jeudi 19 septembre 2024

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Deviens quelqu’un ! , la chronique en devenir

Deviens quelqu’un ! , la BD d’un auteur en questionnement

couverture de "DEVIENS QUELQU'UN!" de Daniel Blancou chez Sarbacane

Titre : Deviens quelqu’un !
Auteurs : Daniel Blancou (scénario et dessin) avec la participation de Lisa Mandel, Boulet, Reno, Joseph Béhé, Erwann Surcouf, Pascal Campion, Sylvain-Moizie Rondet, Nicolas Wild, Mathieu Sapin, Blutch, Thomas Baas, Claude Lapointe
Éditeur : Sarbacane
Collection : –
Année : 2023
Pages : 160

Résumé d’une BD qui se penche sur les doutes d’un auteur :

Des planches deBD : des gorilles, des lutteurs gréco-romains… Puis on retrouve Daniel, auteur BD, dans une école pour une intervention scolaire où tout ne se passe pas pour le mieux. Un grand bond en avant en 2060 et des poussières et Daniel, âgé, est interrogé par un robot sur ce qu’était le métier de dessinateur il y a quarante ans.

Le scénario d’un récit fractionné:

On erre entre le futur, les années 2060, le présent, où Daniel se bat pour son prochain album et doit tenter d’intégrer une expo, et le passé, la jeunesse de Daniel aux Arts-Déco.

A côté de cela, on se retrouve aussi dans les planches des travaux de Daniel, tous liés à sa jeunesse, une série en gags courts, le premier projet qu’il voulait présenter, qui émaillent les pages de la BD et un polar sur la disparition d’une primatologue ! Et en plus, le démon et l’ange de Daniel tentent de le rabaisser ou de l’encourager. Ce récit, fictif, met en scène des représentations d’auteurs connus. Les noms sont déformés, Boulet devient Canon, Erwann Surcouf devient Erwann Surkiff et ainsi de suite.

On jongle entre réalité et fiction, alors qu’on suit Daniel, dont on espère qu’il va se sortir de l’impasse où il se trouve, à réaliser des BD sur des sujets pointus, comme la lutte gréco-romaine au dix-neuvième siècle, qui ne l’intéressent pas. Cette exposition que vise Daniel lui permet de retrouver ses anciens camarades. D’ailleurs, pour cette BD, les dits camarades ont accepté de réaliser quelques planches où ils mettent en scène leurs avatars. Passé, présent, futur, réalité, fiction, on se perd avec plaisir dans le monde tissé comme une toile d’araignée que nous propose Daniel Blancou.

Il pointe les difficultés de la vie d’auteur, et surtout les angoisses qui le travaillent au corps. Ces collègues, qu’ils considèrent comme ayant mieux réussi que lui, sont sujets aux mêmes doutes, malgré les apparences. Ce « deviens quelqu’un », cet ordre imposé par le titre va ronger Daniel tout au long de l’histoire. Suivre son chemin, même s’il n’amène pas à la gloire. Rentrer dans le sérail, trouver la route du succès, mais comment ? Et pour l’instant, survivre aux exigences de son éditeur. Autant de questions qui taraudent les artistes, et que Daniel Blancou met en scène avec son personnage de BD.

La présence d’un futur où tout semble par trop pessimiste derrière une société du sourire fait grincer des dents. En effet, demain ne s’annonce pas meilleur qu’aujourd’hui, qui se révèle déjà assez compliqué.

page de "DEVIENS QUELQU'UN!" de Daniel Blancou chez Sarbacane

Le dessin, trames et couleurs :

Daniel Blancou nous offre un graphisme stylisé, une immersion dans une BD parlant d’auteur de BD réellement fictif travaillant sur des planches de BD également fictives. Tout est traité de la même manière, sauf les gorilles issus des carnets de la primatologue kidnappé dans la BD polar créé par l’avatar de Daniel ! Cela peut donner un aperçu de la plongée des univers brassé par cette BD. La différence se fait sur les couleurs, le noir et blanc avec des touches de rouge, pour les gags en strip, le noir et blanc orné de jaune pour le polar et des couleurs par aplat et trames pour la réalité, tandis que le futur se déroule dans un monde virtuel multicolore.

Les trames demeurent omniprésentes. Et créent un effet de distanciation avec le dessin. Parce qu’elles sont très marquées, très épaisses. Elles évoquent ces trames à point qui éclatent dans les œuvres de Roy Lichtenstein, du fait du grossissement des cases de BD. Un effet qui n’apporte pas un côté rétro à la BD, grâce au dessin de Daniel Blancou. On s’identifie très facilement à Daniel autant qu’au détective du polar. Car les angoisses qui les assaillent, l’un et l’autre, nous renvoient aussi à nos propres doutes. Les planches réalisées par les invités restent dans le style de chaque auteur, et s’intègrent bien avec le reste de la BD car le thème traité fait le pont.

Les aplats de couleur mêlé aux trames colorées créent un univers particulier. Un visuel qui frappe dès le début de la BD, créant ainsi une œuvre atypique, autant par son graphisme que par sa complexité de niveaux de narration, entre la fausse réalité, ses trois époques et les deux séries de BD, dont l’une parle de carnet dessinés dans la planches. On pourrait se perdre facilement, alors qu’on lit avec plaisir.

Conclusion d’une BD à l’intrigue bien tramée:

Jouant sur un dessin particulier, usant de trames colorées, nous entraînant dans une intrigue à multiples niveaux, Daniel Blancou nous offre une BD intéressante et riche sur les angoisses de l’auteur, la vision d’un futur inquiétant, mais tout cela avec un humour bienvenu.

Zéda rencontre Daniel !

"POLE ARTISTIQUE" strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "DEVIENS QUELQU'UN!" de Daniel Blancou chez Sarbacane

David

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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