vendredi 19 avril 2024

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Lance Weller Wilderness, la chronique sauvage

Lance Weller Wilderness, L’histoire d’un homme qui ne sait pas mourir

couverture "Wilderness Lance Weller" par Ozanam et Bandini par Soleil

Titre : Lance Weller Wilderness
Auteur : Antoine Ozanam (scénario), Bandini (dessin), adapté du roman de Lance Weller
Éditeur : Soleil
Collection : Hors-collection
Année : 2020
Page : 152

Résumé d’une histoire éclatée:

1899, un vieil homme devant la mer. Et un chien. Une vie simple et difficile de mauvaise pêche, de chasse et de souvenirs. Souvenirs épars d’une famille, de la guerre, d’un bébé, d’un soldat aveugle, d’une cabane aux portes bleues.

Scénario d’un récit rude:

Cette BD est adaptée du roman de Lance Weller. Ozanam offre un récit graphique éclaté. Les souvenirs reviennent en mémoire du protagoniste, qui décide de partir d sa cabane en bord de mer. Son voyage va lui faire rencontrer différents personnages et l’on comprend assez vite qu’il n’a jamais vraiment cessé de voyager. Car les souvenirs s’émaillent de déplacement forcé avec l’armée, mais toujours pour fuir. Fuir un passé trop lourd à porter que la distance ne parvient pas à effacer. Aussi loin qu’il pourra aller, Abel ne pourra oublier. Mal en point, ce protagoniste souhaite mourir mais quelque chose l’en empêche. Comme s’il lui restait une dernière tâche à accomplir avant de partir.
Ses souvenirs dont Abel ne parvient pas à se défaire, sont la clé qui nous permet, au fur et à mesure de l’histoire, de mieux comprendre ce mystérieux personnage.
Les allers et retours dans le temps se précisent de plus en plus et on finit par comprendre les différentes périodes de la vie d’Abel. Mais le passé n’est pas la seule source d’intrigues de ce récit. Le présent, avec principalement une mauvaise rencontre que Abel va faire, va changer le cours de sa vie.
Abel a traversé la guerre de sécession et il vit maintenant à l’écart des hommes. Mais l’on va vite comprendre que les hommes, malgré la guerre, ne sont pas devenus bons pour autant. Au cœur de paysages magnifiques, de grandes forêts, de montagnes enneigées, Abel avance, mais se heurte à la petitesse humaine. Heureusement, de belles rencontres permettent de ne pas tomber totalement dans le pessimisme et la vision noire et sordide de l’humanité.

page "Wilderness Lance Weller" par Ozanam et Bandini par Soleil
Ce bleu éclatant dans cette nuit noire, cette mer furieuse, ces décors sombres et envoutants, en bref le style du présent.

Le dessin sec et vif:

Bandini prend les crayons pour dessiner cette histoire. Un premier choix graphique fort est le traitement passé présent. Tandis que les couleurs sont liées au présent, toutes les images du passé sont en noir et blanc, parfois mêlées de nuances de gris.
Les ruptures sont donc très nettes entre les époques. L’histoire se divise en onze chapitres. Le tracé rugueux des personnages au trait contraste parfois avec les silhouettes tracées schématiquement. Ce qui crée une sorte de tension visuelle permanente. Il en va de même pour les décors, parfois précis, magnifiques, et parfois esquissés, comme si notre œil devait être attiré ailleurs, par autre chose.
Les couleurs sombres deviennent soudain magnifiques en rendant un coucher de soleil, une chemise colorée, ou même simplement cette porte bleue crachée par les flots.
Ce travail graphique varié jouant sur ces changements entre précision extrême et stylisation poussée, entre noir et blanc du passé et couleurs du présent, surprend au départ mais l’on s’y habitue rapidement. Et on se perd à essayer de démêler les souvenirs d’Abel de la réalité, de comprendre, puis finalement on se laisse porter par ce récit.
Les mises en page alternent entre des gaufriers classiques de trois bandes de trois cases ou des planches plus éclatées avec des grandes cases larges ou des cases insérées dans des dessins presque pleine-page.

Conclusion d’un récit explosif:  

Je n’ai pas lu le roman de Lance Weller et n’ai pas de repère de comparaison pour l’adaptation mais ce roman graphique est une belle réussite, visuelle et narrative. Le dessin audacieux et le récit déstructuré se marient à merveille pour donner une BD puissante qui semble ne pas faire de concession. Et si Lance Weller lui-même est content du résultat, comme il le signale dans la préface, il n’y a rien à ajouter.

Zéda rencontre Abel.

"CALE EN BOURRE" strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "Wilderness Lance Weller" par Ozanam et Bandini par Soleil

 David

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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