Sommaire de l'article
- 1 Des Maux à Dire, la BD qui côtoie folie et raison
- 2 Résumé d’une histoire qui secoue :
- 3 Le scénario d’un quotidien extraordinaire :
- 4 Le dessin entre broderie et feutre :
- 5 Conclusion d’une BD très originaleBea Lema réussit un tour de force avec cette BD incroyable. Une histoire émouvante, qui touche juste, alliée à un dessin fort, varié et original. Quand on aime la BD, il serait dommage de passer à côté de cette petite pépite.
Des Maux à Dire, la BD qui côtoie folie et raison
Caractéristiques :
Titre: Des maux à Dire
Scénario: Béa Lema
Dessin: Béa Lema
Couleur: Béa Lema
Éditeur: Sarbacane
Année: 2023
Nombre de pages: 173 pages
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Résumé d’une histoire qui secoue :
2021, Espagne, Vera, accompagnée de son père, voit sa mère Adela partir vers la plage avec l’envie d’en finir en se jetant à l’eau. Suit l’extrait d’un rapport médical mettant en avant l’état de santé mental perturbé de Adela. Alors, Vera se rappelle sa naissance, son enfance et la descente aux enfers de sa mère…
Le scénario d’un quotidien extraordinaire :
Nous partageons la jeunesse de Vera mais nous découvrons aussi la jeunesse de Adela en flash-back. Vera doit affronter les excentricités de sa mère, due à des troubles mentaux qui n’ont pas été identifiés. Et étant encore enfant, elle ne sait pas comment gérer cela. Nous-mêmes, en tant que lecteur, nous sentons totalement désarmés et nous comprenons très vite la situation de Vera. Pourtant, Vera n’est pas seule, il y a son père et aussi son grand frère Alfredo. Mais ils se révèlent incapables de gérer le problème. Son père n’y voit que paresse ou caprice, et le grand frère rejette cette mère qui l’espionne et le surveille sans cesse. Sans s’en rendre compte, avec le temps, Vera, en essayant d’aider sa mère, prend le rôle d’infirmière. Bien sûr, Adela va résister, puisqu’elle ne se voit pas malade mais possédée par le démon. C’est au travers de ce quotidien qui n’a rien de commun que nous allons suivre cette famille. Le récit se construit de tranches de vie, où se mêlent les flashbacks d’Adela.
Les années passent jusqu’à ce que Vera devienne adulte et responsable de sa mère. Mais comment avoir une vie à soi dans ces conditions ?C’est un parcours émouvant que l’on suit dans cette BD, le chemin de vie de deux femmes, Vera et Adela, liées de manière indéfectibles. Par petites touches, on finit par comprendre ce que traverse Adela mais aussi le fardeau que porte Vera. Cette BD touche juste par son histoire, et surtout par ces choix graphiques drastiques !
Le dessin entre broderie et feutre :
Bea Lema a opté pour deux styles graphiques différents. L’un qui relate les événements passés, et l’autre le présent. Bon, je simplifie un peu l’idée. En tout cas, deux styles graphiques forts. La vie de Vera, de son enfance à l’âge adulte, est traitée au feutre. Le style naïf utilisé pour les personnages colle avec l’outil. Mais là encore, il faut faire des nuances. Les personnages sont parfois dessinés avec des traits de contour et parfois, seule la couleur définit leur forme. D’autres fois, on a un mix entre les deux. Les cases n’ont pas de contour, mais ce, à quelques exceptions près aussi, jusqu’à ce que Vera arrive à l’âge adulte. Les décors sont représentés par des objets qui les composent ou par les décorations murales, les longs traits rouge du papier peint, qui détaillent et apportent de la vie au dessin. Certaines pages comportent des arabesques, des motifs qui se répètent et tracent un cadre à la planche. Là encore, ces motifs colorés, ces précisions dans le décor peuvent disparaître et laisser la place à un gris flou, où les objets et décorations sont dans différentes teintes.
Et la couleur utilisée peut varier. Parfois, les personnages sont en jaunes, parfois plus classique avec les vêtements de couleur et les têtes blanches.Un style graphique mais qui se décompose en plusieurs approches. Quant au second – rappelez-vous, plus haut, j’évoquais deux choix forts -, il s’agit tout simplement de broderie scannée ou photographiée, je ne sais pas exactement, qui permettent de revenir sur le passé et qui ouvrent également la BD. Des borderies magnifiques à observer. La couverture en donne une très belle idée. Attention, là aussi, il y a des variantes, du noir et blanc pur et parfois des couleurs. Autre pirouette, certaines broderies sont vues par derrière, et on découvre comment le fil est utilisé. La composition varie de dessin pleine page à des gaufriers ou à des planches déstructurées, que l’on parvient à suivre sans difficulté.
Conclusion d’une BD très originale
Bea Lema réussit un tour de force avec cette BD incroyable. Une histoire émouvante, qui touche juste, alliée à un dessin fort, varié et original. Quand on aime la BD, il serait dommage de passer à côté de cette petite pépite.
Zéda croise Vera.