jeudi 25 avril 2024

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Relation Cheap de Elosterv et Davy Mourier !

Couverture de Relation Cheap de Elosterv et Davy Mourier chez Delcourt
Titre
: Relation Cheap

Auteur :
Elosterv (scénario et dessin) et Davy Mourier (scénario et dessin
aussi)

Editeur :
Delcourt

Collection
: Humour de rire

Année :
2016

Page
: 96




Résumé :

Elosterv
se fait aborder par Davy. Pas dans la rue ou au détour d’une forêt,
non, mais via son ordinateur.

S’ensuit
le développement d’une relation à distance qui – malheureusement
ou heureusement – ne peut rester éternellement par écran
interposé. La réalité va rattraper nos deux héros.

Mais
avant d’en arriver là, découverte de l’autre, commentaires acides,
curiosité (in)satisfaite et échange de travaux ponctuent ces
discussions coulant au fil de strips dont nous, lecteurs, profitons
avec plaisir, en voyeur assumé, croisant les doigts pour que le
chipset de leurs ordinateurs ne vire pas cheapset.



Mon
avis :

Non,
ce n’est pas une BD sur le piratage informatique ou les sites de
rencontres, mais sur les relations humaines au travers de ces câbles
et ces ondes qui nous relient sans vraiment nous lier.

Elosterv
et Davy font vivre leur avatars, modelés sur leur vie, rendant ainsi
floue la frontière entre fiction et réalité mais créant ainsi
deux protagonistes bien caractérisées et, j’ose le dire, fort
attachant.

Et
du coup, je me suis senti proche très vite à ces deux personnages,
qui nous semblent bloqués devant leur écran. Mais il faut bien, car
cet écran qui leur permet d’échanger est – pour le meilleur et
pour le pire – également un de leurs outils de travail.

Et
pour le démontrer, toute cette BD papier trouve son origine sur le
tumblr monté par les deux complices et répondant au nom astucieux
de Eloetdavy – le tumblr, pas les deux complices – ! 

On
peut y lire les premiers fruits de leur collaboration. La forme est
déjà là et on trouve l’essence de ce qu’ils développeront pour
cette version papier.

Mais
en plus d’échanger sur qui ils sont, ce qu’ils détestent, ce qui
les fait rire, ces discussions virtuelles sont aussi l’occasion pour
chacun d’entre d’eux de partager avec l’autre – et toc, indirectement
avec nous du coup -, leurs BD. Ces BD sont une des différences avec
le tumblr qui repose uniquement sur des strips d’échange
inter-écrans.

Et
que nous propose Elosterv et Davy ? Histoire d’amour trash-triste,
drôle, douce, dure… Tout se mélange au travers des styles
particuliers des deux auteurs ! Tout se mélange aussi à la lecture,
car nous enchaînons les strips d’Elosterv avec une histoire de Davy
mais chacun est seul coupable de son récit – enfin, en apparence –
et la patte narrative de l’un ou de l’autre nous frappe en plein cœur.

S’il
est en effet quelque chose de difficile à définir dans l’écriture,
c’est la part de chacun dans la conception de cette BD. Et je vais
vous donner mon avis : on s’en tape !

L’alchimie
mise en place fonctionne, et quelle importance de savoir qui a
influencé à combien de pourcent cette case, ce récit, cette partie
de la BD ? Puisqu’au final, les émotions sont là.

De
la même manière qu’une composition pour piano à quatre mains ne
permet plus au bout d’un moment de savoir qui a écrit quoi, ici, on
suit la relation de ces deux créateurs et le plaisir de la fiction
prend le pas sur l’expertise narrative. Et c’est tant mieux.

J’ai
ri, j’ai eu le cœur serré, je me suis gratté la tête, j’ai souri,
j’ai fait beurk, j’ai été surpris, bref, j’ai passé un excellent
moment avec Elo et Davy.

Peut-être
aussi parce qu’au travers de leur relation, je me suis retrouvé à
certains moments. Et je pense que malgré les spécificités de leur
caractère, il y a tout d’un coup quelque chose d’universel qui
pointe au détour d’une case et qui va vous rappeler un souvenir.

En
plus d’atteindre son but – à supposer que j’ai compris quel était
le but de cette BD -, Davy et Elo savent rire d’eux-mêmes. Pour ceux
qui en douteraient, les préfaces en sont de parfaits exemples, ainsi
que les commentaires qu’ils se font sur leurs œuvres, et même le
strip final « relation sheep », extrait direct du tumblr.

Auto-dérision
et sincérité sont donc les deux mamelles de ce petit livre
bleu-vert.



