une motivation supplémentaire pour vous faire lire le roman
initial ou bien tout simplement si vous ne connaissez pas l’univers
tendre, riche, onirique et pourtant bien réel de cette belle
histoire…
se met au Breton…