Titre : Tome 3 – Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987)
Scénario et dessins : Riad Sattouf
Editeur : Allary Editions
Année : 2016
Pages : 134
Résumé :
Riad, 7 ans, et sa famille, sont installés dans le village de Ter Maaleh en Syrie. Il est scolarisé dans l’école de son village et est très bon élève.
Pendant ce temps-là, son père, particulièrement attaché à sa patrie, enseigne à l’université mais sans obtenir la carrière rêvée et la reconnaissance attendue.
Sa mère, quant à elle, s’ennuie dans son foyer à s’occuper du petit frère Yahya. Elle a de plus en plus de mal à comprendre la nonchalance de son mari, et ses rêves s’effacent au fur et à mesure devant les échecs de celui-ci.
Leur vie de couple s’étiole ainsi petit à petit.
Riad évolue à travers des chocs culturels, dans un pays ou les fêtes et traditions religieuses sont radicalement différentes de la culture française habituellement chrétienne, et où les interdits et tabous différent.
Ainsi Riad perdra petit à petit son innocence et prendra modérément conscience des réalités de la vie malgré sa douce candeur.
Mon avis :
Voici une petite série de BD, à l’origine sans autre prétention que de distraire les lecteurs, qui a eu un succès phénoménal (De nombreuses fois primées !) et international (Traduit quand même dans 17 langues différentes…) !
Autant dire que la vie de Riad Sattouf est particulièrement suivie. Et ce tome trois m’a paru encore meilleur que les deux précédents !
Pour ma part, ce qui m’a particulièrement attiré dans ses ouvrages, c’est l’aspect « éducation et enseignement » que son père a souhaité lui inculquer avec sa culture Syrienne, lui épargnant tout de même certaines contraintes.
Et j’ai choisi ce tome car il illustre des anecdotes particulièrement rigolotes (vu au travers les yeux d’un enfant) et permet de comparer brièvement le système d’enseignement Syriens et celui Français.
Page 7 de l’ouvrage |
Les couleurs au lavis, sur des dominantes roses ou bleues, sont efficaces et permettent de bien distinguer les ambiances (la chaleur du moyen orient versus la fraicheur de la France…).
Quelques touches de couleurs vives réveillent parfois les lecteurs et mettent bien en évidence le côté important du récit.
Le plus marquant est le rendu des expressions, particulièrement convaincant. Ainsi on se délecte des réactions du jeune candide Riad, et de son entourage, au gré de ses découvertes et des enseignements de son père.
L’admiration est toujours présente, le regard très souvent porté sur son papa.
Ainsi Riad découvrira bien malgré lui et au dépend de ses camarades la triste vérité sur Noël, ou bien la difficulté et la ferveur à tenir le Ramadan etc…
Page 37 de l’ouvrage |
Ainsi on retiendra l’anecdote ou Riad a voulu faire plaisir à son maître en écrivant une belle phrase en arabe au tableau, la suite fut terrible et illustre bien l’enseignement rigide Syrien.
On découvre à travers les récits de cette série, un système d’enseignement Syrien plutôt dur et rigoureux, où le « bourrage de crâne » s’applique et où la punition corporelle fait encore office contrastant avec la misère illustrée du pays.
Bref une éducation à la limite de la tyrannie…
A comparaison, Riad Sattouf dessine aussi brièvement le système scolaire français plus souple, plus délicat et semblant surtout plus « bienveillant » envers nos petites têtes blondes.
La violence est évitée, et la nourriture est à volonté mais où l’industriel a dénaturé le gout (contrairement à la maigre nourriture mais savoureuse, pleine d’épice, de la Syrie)…
L’autre côté marquant du récit est ce père très attachant, aux idées bien arrêtées parfois à la limite de l’extrémisme, mais restant toujours magnanime et faisant preuve systématiquement de mansuétude vis à vis de ses enfants.
Un père presque modèle, présent pour ses enfants, s’évertuant à prêcher les bonnes pratiques et idées tout en gardant une certaine hauteur et en restant à l’écoute de sa progéniture (A titre d’exemple, il n’oblige pas ses enfants à faire le Ramadan.)
Un père cherchant à concilier du mieux qu’il puisse le faire son amour pour sa terre et sa culture, et le confort et la protection de sa famille, mais confronté lui aussi à la dure réalité des corruptions, misère, chômage, idéologie, etc…, tout en laissant une image marquée de légèreté voire d’insouciance.
Bref un papa préservant son petit monde de toutes ces problématiques, gardant ainsi au frais l’innocence de l’enfance de Riad et son frère.
Page 111 de l’ouvrage |
Pour finir, cette série mérite vraiment son succès.
Bien que l’auteur reste humble vis à vis de son récit, il nous livre un superbe hommage pour son père et nous dévoile l’intimité de sa jeunesse très particulière, sans complexe comme peu d’homme saurai en parler.
J’ai beaucoup aimé.
Ciao,