Vous vous demandez ce qu’est l’Ion Mud de ce titre. Pour avoir cette réponse, il faudra lire la BD jusqu’au bout.
Titre: Ion Mud
Auteur: Amaury Bündgen
Éditeur: Casterman
Année: 2020
Nombre de page: 296
Ion Mud: le résumé
Lupo est un vieil homme, seul, sur un vaisseau énorme autogéré par des robots. Il a réussi à survivre pendant près de cinquante ans en solitaire en errant à travers le dédale de tuyaux et de câbles qui composent l’engin. Et tout cela en trouvant des points d’eau et en mangeant des barres nutritives.
Mais il n’est pas complètement seul. Le vaisseau est contaminé par un organisme qui transforme tout ce qui l’approchent d’un peu trop près en ce qu’il appelle des “sombres”. Ces créatures mutantes sont extrêmement dangereux et Lupo doit faire attention à chaque instant.
Mais que fait-il sur ce vaisseau? Que cherche t-il?
Y a-t-il d’autres humains ou d’autres êtres vivants non contaminés?
Ion Mud: un univers de SF cyber punk
Ion Mud est le premier album BD de Amaury Bündgen.
L’ensemble de l’histoire se déroule sur un vaisseau, mais ce n’est pas un huis clos car l’espace est vaste.
Le vaisseau est présenté comme un vrai labyrinthe avec des espaces que le héros n’a encore jamais explorés en plus de quarante ans.
Dans le scénario Lupo est un humain. On sait qu’il s’est retrouvé bloqué sur ce vaisseau. Petit à petit, nous apprendrons à connaître son histoire et le but de ses errances.
Il croisera aussi des espèces extra-terrestres, des robots, des drones et des “sombres”. Ces dernières sont des créatures contaminées par un organisme d’origine inconnue, une sorte de parasite noir.
Les dialogues sont rares et cette BD est surtout graphique.
Du dessin sombre en noir et blanc.
La BD est un pavé de presque 300 pages en noir et blanc; à la croisée des chemins entre bande dessinée, roman graphique et manga..
L’éditeur Casterman nous indique ses influences, que le lecteur peut assez vite identifier: d’un côté Moebius dans le dessin, mais surtout Tsutomu Nihei, l’auteur japonais de Blame, dans le thème et le graphisme.
Jamais nous ne voyons le vaisseau sur lequel se déroule l’action de loin, nous sommes dessus avec le personnage.
L’auteur laisse à penser que nous ne voyons qu’une infime partie de ce vaisseau, ce qui semble déjà aussi grand qu’une ville.
Point de paysages ici, tout est fait de métal, de câbles, de tuyaux.
Beaucoup de scènes sont contemplatives avec de vastes espaces, des plans très larges montrant l’énormité du vaisseau et l’étendue des zones que nous visitons.
Au-delà du vaisseau, l’auteur crée d’autres engins, des drones, mais aussi des robots, qui réparent le vaisseau ou assurent la sécurité.
Le héros est humain, ce qui permet de mieux s’identifier ou, tout du moins, crée une certaine empathie. Amaury Bündgen crée aussi un bestiaire avec les quelques espèces extra-terrestres et avec les différents sombres.
L’univers graphique de Ion Mud est résolument tourné vers une SF assez noire.
Mon avis sur la BD Ion Mud.
Au départ j’ai été intrigué par la couverture de cette BD, avec ce noir profond et son gris bleu. Et notamment cette illustration d’un personnage qui semble petit face à une immensité métallique intrigante.
Et la première planche démarre sur ce même décor. Puis nous rencontrons le personnage dans les premières cases, sans dialogue. Au début, le héros est totalement seul et parle seulement à des machines. Ce personnage aussi est plutôt mystérieux.
L’auteur est très vite arrivé à me captiver. Pourtant Lupo, que nous suivons, n’est pas spécialement attachant. Il est taciturne. C’est un solitaire, habitué à vivre seul. Et il a très peu d’échanges finalement car il croise quasiment aucun être vivant.
Au départ je pensais mettre du temps à lire cette BD qui est plutôt grosse. Et finalement non, je l’ai très vite lu.
J’ai bien adhéré à cet univers cyberpunk (je ne sais pas si c’est le bon qualificatif). Et clairement j’ai retrouvé des images qui m’ont fait penser à Blame: cette mégastructure où se déroule l’action pour commencer, mais aussi les plans où nous voyons le personnage en tout petit et un décor vaste et énorme qui s’ouvre devant lui. Il y a donc toute cette esthétique, mais aussi le côté futuriste de l’œuvre qui nous ramène au classique du manga de Tsutomu Nihei.
Cela m’a fait repenser à l’exposition dédiée à l’auteur japonais lors du FIBD d’Angoulême de 2019.
L’ambiance m’a aussi parfois penser à du Ghost in the Shell, voir du Gunnm (même si la BD est très différente).
Vous aurez compris que j’ai beaucoup aimé l’univers graphique et visuel que nous offre Amaury Bündgen.
Pour un premier album, cette histoire complète est une belle réussite, à mon goût. Je lui souhaite de continuer sur cette lancée dans ses prochaines œuvres.