samedi 7 décembre 2024

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La Grande Odalisque de Bastien Vivès, Florent Ruppert et Jérôme Mulot

La Grande Odalsique aux éditions Dupuis couverture
Titre: La Grande Odalisque
Auteurs: Bastien Vivès, Florent Ruppert et Jérôme Mulot (Scénario et dessin)
Éditeur: Dupuis
Collection : Aire Libre
Année: 2012
Nombre de pages: 116
 
Résumé :
 
Carole et Alex sont deux grandes copines. L’une est obsédée par les hommes (Alex) et l’autre à l’inverse ne veut plus en entendre parler suite à une histoire malheureuse. Ces deux copines sont aussi liées par leur activité : le cambriolage de haut vol.
Carole réussi à déjouer la police malgré le fait qu’Alex soit distraite par un message de rupture reçu par texto, et les deux complices réussissent le vol de la peinture d’Edouard Manet, Le déjeuner sur l’herbe, exposée au musée d’Orsay.
Suite à ce succès, leur commanditaire leur propose une nouvelle opération d’une autre ampleur : S’introduire dans le musée du Louvre pour y subtiliser le tableau d’Ingres « la Grande Odalisque ».
Carole estime ce vol trop conséquent pour être réalisé uniquement avec sa partenaire, d’autant qu’elle a moins confiance en elle depuis sa mésaventure du musée d’Orsay. Les deux filles doivent recruter une troisième partenaire, et aussi s’équiper en armes…
Elles feront ainsi connaissance avec xxx et Clarence.
Cependant Clarence semble empêtré dans de sacrés déboires avec des narcotrafiquants…

Mon avis :

Voilà une belle œuvre à six mains (voire huit avec la coloriste) qui nous conte une histoire de trois belles jeunes femmes cambrioleuses… on aurai presque associé cela au manga Cat’s Eyes mais que nenni, car ces trois filles ne sont pas sœurs et ne volent pas uniquement les œuvres signées par leur père, et ne préviennent pas non plus de leur futur larcin avec une belle petite carte…
Ceci dit il est fort agréable de suivre les aventures de ces trois mannequins pour lesquelles on se prend d’affection malgré leur activité.

La Grande Odalsique aux éditions Dupuis page 7
Page 7 de la BD

Le dessin :

 
Le dessin est réparti sur les trois auteurs Vives, Ruppert et Mulot et l’on reconnait immédiatement la touche de Bastien Vivés sur les personnages.
Le trait fin, léger et stylisé livrant la part belle aux effets de lumières et de couleurs est juste un délice.
Les scènes sont emplies d’un dynamisme particulièrement intense jouant avec un grand talent sur les effets visuels tels que les hachures, les dégradés et les teintes etc…mettant ainsi plus en avant l’émotion que la perfection du détails qui aurai tendance à figer l’espace. Les auteurs ont donc visiblement ciblé leur récit sur le mouvement et sur la psychologie des protagonistes et des lecteurs.
Ils ont conçu habilement leurs scènes minimalistes pour s’introduire dans notre inconscient, tel de remarquables cambrioleurs s’introduiraient discrètement chez vous sans que vous vous en aperceviez, pour nous livrer des émotions profondes.
Les couleurs lumineuses sur des tons pastels contribuent énormément au récit, voire elles sont même cruciales, pour accentuer les mouvements, les actions, les ressentis etc… Isabelle Merlet à œuvrer tel un maître peintre sur son plus beau chef d’œuvre. Le résultat en est transcendant.
Je suis vraiment fan de ce style de dessin.

La Grande Odalsique aux éditions Dupuis page 3
Page 3 de la BD

Le scénario :

Les auteurs ont misé sur deux atouts pour ce scénario. L’action et la psychologie des personnages.
L’action est donc omniprésente. Tout va vite dès les premières planches, et le découpage dynamique accompagne fortement le rythme frénétique imposé.
Des scènes peuvent paraître surréalistes, notamment celle de la moto dans le Louvre, mais sont exceptionnellement bien pensées et spectaculaires.
D’autres part, les scénaristes jouent aussi avec la psychologie des personnages avec un coté déjanté. C’est une psychologie « féminine » pensée par des « hommes »… Il y a donc certainement un clin d’œil à cette dualité en usant de surnoms ou de prénoms épicènes (Sam, Alex, Clarence….) pour la plupart des protagonistes.
A défaut de pouvoir bien identifier des émotions dans les traits stylisés des héroïnes, le scénario montre une certaine débauche et obsession des personnages. Elles semblent n’avoir aucune morale ni dans leurs actes ni dans leurs sentiments amoureux. Elles ont les mœurs dévergondées à l’extrême et sont sans pitiés dans les trafics de drogue et/ou d’armes. Elles n’hésitent pas à user de violence pour sauver leurs fesses ou celles de leur ami(e)s.
Bref, elles sont bien loin d’être des « modèles » et s’en accommodent d’ailleurs parfaitement, mais on se prend malgré tout cela d’une grande affection pour elles !

Voilà donc un beau tour de force réalisé par notre trio d’auteurs.
L’extravagance des actions et des personnages apporte aussi un certain humour noir et décalé à l’histoire.

La Grande Odalsique aux éditions Dupuis page 10
Page 10 de la BD

Outre le fait que les livres de la collection Aire Libre soient de superbe manufacture, ce récit mérite d’être lu. Cependant on aime ou on n’aime pas le style mais il n’y aura pas de juste milieu.
Pour ma part j’ai beaucoup aimé et je vais de ce pas lire le deuxième tome : « Olympia »


Ciao
Yann


Regardez-moi donc cette sympathique bande annonce :

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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