samedi 27 avril 2024

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Bidouille et Violette T1, Les Premiers mots

Titre : Bidouille et Violette, T1, les Premiers Mots
Auteur :
Hislaire
Editeur :
Dupuis


Année :
1981






Résumé :

Bidouille
perd sa mère à l’âge de 16 ans. Son père déménage et les deux
hommes s’installent à Mayon. La timidité du jeune garçon l’empêche de
s’intégrer au Lycée. Tout pourrait aller bon an mal an, mais Bidouille
rencontre Violette et sa vie bascule dans une histoire d’amour
qui va lui faire
rencontrer de bien curieux personnages et
l’emmener bien plus loin qu’il ne l’aurait pensé.







Notre
avis :

« Les Premiers Mots » est le tout premier tome des aventures de
Bidouille et Violette. Une douce romance où la tendresse domine tout
au long d’une histoire à la structure classique mais posant les
graines de quelques surprises qui prendront corps dans les tomes
suivants. Les deux héros restent des personnages simples, humains
et je m’y suis attaché avec une rapidité fulgurante. L’évolution de
l’histoire se fait sentir dans le premier tome. Si l’introduction est
narrée par Bidouille en voix off, les choses changent dès la
deuxième histoire pour laisser la place à Samedi Sam, un troisième
personnage étonnant, marchand de journaux itinérants aux bonnes
idées et au coeur gros comme ça ! Samedi Sam devient l’ami de
Bidouille et le conteur de ses folles aventures.

Toutes
les bêtises de l’adolescence se retrouve là, Bidouille découche,
fugue, désobéit à son père, néglige ses études, et tout ça par
amour, dans l’espoir de passer un peu de temps et d’avouer à violette qu’il l’aime. En effet, les Premiers mots du titre sont ceux que l’on adresse à l’élue de son cœur, du premier contact au premier je t’aime. Cet amour bloqué par la timidité de Bidouille qui l’empêche de s’ouvrir à sa dulcinée, Violette. Cette même timidité qui fera que
Violette craquera pour lui. Le principal obstacle de Bidouille devient
aussi une aide majeure.


Pour
partager leur amour, Bidouille et Violette auront bien besoin d’amis,
comme Noisette, la bonne copine de Noisette ou encore Max, le fidèle dépressif. Max appartient à cette galerie de personnages comiques, émouvants, qui parcourent toute l’histoire de bidouille, au même titre que Samedi Sam.

Le
père de bidouille est un veuf bourru qui prend très au sérieux ses
devoirs de père et qui va représenter un obstacle de plus en plus
fort pour notre « Groméo », comme Bidouille aime à s’appeler lui-même.

A
la relecture, certes, les situations que je connais sur le bout des doigts pour les avoir
relues et rerelues ont un brin vieillies, certaines sont des
classiques, voire des clichés mais l’émotion est toujours là, et
je vous garantis qu’elle s’amplifiera au fur et à mesure des tomes.

La série s’émaille de petites touches de références et allusions. Le
plus gros clin d’œil est à Roméo et Juliette, bien sûr et à
cette distance sociale qui sépare les deux amoureux, source d’inquiétude uniquement pour Bidouille. En effet, son père est marchand de frites et violette
est fille de fleuriste. Cette distance sociale qui n’entre pas en
compte dans le premier tome, puisqu’on ne fait qu’apercevoir un court
instant la mère de violette mais qui va s’amplifier par la suite. 
En fait, à quelques exceptions près,
nous sommes totalement du point de vue de Bidouille. Et si l’on passe
au regard de Violette, ce n’est que pour nous faire apparaître une
petite ironie, nous apprendre comment la jeune fille perçoit les événements
et nous faire comprendre que Bidouille est dans l’erreur. Ce afin de
soulever la questions classique « Mais comment va-t-il se
rendre compte de la vérité ? »



Graphiquement,
la patte d’Hislaire est moins réaliste que celle qu’il adoptera pour
ses séries suivantes mais on retrouve des morphologies de
personnages qui resteront. Ils sont très stylisés et le réalisme
est apporté par les décors, soignés, de cette grande ville de
province. Mais grâce aux couleurs et à un jeu de mise en avant de
certains éléments de décors selon les moments et les émotions qui
hantent bidouille, la ville exprime magiquement les émotions du personnage.

