vendredi 11 octobre 2024

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L’amant de Kan Takahama, d’après le roman de Marguerite Duras, aux éditions Rue de Sèvres

L'amant d'après le roman de Marguerite Duras par Kan Takahama aux éditions Rue de Sèvres
Titre : L’amant
Scénario : Kan Takahama d’après le roman de Marguerite Duras
Dessins et couleurs : Kan Takahama
Editions : Rue de Sèvres
Année : 2019
Nombre de pages : 147

Résumé de « L’amant » de Kan Takahama d’après le roman de Marguerite Duras :

A paris, en 1982, dans une gare, Marguerite Duras est sollicitée par un homme admiratif de son travail. Celui-ci la complimente notamment sur sa beauté.
C’est le déclic qui va plonger la romancière dans ses souvenirs et faire une rétrospective de sa vie jusqu’à aboutir le jour où elle a vieilli… Ainsi ses souvenirs remontent à ses 15 ans, lorsqu’elle était pensionnaire d’état à Saigon.
Après l’acquisition d’une terre impraticable par sa mère suite aux conseils frauduleux de l’administration coloniale, la famille se retrouve ruinée.
Du haut de sa jeunesse, Marguerite croise le regard d’un jeune homme chinois à la mode Européenne et visiblement riche. Alors qu’elle se questionne sur cet individu et sa richesse, sur l’embarcation qui l’emmène au pensionnat, celui-ci l’aborde et lui propose de la véhiculer jusqu’à sa destination. Elle accepte…
Au cours du trajet, le jeune prétendant lui saisit la main…
Une aventure commence.

Mon avis sur « L’amant » de Kan Takahama d’après le roman de Marguerite Duras :

Quelle belle surprise !! Quelle merveille !! Voilà une œuvre qu’il faut absolument posséder dans sa bibliothèque à côté du roman de Marguerite Duras.
Kan Takahama s’est véritablement appropriée l’œuvre de la romancière pour nous livrer sa vision graphique exceptionnelle loin de l’interprétation cinématographique vue par Jean-Jacques Annaud.
La lecture de cette BD va vous rendre tout chose.
L'amant d'après le roman de Marguerite Duras par Kan Takahama aux éditions Rue de Sèvres page 12
Planche 12 de la BD


Le scénario de Kan Takahama pour « L’amant » :

Le scénario, adapté par Kan Takahama, ne s’embarrasse pas de fioriture. Il va évidement à l’essentiel, à ces moments de passion, de complicité, de sensualité, de féminité, d’introspection, etc…, qui font de l’oeuvre de Marguerite Duras un superbe roman.

C’est simple et magique en même temps. 

L’introduction amenant le flashback se résume à 7 pages agrémentées de larges cases et quelques dialogues succincts pour laisser rapidement place à la contemplation de Saïgon, à la moiteur ambiante du Viet Nam, au voyeurisme de ces corps enlacés des jeunes protagonistes…
Le contraste est aussi admirablement bien fait entre l’urbanisme et la grisaille parisienne en ouverture du récit versus les splendeurs, la luminosité, la richesse culturelle, et le fourmillement d’antan de la grandiose Saïgon par la suite.
L’oeuvre de la Mangaka reste fidèle au récit et met en avant des personnages modestement ordinaires, loin d’être des Apollons ou des Artémis. Des personnes lambdas qui viennent à se croiser les regards, se rencontrer et s’aimer candidement…
Le découpage apporte beaucoup au récit. Il est aéré avec de grande cases, beaucoup de pleines pages et d’effets discrets forçant la contemplation de l’instant.
Le petit plus du livre est aussi apporté par la préface de la Mangaka, mais aussi le postface signé de l’éditeur Tokyoïte de l’artiste.
L'amant d'après le roman de Marguerite Duras par Kan Takahama aux éditions Rue de Sèvres page 14
Planche 14 de la BD

Le dessin de Kan Takahama pour « L’amant » :

Le dessin de Kan Takahama est somptueux !
Le trait fin et méticuleux donne de la vie aux personnages. 
Les portraits sont superbement bien réalisés avec des visage plus arrondis pour la jeunesse, et plus carrés, rudes et anguleux pour les âges plus avancés. 
La dessinatrice focalise sont art essentiellement sur les personnes, laissant souvent les les arrières plan épurés notamment pour les séquences particulièrement charnelles et concupiscentes. Cet artifice est donc des plus efficace pour faire comprendre que seul l’instant présent des deux protagonistes compte, le brasier, la frénésie, l’éréthisme et les ardeurs de chacun est ainsi mis en avant.
Les couleurs sont soignées et absolument divines. Elles nous conditionnent à vivre la chaleur et l’humidité environnante en lisant l’ouvrage. Les dégradés majestueux aux couleurs chaudes évoquent la splendeur de l’Asie. Même les nuances de violets pour illustrer les nuits nous maintiennent dans un cocon douillet.
Le jeu d’ombre et lumière est à tomber, parfaitement maîtrisé.
Les merveilleuses pleines pages et doubles pages nous font voyager très loin. Elles nous dépaysent et nous font rêvasser à cet ailleurs idyllique tout en restant pelotonné dans notre canapé moelleux.
Les effets sont nombreux mais discrets tels des chevauchements de cases, des scènes en triptyque, des cases fantaisistes ou de simples onomatopées, mais l’effet qui m’a le plus impressionné est probablement le flou artistique d’arrière plan lors des séquences au restaurant.

L'amant d'après le roman de Marguerite Duras par Kan Takahama aux éditions Rue de Sèvres page 9
Planche 9 de la BD

En bref, ce livre c’est véritablement du grand art ! C’est un ouvrage passionnant !
Il donne vraiment envie de relire (ou de lire pour certain) le livre de Marguerite Duras.

Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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