En
plus d’écrire à quatre mains, ils dessinent aussi tous les deux !
La répartition graphique semble plus facile à définir et elle m’a
beaucoup plu par son approche originale. En effet, Elosterv dessine
ses histoires et Davy les siennes. Qui vient de dire : « Ouaouh,
c’est trop original, ça » ?

En
fait, leur relation à distance se passent donc chacun devant son
écran. Une page raconte sous forme d’un double strip – de deux fois
trois cases donc – une histoire. Chacun illustre son avatar devant
son écran. Comprenez Davy dessine Davy face à son moniteur et
Elosterv dessin Elosterv face, elle aussi, à son moniteur. Et donc,
en passant d’une case à l’autre, vous passez d’un côté ou de
l’autre de l’écran. Allez, un exemple vous aidera à y voir plus
clair dans ces propos cafouillis !


Extrait de Relation Cheap de Elosterv et Davy Mourier chez Delcourt



Notons que
le début de l’histoire crée au fur et à mesure des trois premières
pages cette construction. Là aussi, c’est discret et ça fonctionne
bien. De même, pour éviter la monotonie d’une construction simple,
Elo et Davy cassent l’alternance entre eux en laissant plus de place
à l’un ou à l’autre. Et si ça ne suffisait pas, ces échanges sont
interrompus par les fichiers qu’ils s’envoient et que nous
découvrons. Chacun étant une ou des histoires parlant aussi de
l’amour, du sexe, du cœur, bref de la vie !

Les styles
de ces histoires relèvent de leur dessinateur. On reconnaît la
patte de l’un ou de l’autre et bien que différentes, je leur trouve
un point commun : elles vont jusqu’au bout de leur propos.

Bien
qu’ayant opté pour un style cartoon parfois proche, chacun a son
trait propre et on les reconnaît facilement. Il est drôle aussi de
jouer au jeu du détail. En apparence, tout les dessins sont simples
et on se concentre sur l’échange et le visage des personnages.

Et puis, on
prend le temps de regarder les t-shirts, les livres de la
bibliothèque, les dessins sur le bureau, et on découvre les goûts,
le travail, on essaye de deviner un titre à moitié caché. Bref, on
s’amuse. Enfin, moi, je me suis amusé.

Les couleurs
nous apportent des repères simples. Elosterv est dans le bleu et
Davy dans le vert. La couleur unique de chacun occupe donc toute sa
case. Et quand nos deux héros se rencontrent physiquement, ces deux
couleurs sont présentes dans la même case. Elles sont présentes
mais ne se mélangent pas. Elles semblent au final aussi gênées que
Davy et Elo.

Comment tout
cela va-t-il finir ? A vous de le découvrir en allant lire cette BD
!



Avant de se
rencontrer, pendant leur rencontre et même après s’être
rencontrés, Davy Mourier et Elosterv sévissent également sur leurs
blogs respectifs.

En effet,
nous avons face à nous deux auteurs qui publient aussi en ligne. Et
c’est bien pour cela que j’ai choisi cette BD. D’une part, vous
pourrez découvrir l’étendue de leurs univers respectifs sur leurs
sites, et d’autre part, ben, c’est dans le thème du mois « Auteur
naviguant entre papier et écran » !

Si vous
découvrez ces deux auteurs avec cette chronique, vous allez avoir
pas mal de lectures, de visionnages car ils sont productifs. Mais je
ne vais pas vous faire attendre plus longtemps :

Elosterv
s’exprime sans concessions ici et Davy
sévit !

Vous pouvez
aussi les rencontrer en festival bien sûr. 

Moi, j’ai eu la chance et
le plaisir de croiser Davy pour une interview fleuve que vous pourrez
relire ici

Vous pouvez noter aussi que cette année, Davy est le parrain adulé des 23h de la BD – auxquelles, si vous vous sentez d’attaque, VOUS pouvez participer, à condition de vous inscrire -.

Et j’ai eu la chance de
croiser Elosterv au Festiblog. Aujourd’hui, on dit OuiDouBede de nos jours ! Et
elle m’a dessiné une Licorne Zombie ! J’étais tout content, même si on
n’a pas pris le temps de beaucoup parler. Hé oui, il y avait des tas de gens qui
attendaient derrière pour leur dédicace, mine de rien.



Bon, alors,
en bref, sautez sur Relation Cheap ! Vous ne vous ferez pas mal, et j’irais
même jusqu’à dire que vous vous ferez beaucoup de bien.




Entre
Elo et Davy, le courant passe ! Grâce à qui ? Zéda, bien sûr !






"COURS SI RECUIT", strip de Zéda pour illustrer article 7BD sur Relation Cheap de Davy Mourier et Elosterv chez Delcourt






 
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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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