Hislaire
a su donner corps et chair à ses personnages, il leur a créé un
relief, autant physique que psychologique.

En
relisant, j’ai noté aussi le look des gens bien ancrés dans une
époque. Bidouille et Violette portent leur jeans pattes d’éléphant,
Max ses jeans retroussés et son cuir, c’est tout un passé qui se
redessine sous nos yeux.

Le
cadre reste classique, les pages comportent principalement quatre
bandes de une à cinq cases. C’est pour les moments forts que
l’auteur se permet de prendre quelques libertés, quand Bidouille souffre d’avoir perdu violette, partie en vacances ou quand il
parvient à confesser son amour ou encore quand Violette se livre à son
journal intime, ainsi que d’autres instants que je me garderais bien de
lister.

Un
dessin tendre qui aime les personnages et qui se met au service de
cette histoire d’amour.



Au
final, Hislaire – c’était l’époque où il n’avait pas encore opté
pour Yslaire, car l’auteur de Bidouille et Violette est bel et bien
le créateur de Sambre – a réussi une chronique douce qui a le
pouvoir de vous emmener dans cette histoire d’amour pas si simple
qu’elle en a l’air. La série compte quatre tomes, et les événements vont
aller en se compliquant et en se dramatisant.

Tout
ceux, comme moi, qui découvraient cette BD au fur et à mesure des
années quatre-vingt, ont frémi en refermant le quatrième tome et
ont prié pour que la suite arrive le plus vite possible.

Nul
ne pourra oublier la fin tragique de « La Ville
de tous les jours »,
ce tome quatre !

Malheureusement,
Hislaire entama sa mue en Yslaire et ne finit jamais ce cycle.
Aujourd’hui, Bidouille et Violette reste une histoire magnifique,
mélancolique, onirique, dramatique, mais inachevée…
 

Le
premier amour de Bidouille et Violette restera également ma première
fracture, me laissant toujours ce goût amer que nous offrent toutes
les histoires jamais menées à terme. Oui, j’ai adoré Bidouille et
Violette. J’ai grandi avec leur amour et j’ai rêvé qu’ils trouvent
un bonheur mérité. Oui, aujourd’hui, je regrette toujours de ne pas
savoir la fin de l’histoire et oui, j’ai reproché plus que fortement
en mon for intérieur à Hislaire/Yslaire d’avoir abandonné
Bidouille sur le bord de la route en nous laissant entendre qu’il y
aurait une suite… qui n’est jamais venue. En effet, le Tome 4,
datant de 1986, porte la mention « A paraître : Mordre au
Travers ». Un tome 5 qui n’est jamais arrivé… Et si le tome
4 représente vraiment la fin, pourquoi l’appât de ce virtuel
prochain tome ?

J’aurais
préféré une fin, triste ou joyeuse, tragique ou heureuse, à cette non-fin, à ce moment
suspendu, à cette symphonie tronquée.



Mais
le destin est ainsi fait. Sachez néanmoins que Bidouille et Violette
n’est pas une BD oubliée et introuvable, puisqu’une intégrale
augmentée est parue pas plus tard qu’en 2013 ! Si la personne qui
s’est lovée dans votre coeur aime la BD, voilà un très beau cadeau
à lui faire.

Par contre, cette
nouvelle édition comporte-t-elle les réponses aux dernières
questions ? Je ne sais.

Mais
ce que je sais, c’est qu’il faut que vous lisiez Bidouille et
Violette, que vous frissonniez à leurs côtés, et surtout que vous aimiez
comme eux.


Trente-trois ans après « Les Premiers Mots », Zéda pris à parti par Bidouille et Violette le temps d’un strip.
 

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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